Le Bon Plan : Eternal Sunshine, un astucieux trucage de Michel Gondry
En 2004, le deuxième long-métrage de Michel Gondry rencontre un franc succès, auprès de la critique comme du public. Le jeune vidéaste français, jusque là connu pour ses clips, y déploie une fois de plus toute son ingéniosité visuelle.
Dans cette scène, Joël essaye de poursuivre le souvenir de Clémentine dans sa mémoire, qui est en train d'être effacée. Elle tente de s'échapper, et lui essaye de la rattraper. Il sort de sa voiture, court le long des magasins... et retombe, de nouveau, sur sa voiture. Etrange, non?
Le bon plan - Eternal sunshine of a spotless mind par lebonplanlemission
Michel Gondry utilise en fait un effet très simple d'inversion des images. Il raccorde entre eux deux plans tournés sur la première moitié du bloc de magasins : le premier, où Jim Carrey s'éloigne de sa voiture, et le deuxième où il s'en rapproche. Ainsi, grâce à l'effet d'inversion sur le deuxième, on a l'impression que Jim Carrey a parcouru la totalité de la rue, jusqu'au croisement suivant.
L'un des détails qui trahit l'effet utilisé par Gondry, est l'inversion des lettres sur les affiches. Par exemple, l'enseigne du Saratoga Market, devant lequel Joël a garé sa voiture au début, est, ici, inversée. Mais, pour brouiller les cartes, Gondry a retourné le panneau de la rue, "Saratoga street", afin qu'il apparaisse quand même dans le bon sens une fois l'image retournée. Par ailleurs, d'une prise à l'autre, les devantures des magasins changent; allumées et remplies de produits en tout genre au début, elles vont s'éteindre et se vider au fur et à mesure des allers-retours du comédien; enfin, les noms sur les enseignes disparaissent également. Au troisième passage, ici, on ne peut plus lire du tout l'enseigne du Saratoga Market.
Evidemment, Gondry effectue ses changements pour faciliter son effet visuel, en le noyant dans d'autres effets troublants. Mais la disparition progressive des détails est aussi totalement en accord avec sa narration, puisque Joël est en train de perdre ses souvenirs et qu'autour de lui, tout devient flou et anonyme. Comme souvent, Gondry a eu l'intelligence de ne pas céder à la facilité tape-à-l'oeil des effets numériques, pour mettre en place la vision la plus juste et la plus simple de la sensation de déjà-vu expérimentée par son personnage.
Un bon plan, ça se partage... pensez à en faire profiter vos amis !
En partenariat avec Les fiches du cinéma.
@zephsk : tant mieux qu'il y en ait pour tous les goûts, visiblement tu sembles plus intéressé par les trucages techniques. Moi je trouve plutôt que celui sur Trainspotting est un peu léger (car l'effet est déjà visible, en fait), ou que celui sur Indiana Jones laisse place à un peu d'interprétation, donc peut déchaîner (et a déchaîné, d'ailleurs!) les ferveurs.
Je tiens d'abord à te féliciter pour ton travail remarquable.
Ce n'est pas le trucage en lui-même qui m'intéresse, mais l’ingéniosité dans la recherche d'un moyen technique au seul service du propos.
En ce qui concerne le plan du Parrain 2 (le retour), toute la dichotomie est présente au premier plan, à mon sens. Par ailleurs, elle m'apparaît anecdotique, ou en tout cas, tout à fait prévisible.
Pour le reste, je partage ton avis au sujet de Trainspotting, qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable...
Quoiqu'il en soit, j'attends le prochain "Bon Plan" avec impatience. ;)
J'ai trouvé Tetro très attachant (quoique bardé de défauts -tout aussi attachants-)
Mon préféré, de très très loin, est Conversation Secrète.
En ce qui concerne le Parrain, je n'en dirais pas plus, histoire de conserver un léger capital sympathie sur le site... :)