Forte poitrine & ultra-violence
Pour fêter joyeusement le premier anniversaire de Vodkaster, je vous propose un Sexy Mardi haut en couleur avec un extrait signé par un maître de l'érotisme foutraque : Russ Meyer. Grand érotomane devant l'éternel, ce réalisateur américain s'est fait connaître vers la fin des années 60 par ses films de sexploitation. Dès 1965, avec Faster Pussycat, kill ! Kill ! (quel titre !), Russ Meyer impose un style des plus particuliers : érotisme déjanté, servi par des scénarios basiques mâtinés de violence et mettant en scène des héroïnes à la poitrine aussi naturelle que démesurée.
La scène ci-dessous est extraite de l'oeuvre-phare de Russ Meyer, à savoir sa tétralogie Vixen des années 70 (Vixen, SuperVixens, MegaVixens, UltraVixens) qui sous ses aspects de simple film érotique est en réalité un portrait cauchemardesque et nihiliste de l'Amérique profonde. S'en prenant aux fausses chimères de la libération sexuelle, Russ Meyer nous présente souvent ses personnages féminins comme des nymphomanes aussi surexcitées que décérébrées. Les hommes ne sont pas mieux lotis et sont tous des idiots du village à caractère dangereux : tel sheriff véreux se transforme en serial killer, tel garde-chasse s'avère être un fanatique nazi - le tout dans une ambiance white-trash complètement dénuée d'empathie. On n'est jamais très loin d'Affreux, Sales et Mechants.
Parfaite illustration du petit monde de Russ Meyer, la scène ci-dessous nous présente Charles Napier qui, vexé d'avoir été traité de « mauvais baiseur », prend d'assaut la salle de bains de la nymphette (Shari Eubank) qui a osé mettre ainsi en cause sa virilité.
Fallait pas l'emmerder extrait de Supervixens
Erotisme, violence, mauvais goût, nihilisme, humour noir ?. ces 3 minutes résument bien l'oeuvre de Russ Meyer. Personnellement, je suis assez fasciné par le caractère outrancier de cette scène - qui d'une certaine manière rappelle la scène finale de Furie de Brian de Palma. Tout est dans l'excès : la lascivité de cette fille, la rage du type (ses sauts à pieds joints sur la fille à 1'35, mon Dieu ?) ou ce côté « jamais morte » de la fille qui appelle à encore plus de violence (le jeter de radio dans la baignoire suivi d'un bain de sang digne de Piranha 3D).
J'avoue que je m'interroge sur le propos d'une telle scène : est-ce une forme de dénonciation par l'absurde de la violence faite aux femmes ? Ou de la violence de la société en généralité ? Je n'ai pas de réponse mais cette absence totale de demi-mesure reste assez réjouissante et n'est en fin de compte pas très éloignée, par exemple, des actuelles productions Grindhouse de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez.
Y en a marre de cette mode du relief pour la moindre daube, alors autant la tourner en dérision.