Le Bon Plan : Analyse de la scène finale de Blow Up d'Antonioni
Chaque semaine, Le Bon Plan décrypte en vidéo les bonnes idées de cinéma. Et en bonus : 5 euros dans la cagnotte Vodkaster de la première personne à indiquer dans les commentaires le titre du film avec l'écran dans lequel sont incrustées les images de Blow Up.
On regarde aujourd'hui la scène finale de Blow Up, d'Antonioni, durant laquelle Thomas erre dans le fameux parc où il croit avoir découvert un meurtre à travers une série de photos prises par lui quelques jours plus tôt; Un groupe de mimes, en pleine performance publique, vient de faire irruption dans le parc, et deux d'entre eux se mettent à jouer une partie de ce qu'aujourd'hui on appellerait du "air tennis". Tandis que les deux performers s'appliquent à reproduire avec précision la gestuelle des joueurs, leurs camarades, eux, font mine d'assister au match, suivant des yeux la balle fictive, adaptant leur réaction au déroulement de la partie à la manière d'une improvisation théâtrale. Analysons les réactions de Thomas face à ce jeu de dupes, ainsi que l'évolution de la mise en scène d'Antonioni.
Dans un premier temps, le réalisateur filme la performance d'un point de vue extérieur : il nous montre clairement des mimes en train de simuler une partie de tennis. On a l'impression de visionner une captation de théâtre, neutre et statique. A ce stade, Thomas semble amusé, mais totalement incrédule.
C'est à partir du moment précis où la jeune femme se rapproche de lui, et tente, par un regard et un signe de la tête, de l'inclure dans la performance, que la façon de filmer va changer ; la mise en scène devient plus immersive : la caméra suit le trajet supposé de la balle, passant au gros plan au moment où les comédiens frappent leurs coups, alternant différents angles de prise de vue, faisant même des inserts sur certains coups particulièrement virtuoses, ou difficiles. Antonioni filme donc maintenant un vrai match de tennis, et non plus une simple reproduction mimée.
Quelques instants plus tard, le jeune homme fait mine d'envoyer la balle hors des limites du terrain, derrière Thomas. Et là, le travelling sur la balle roulant sur l'herbe est saisissant : la caméra, le spectateur, et Thomas suivent la balle des yeux, malgré son absence. Par la force de sa mise en scène, le réalisateur a fait triompher la fiction: la puissance de l'imagination l'emporte sur la réalité.
Antonioni a tranché : le cinéma est aussi réel que la vie.
Le seul qui semblerait avoir encore quelques doutes est Thomas lui-même. Et là, je vais augmenter un peu le son de la scène afin de lever un doute que l'on peut avoir si l'on n'a vu le film qu'une fois : on entend clairement les bruits de la balle de tennis. Après avoir joué avec l'image, Antonioni persiste et signe en utilisant la bande son pour venir confirmer son choix : à l'image du meurtre supposé du film, la partie de tennis est bien réelle, pour peu qu'on en fasse le choix.
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itachi24 septembre 2014 Voir la discussion...
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elge24 septembre 2014 Voir la discussion...
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bargeot24 septembre 2014 Voir la discussion...
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elge24 septembre 2014 Voir la discussion...
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mask19924 septembre 2014 Voir la discussion...
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bargeot24 septembre 2014 Voir la discussion...
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mask19924 septembre 2014 Voir la discussion...
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ChrisBeney24 septembre 2014 Voir la discussion...
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bargeot24 septembre 2014 Voir la discussion...
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bargeot3 mai 2016 Voir la discussion...