Les subtilités de la langue dans Ploy
Un mardi sans Sexy Mardi c'est comme un Noël sans cadeau, un 6 janvier sans galette, un 2 février sans crêpe, bref, un mardi sans Sexy Mardi ne vaut pas la peine d'être vécu... Cette semaine, nous abordons un thème, ou plutôt une pratique, qui semble très à la mode (tant mieux s'écrieront certaines) au cinéma depuis quelques temps : le cunnilingus (appelons un chat, un chat) à travers une scène extraite de Ploy, film thaïlandais de Pen-ek Ratanaruang.
Sorti en 2008, ce doux film charnel emprunte son nom au personnage féminin central, Ploy, âgée de 19 ans, qui a quitté Stockholm pour Bangkok à la recherche de sa mère. Au bar de l'hôtel, elle croise le regard perdu d'un homme dont la femme développe une névrose maladive à cause de cette rencontre. Dans la chambre de ce même hôtel, une autre histoire se joue entre le barman et la femme de chambre ... Film érotique et intimiste, Ploy est le sixième long-métrage du réalisateur Pen-ek Ratanaruang à qui l'on doit entre autres Fun Bar Karaoke, Last Life in the Universe, Vagues invisibles. Ploy s'attache à dépeindre avec poésie et volupté la relation homme-femme au sein du couple.
Allongée en tenue légère sur le lit, Ploy rêve, au rythme du vent qui s'engouffre et agite les rideaux blancs. Alors que les visages des personnages demeurent cachés en ce début d'extrait, des mains d'homme s'attardent à détacher la robe bleue d'une femme qui se laisse délicatement déshabiller. Son soutien-gorge blanc et rose ainsi que son médaillon doré se devinent peu à peu jusqu'au moment où l'homme, avec tendresse et patience, laisse tomber ce vêtement devenu trop embarrassant. La femme se retourne guidée par les caresses de son partenaire. Du bout des doigts, il effleure ce dos qui s'offre à lui et défait avec minutie le sous-vêtement de sa compagne. La poitrine soulevée par ses respirations accélérées, Ploy savoure ce délicieux songe.
Caresses et soupirs extrait de Ploy
Ce rêve interminable s'intensifie lorsque la caméra décide de perdre de la hauteur. L'homme glisse ses mains sous la jupe de sa partenaire et retire sagement la culotte blanche de celle-ci. La lenteur des gestes créent une attente érotique insoutenable. La caméra révèle les visages des protagonistes de ce songe mais très rapidement, l'homme plonge sous la robe de sa partenaire, collée contre la vitre de la douche. Les gémissements dessinent une épaisse buée sur le verre, sur lequel elle traîne ses mains dans d'intenses soupirs de plaisir.
Cette jolie scène coquine prouve que filmer l'intimité, et plus particulièrement l'exercice du cunnilingus, peut se faire avec poésie. Les cinéastes semblent s'amuser de cette pratique : Natalie Portman profitera (parait-il) des lèvres de Mila Kunis dans Black Swan et Michelle Williams se cambre grâce à la langue de Ryan Gosling. Très branché donc, le cunnilingus au cinéma connaît ses détracteurs (grrr). En effet, ces deux scènes ont déclenché une polémique aux Etats-Unis quant aux visas d'exploitation à accorder à ces deux films.