Macadam Cowboy de John Schlesinger, tragédie urbaine et poétique

Courant majeur dans l'histoire du cinéma américain, le Nouvel Hollywood a marqué les années 70 et profondément renouvelé la manière de faire des films. Nous vous proposons de découvrir les films et les auteurs phares de ce mouvement via une série d'articles détaillés...

John Buck, jeune et beau cow-boy assez simple d'esprit quitte son Texas natal pour s'installer à New-York. Là, il rencontre Ricco "Ratso" Rizzo, un petit italo-américain malade et boiteux. Alors qu'ils sont très différents, la dureté de la ville pousse les deux hommes à se rapprocher.

Macadam Cowboy est un chef d'oeuvre, une tragédie urbaine d'une poésie sans limite. La tendance est, on l'a vu (Butch Cassidy et le Kid mais aussi les Désaxés), à la fin du héros américain ordinaire : le cow-boy est aujourd'hui un gigolo, qui vit dans un studio avec un tuberculeux. Les deux amis (interprétés par les stupéfiants Jon Voight et Dustin Hoffman) vivent dans des conditions indignes et sordides, mais John Schlesinger les filme toujours avec respect. Le nouveau héros l'est par ses qualités humaines et la façon dont il surmonte ses difficultés.

Macadam Cowboy est le seul film classé "X" (par le puritanisme ambiant, puisqu'il n'y a aucune scène érotique) à avoir reçu un oscar, en 1970. Trois oscars plus précisément : Meilleur Film, Réalisateur et Scénariste. Alors que Butch Cassidy et le Kid est également nommé à l'Oscar du meilleur film, George Roy Hill va voir Schlesinger au début de la cérémonie et lui dit « Ne le prends pas mal, on me dit que c'est nous qui allons gagner, mais tu as fait un bon petit film ! ».

Après Le Lauréat, où Dustin Hoffman joue un jeune homme de bonne famille, les producteurs ne croient pas en son potentiel pour jouer Ratso. Alors qu'il doit passer un essai, il donne rendez-vous aux exécutifs à un coin de rue de Manhattan. Il arrive déguisé en clochard : personne ne le reconnaît et on lui refuse une pièce. Il vient de leur prouver qu'il était à la hauteur. Le rôle de Joe, d'abord convoité par Warren Beatty, trop connu pour être crédible selon le réalisateur, sera joué par Lee Majors, Kiel Martin et Michael Sarrazin, avant qu'ils ne se retirent sur d'autres projets. Jon Voight trouve ici son premier grand rôle. Et les deux acteurs imposent leur génie dans ces rôles réalistes et forts.

Schlesinger, pour ajouter au réalisme de son film, veut tourner certaines scènes comme un documentaire. Il décide alors de se servir de scènes qu'il voit dans New-York et de les ajouter à Macadam Cowboy. Cette scène, qui contient la citation la plus connue du film, « I'm walking here! » (dont on ignore encore aujourd'hui si elle a été improvisée ou pas), en est un exemple parfait. Les acteurs ne savaient pas où était la caméraet les micros étaient cachés :