Taxi Driver de Martin Scorsese, le chef-d'oeuvre absolu du Nouvel Hollywood ?

Courant majeur dans l'histoire du cinéma américain, le Nouvel Hollywood a marqué les années 70 et profondément renouvelé la manière de faire des films. Nous vous proposons de découvrir les films et les auteurs phares de ce mouvement via une série d'articles détaillés...

Travis Bickle est un ancien marine qui devient chauffeur de taxi à New-York. Insomniaque, il travaille la nuit, et découvre, désolé, une "racaille" que les rues de la ville accueillent. En proie à une solitude qui le ronge et le rend paranoïaque, Travis est dégoûté par les êtres humains, et se sent plus pur que les autres.

En 1972, Brian de Palma, le meilleur ami de Martin Scorsese lui envoie le scénario de Paul Schrader (avec qui il fera plus tard Raging Bull et À tombeau ouvert). Marty veut le faire, mais il n'a à l'époque réalisé et sorti que Bertha Boxcar, une commande pour Roger Corman pas vraiment marquante. On lui dit de revenir quand il aura plus fait ses preuves. Il finit à l'époque le montage de Mean Streets, alors que Robert De Niro obtient un oscar pour Le Parrain II : le binôme devient crédible. Quand il rentre d'Italie, l'acteur se met, comme il a appris au sein de l'Actor's studio, à conduire un taxi dans les rues du New-York, pour s'imprégner de son personnage, et ressentir la solitude extrême de Travis.

Scorsese impose à l'équipe un style nouveau, des plans totalement inédits qui déroutent le reste du plateau. Mais petit à petit, tout le monde comprend le génie du réalisateur. Ses personnages sont déments, tout comme la ville qu'il filme. Et le réalisateur laisse le champ libre à ses acteurs pour improviser : la scène la plus connue du film devait au départ être muette. Robert De Niro, complètement dans son rôle, fou, paranoïaque, en a sorti une interprétation sublime, sachant que Scorsese laisserait la caméra tourner :

Robert De Niro, pour sa scène culte, s'inspire de Marlon Brando dans Reflets dans un oeil d'or, de John Huston.

Pour jouer la jeune prostituée, Martin Scorsese choisit la toute jeune Jodie Foster, qu'il vient de faire jouer dans Alice n'est plus ici. A cause de son âge, 12 ans, l'actrice doit passer une série de tests, notamment psychiatriques, pour vérifier que son sens moral ne sera pas heurté. C'est sa grande soeur, Connie, qui se retrouve donc à jouer quelques scènes à sa place, comme le plan où elle dégrafe le pantalon de Travis, ou celui ou elle embrasse Sport (Harvey Keitel). Mais malgré sa pré-adolescence, Jodie Foster s'avère d'une maturité hors du commun.

Travis est attiré par une jeune militante politique. Pour lui, elle représente l'idéal de pureté qui détonne avec le reste de la ville, les égouts et la puanteur. Pour jouer cet objet du désir, Martin Scorsese veut « une fille du genre de Cybill Shepherd ». L'agent de l'actrice l'appelle alors pour lui proposer : « Pourquoi pas Cybill Shepherd elle-même ? ». Notez ici le caméo de Scorsese assis sur les marches (il joue également un client du taxi un peu plus tard dans le film) :

Attention spoiler, la fin de l'article dévoile une partie de l'intrigue... Dans une quête sans fin, et après un attentat contre le sénateur Palantine raté, Travis Bickle finit par vouloir sauver Iris de son proxénète, Harvey Keitel. Coiffé d'une crête, il fonce dans son appartement, et tire sur tout ce qui se présente devant lui, dans une scène ultra-violente et sanguinolente, une perfection de mise en scène. Travis a rempli sa mission :

En savoir plus sur les influences de Scorsese...
En savoir plus sur la musique des films de Scorsese...