Au-delà de 5 étoiles : mon top 10
Ayant été marqué, plus jeune, par l'esprit de la Nouvelle Vague, mes préférences se portent davantage sur les films qui ont été réalisés pendant et après ce mouvement. D'où la faible présence d’œuvres datant d'avant 1959.
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1(1962)de Chris Marker avec Jean Négroni, Hélène Chatelain, Davos HanichFilm fantastique, Film de SF | 28mjroux86“ À la persistance rétinienne, Chris Marker oppose la persistance du souvenir : un poème en images fixes où se cache un fascinant plan filmé. ” — jroux86 20 décembre 2020
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2(1971)Drame | 2h11jroux86“ Quête d'absolu forcément vouée à l'échec? Allégorie du Créateur face à son Œuvre? Visconti subjugue avec sa Venise funeste. Bogarde parfait. ” — jroux86 27 mai 2020
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3(1968)jroux86“ Ballet cosmique où les ballerines sont des engins spatiaux, SK questionne aussi l'intelligence de l'homme. Une œuvre à l'ambition colossale. ” — jroux86 27 avril 2020
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4(1959)Drame | 1h30jroux86“ Des dialogues éternels où la langue durassienne - litanie fascinante - réunit deux survivants. Hiroshima-Nevers, des traumatismes en miroir. ” — jroux86 30 décembre 2021
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5(1929)de Dziga Vertov avec Mikhail Kaufman, Elizaveta SvilovaDocumentaire | 1h20jroux86“ Porté par la marche de l’Histoire, un film-manifeste qui affirme la toute-puissance de l’image. Et, par le montage, de Celui qui la façonne. ” — jroux86 27 octobre 2020
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6(2001)jroux86“ Pareille à une bouffée d'opium, l'univers ténébreux de Lynch embrouille notre esprit pour mieux nous séduire. Silencio ! ” — jroux86 27 avril 2020
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7(2000)de Wong Kar-Wai avec Tony Leung Chiu Wai, Maggie Cheung, Lai ChinDrame | 1h38jroux86“ L'hypersophistication de la mise en scène fait de Hong Kong une prison dorée pour ces deux cœurs délaissés. Le chef d’œuvre de Wong Kar-Wai. ” — jroux86 28 mars 2021
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8(1973)Drame | 3h40jroux86“ Suspension du temps. Par le verbe, par l'image, Eustache tente de percer le mystère féminin, et à travers lui le mystère de la vie. Immense. ” — jroux86 16 juin 2022
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9(1979)jroux86“ L'Homme, ses aspirations, ses désirs, son insatiable soif de vérité et de sens. Une puissante allégorie de l'espoir. Une œuvre fascinante. ” — jroux86 19 juin 2020
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10(1983)de Chris Marker avec Florence Delay, Charlotte KerrDocumentaire, Film de SF | 1h44jroux86“ Il m'écrivait... Magnifique poème visuel qui nous invite à la curiosité et au voyage. Agrémenté des plus beaux regards-caméras du cinéma. ” — jroux86 22 mai 2020
La seconde fois, je voulais simplement que ça recommence. Dans la vie, on ne peut pas faire ça, on peut pas passer autant de temps avec des inconnus pour les regarder vivre, sans participer.
Alors je l'ai revu avant de retrouver plus tard dans la soirée une personne que j'avais rencontrée quelques mois plus tôt et avec laquelle je passais tout mon temps, à discuter dans des cafés, à marcher et s'asseoir sur des bancs. Oui, un peu comme dans le film.
Et donc à force de lui parler du film, vers minuit, j'ai été le revoir en sa compagnie. C'était assez stressant, car les sous-titres anglais étaient horribles, et qu'il ne parlait pas bien français mais je crois qu'il a quand même tout suivi. Et puis il fallait rester éveillé jusqu'à 4h du matin, mais personne ne s'est assoupi. Ce film est vraiment puissant.
Effectivement, il y est question du visage d’une femme. Ou plutôt de l’image d’un visage, « photographié » juste avant le tumulte, entre « les avions en partance » (cette réplique est pour moi inoubliable), les coups de feu, la foule dominicale venue assister aux départs des avions sur « le décor planté de la jetée » (tu me diras que c’est facile de retenir les répliques d’un film qui ne dure qu’une demi-heure et tu auras raison, j’assume mon côté « petit joueur »), et surtout juste avant la guerre.
Une image de visage donc, gravée dans la mémoire du personnage (alors enfant), et destinée, comme toutes les images de visage, à subir les inévitables dommages du temps : les transformations, les petits arrangements avec la réalité des traits, un visage qui va se mélanger aux mille autres rencontrés par après.
Mais cette image, notre héros va s’y accrocher éperdument. Comme à un souvenir arraché à la vie en temps de paix. Magie du cinéma, cette image se fait femme, telle que dans le souvenir - vertigo véritable ! Se projettera sur elle tous les désirs : salut de l’humanité, amour, réparation du passé, espoir d’un avenir meilleur. Tant et si bien qu’elle poursuivra le héros jusque dans sa mort, dans un final vertigineux où passé, présent et futur s’entrechoquent, où la femme redeviendra image et où l’on se demande encore si cette image est le visage de l’amour ou celui de la mort - Eros et Thanatos sous les mêmes traits.
Des images dont on aime tant se nourrir et qui nous poursuivront peut-être (sûrement), nous aussi, jusqu’à la mort ?