Venise 2012 - Jour 5, place à la merveille
Après le monumental Paul Thomas Anderson, place à la légereté avec To the Wonder de Terrence Malick. « À la merveille » dira-t-on dans le film pour indiquer une direction. Mais le titre est aussi à comprendre comme une dédicace. Sa merveille c'est sa femme, Alexandra Malick, à qui il dédie le film dans un carton final.
Mais une autre merveille irradie le film de Malick comme elle a illuminé notre journée à la Mostra. Cette nouvelle définition de la grâce s'appelle Olga et le sourire de cette Wonder Woman vous est offert par Vodkaster.
Le film du jour de la veille
Vous l'aurez compris, comme hier, le film du jour de la veille est une évidence. Il est signé par le mystérieux Terrence Malick qui n'est pas à Venise car il travaille. L'homme, qui n'avait réalisé que 4 films en 30 ans, revient un an seulement après sa Palme d'or pour The Tree of life et a déjà deux autres longs-métrages sur le feu. Plus encore qu'à Cannes, le film a d'ailleurs été copieusement sifflé lors de la projection de 9h. C'est l'occasion de se souvenir des conditions de sa réception cannoise...
To the wonder de Terrence Malick
On pourrait imaginer que To the Wonder commence là où The Tree of Life se termine. Dans un au-delà irréel et silencieux où cohabiteraient tous ceux qu'on a pu croiser, chérir, ou même vouloir détruire. Une spirale de souvenirs. Pour représenter la vie amoureuse dans toute sa candeur et son indécision, Terrence Malick ne retient que ses motifs essentiels, les dénude parfois à l'excès ; ballets et lumière iridescente.
La seule image officielle du film dispo à ce jour est assez peu représentative (on ne voit Rachel McAdams que quelques minutes).
La parole n'a plus sa place. Contées à travers des gestes simples, une communion entre acteurs, avec ses délicatesses et ses empoignades, les amours s'enchaînent et finissent toujours par laisser place à l'insatisfaction. Immigrée dans un pays qui la fascine, le personnage d'Olga Kurylenko touche du regard les paysages américains, ses habitants et leurs coutumes. En de courts instants, Malick capte toute la poésie de la modernité américaine, de son envie de se réfugier quand le drame se fait trop puissant, ou de vivre dans la félicité en se rapprochant toujours plus les uns des autres. Tour à tour perdus parmi les bisons ou dans une foule de pom-pom girls, les personnages de To the Wonder sont les instruments de cette recherche - ils vibrent au contact d'un monde empreint de grâce et de passion - à savoir la recherche du lien ténu qui nous lie.
Figure paternelle protectrice et mutique, Ben Affleck s'exprime avant tout par l'apposition des mains. Femme sautillante et bienveillante, Olga Kurylenko est belle et fragile comme une poupée en porcelaine. Ces deux points de vue différents sont complétés par celui d'un prêtre d'un petit village de l'Oklahoma, Javier Bardem ni homme ni femme, qui rassure ses fidèles et les accompagne dans leurs douleurs. Américain, française, espagnol, la cartographie du monde selon Terrence Malick s'établit selon un principe simple : nous sommes tous connectés par une force invisible que le réalisateur pourchasse dans chaque plan, la foi, l'amour, l'espérance ou serait-ce la bonté ? Comment résoudre une équation amoureuse, continuer à s'aimer au gré des rencontres, alors que le temps érode notre amour ? Quel est cet amour qui nous fait aimer demande-t-il. En quelques tableaux Malick édifie la trajectoire amoureuse universelle, farouche, aventureuse, destructrice et inévitablement mélancolique.
Le cheminement de l'histoire révèle son lot d'ennuis, de voix-off horripilantes, d'icônes mystiques et de déballages spirituels (souvent en français dans le texte) clamant la suprématie de l'amour sur toutes les autres forces de la nature. Mais ce qui pourrait plomber l'emphase sur le discours amoureux en devient finalement l'excroissance naturelle. Les limites de la naïveté sont sans cesse repoussées. Ces quelques êtres lâchés dans le décor, celui d'un monde sans frontières, s'épanouissent par le geste, les caresses, les disputes, pour finir fatalement déconcertés. Une variation sur la conquête amoureuse dans ce qu'elle a de plus cruel mais aussi de plus vivifiant.
Seule au monde
Elle s'appelle Romina Mondello, et elle est seule au monde. Pourquoi, car elle est l'unique actrice de To the wonder à bénéficier de vraies lignes de dialogues parlées à l'écran. Ceux qui n'ont pas été coupés au montage sont présents physiquement dans le cadre, mais l'essentiel de leurs dialogues sont montés en off.
La scène du jour : pop italienne
Oublions un instant Terrence pour signaler que le point "Sara perche ti amo" a été atteint. C'était dans All you need is love, une comédie romantique signée Susanne Bier. En rémission d'un cancer du sein, Ida part en Italie pour le mariage de sa fille. Elle rencontre ainsi Philip (Pierce Brosnan), le père du marié. Le tube de Ricchi e Poveri égaiera la soirée de la veille du mariage. Tout simplement.
Pic of ze day
Malgré les sifflets à la projection, Malick avait ses fans en conférence de presse comme ce monsieur venu, comme nous, boire les paroles d'Olga Kurylenko et Romina Mondello venues (un peu seules) défendre le film.
Olga
C'est une leçon du père Malick. Pour rendre totalement justice à cette mannequin habituée au papier glacé, rien ne vaut les images en mouvement. Voici donc Olga en vidéo. Elle nous apprend qu'elle ne sait pas si elle figurera sur l'affiche (cf. photo promo plus haut pas très raccord avec la réalité du film) et que « Malick a des pouvoirs psychiques », mais surtout que, parfois, « l'amour est éternel » :
Fun Fact
S'il remporte le Lion d'or cette année, Terrence Malick serait le quatrième cinéaste à réaliser le triplé Cannes-Venise-Berlin après Robert Altman (Palme d'or en 1970 avec M.A.S.H, Ours d'or en 1976 avec Buffalo Bill et les Indiens et Lion d'or en 1993 avec Short Cuts), Michelangelo Antonioni (Ours d'or en 1961 avec La Nuit, Lion d'or en 1964 avec Le Désert rouge et Palme d'or en 1967 avec Blow-Up) et Henri-Georges Clouzot (Lion d'or en 1949 avec Manon, Ours d'or et Palme d'or en 1953 avec le même film : Le Salaire de la peur).
Photos : © David Honnorat
Le film n'est pas du tout dédié à la femme de Malick. Alexandra Malick est juste créditée comme "Ambassadrice de bonne volonté".
Il y a 2 femmes dans ce film. Le rôle de Rachel McAdams semble être inspiré d'Alexandra Malick, la femme actuelle de Terrence Malick.
Le rôle d'Olga Kurylenko semble être inspiré par l'ex-femme de Terrence Malick qui était française et qui s'appelait Michèle. Elle est décédée en 2008. Je peux me tromper mais je pense que s'il y a une dédicace dans le titre "A la Merveille", je pense qu'elle est pour son ex-femme Michèle (également car la Merveille fait référence au Mont St MICHEL et je pense que ce n'est pas une coincidence si le monument porte le même nom que son ex-femme). Je crois que c'est elle "la Merveille" du film. Ce qui fait sens puisque que le film est centré sur le personnage d'Olga. Qu'en pensez-vous?
Au fond le film est surtout dédié à l'amour. « L'amour de l'amour. » comme dit le film.
Mais je pense que le fait que le film ne soit dédié à personne en particulier, mais plutôt à l'amour est une meilleure explication...