Étude : Hollywood est misogyne
Ça n'a probablement échappé à personne : on voit moins de personnages féminins que de personnages masculins au cinéma. Un cliché ? Une étude américaine nous donne enfin des chiffres.
Les personnages féminins sont sous-représentés
Menée par l'Ecole de Communication et de Journalisme de Caroline du Sud (USC), l'étude publiée lundi porte sur les 100 films ayant généré le plus de recettes en 2009. Elle révèle notamment que seulement 1/3 des personnages parlants sont des femmes. Ce chiffre est d'ailleurs identique à celui de l'année 2008, témoignant un certain état d'équilibre dans la non-parité hommes-femmes. Seuls 17% des films sont équilibrés en termes de distribution des rôles.
La sous-représentation des personnages féminins consistants est d'ailleurs mise en évidence depuis un certain temps par le fameux Bechdel Test, que trop peu de films réussissent à passer. Les critères ne semblent pourtant pas très exigeants, il suffit :
- Que le film comporte au moins 2 personnages féminins,
- Que ces deux personnages aient au moins une conversation,
- Que la conversation porte sur autre chose que les hommes.
Une question de tenue
L'étude (à lire en entier ici), qui n'est pas inintéressante quoiqu'un peu indigeste montre également que le sexe influe sur la manière dont les personnages sont habillés, puisque plus d'un quart des femmes ayant un rôle parlant sont habillées avec des fringues sexy (honnêtement, on se serait attendu à encore plus), soit 5 fois plus que les hommes. Ça n'a évidemment rien d'un scoop, mais cela confirme tout de même que les actrices sont plus fortement recrutées au physique que les acteurs. Si vous êtes militante féministe, vous aurez besoin de ces chiffres lors de vos débats.
Les femmes encore plus rares derrière la caméra
D'ailleurs, si vous êtes déjà révolté(e)s, la suite ne devrait pas vous plaire, puisque la situation est encore plus déséquilibrée de l'autre côté de la caméra. L'USC a étudié la question de la parité dans les 3 grands pôles du pouvoir au cinéma (réalisation, scénario, production), pour découvrir que seulement 21,6% des producteurs, 13,5% des scénaristes et (oh my god!) 3,6% des réalisateurs sont des femmes. Ceci étant dit, quand elles occupent l'un ou l'autre de ces deux derniers postes, on constate une augmentation moyenne d'au moins 10% des rôles parlants attribués à des personnages féminins.
On n'apprend bien entendu rien de bien neuf, mais l'étude confirme tout de même une évidence, en ayant toujours le mérite de nous permettre de chiffrer précisément des pressentiments. Si l'étude concerne essentiellement des films hollywoodien, on est curieux de voir quels seraient les résultats avec le cinéma européen... Similaires ? Meilleurs ? Pires ?
Pour finir, voici donc un extrait d'un film réalisé par une femme, avec des rôles principaux féminins qui se retiennent de montrer leurs seins :
Quiproquo extrait de Tout va bien, The Kids Are All Right
Sources : L.A. Times, FilmDrunk / Image : ©Universal
“(faire des films) C’est un métier d’homme, donc il y a plus d’hommes. C’est tout. C’est un métier où on reste sur les gens, où il ne faut pas être féminin, se regarder dans le miroir ; il faut rassurer les autres, être amoureux des actrices, des acteurs… C’est propre au tempérament de l’homme. C’est comme si je disais : « Pourquoi y a t-il plus d’esthéticiennes femmes ? » On aime ça être féminine, être pouponnée, voilà. Il y a des esthéticiennes hommes, mais très peu, ce sont des cas à part.“
Le ratio me semble un peu moins déséquilibré lorsque l'on considère le cinéma dit "d'auteur". Pour exemple, 20% des films en compétition pour la Palme d'Or 2011 étaient réalisés par des femmes. Cela dit, on reste loin de la parité.