Le bon son de Jim Jarmusch

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Jim Jarmusch le réalisateur indé aux cheveux blancs et lunettes noires, s'est toujours présenté comme un enfant du punk et un véritable amoureux de la musique. Selon lui la plupart de ses envies de filmer sont partis d'une chanson ou d'un morceau de musique. Down By Law n'existerait pas sans la musique de la nouvelle Orleans et The Limits Of Control ne serait pas le même sans le drone-rock de Boris.

La musique joue un rôle central dans les films de Jarmusch aussi bien au niveau de l'ambiance que de l'intrigue. Les personnages principaux de Permanent Vacation ou Down By Law sont d'ailleurs des musiciens. On a parfois l'impression que les films de Jarmusch sont construits autour de leur bande-son. Un solo de guitare de Neil Young peut par exemple servir de support aux dialogues entre les personnages. Jarmusch est un mélomane ouvert qui n'hésite pas à mélanger les genres faisant fi des préjugés. On peut le constater avec cette playlist qui va d'Elvis Presley jusqu'au Free Jazz des Lounge Lizards.

La silhouette caractéristique de John Lurie a hanté ses trois premiers films. Sorte de Sean Connery du cinéma indépendant, son personnage de bad-boy à la fois tendre et violent habite littéralement les films. Un charisme indéniable couplé à un talent musical hors pair puisqu'il était aussi le saxophoniste du groupe de jazz les Lounge Lizards :

Jarmusch avoue lui-meme être un fan hardcore de Neil Young. Il a réalisé un documentaire Year Of The Horse, sur sa tournée de 1996 avec son groupe, Crazy Horse. Le film mélange des séquences tournées en coulisses avec des captations de concert d'une rare intensité tournées depuis la fosse au milieu des spectateurs. Jarmusch avait déjà travaillé avec Neil Young pour son film Dead Man en 1995, selon lui les improvisations à la guitare de Young « ont donné au film une nouvelle dimension » :

Dans un genre complètement différent, un autre musicien a traversé l'univers du cinéaste : le rappeur RZA, producteur et leader du collectif de hip-hop culte, le Wu-Tang Clan. Pour Ghost Dog il réalise entièrement la bande-son. L'ambiance musicale à la fois élégante et brute de décoffrage apportait une certaine nonchalance à un film pourtant très violent. On peut même croiser RZA dans le film aux détours d'une rue mal-famée :

On retrouve dans la musique choisie par Jarmusch ses goûts et ses obsessions : Le Rythm N Blues poisseux de Tom Waits, le hip-hop angoissant de Masta Killah, le reggae ensoleillé des Tennors, et le flamenco enflammée de Carmen Linares... Il y a de quoi faire et surtout de quoi patienter jusqu'à la prochaine réalisation du maitre, qui accouche d'un film à peu près tous les cinq ans...

En bonus un clip assez rare qu'il avait tourné pour les new-yorkais de Talking Heads en 1985 :

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