Cannes Météo #6 : les grandes eaux
Cannes Météo, c’est votre bulletin quotidien du Festival de Cannes, qui prend la température de la Croisette ! Après l'orage, c'est donc sous les averses que s'est poursuivi le Festival de Cannes : l'occasion de fuir certains films (Le Pape François, un homme de parole) et se plonger littérallement dans les autres (Le Grand Bain, Une affaire de famille...)
Rien de mieux qu'un bon film quand il tombe des cordes, encore faut-il que le film... soit bon. Vérification aujourd'hui avec Kore-eda pas loin du chef-d'oeuvre et Wim Wenders, noyé dans le panégyrique papal.
Que c’est triste Venise Cannes
La pluie, c’est pénible pour les festivaliers mais ça offre de beaux plans de cinéma : ici, Khaled El Nabawy pleure devant un parterre de transats vides. Il faut dire que le titre du film était tristement prophétique : Le Destin de Youssef Chahine, présenté au cinéma de la plage. Sous la flotte donc.
Le Grand Bain
Quitte à être trempé, autant plonger dans Le Grand Bain. A la stupéfaction générale, le film de Gilles Lellouche présenté hors compétition a cueilli tout le monde : « film culte, comédie de l’année, vrai feel-good movie, ambitieux esthétiquement », apparemment c’est une médaille d’or pour le comique français. Il faut dire que le casting est suffisamment hétéroclite et flamboyant pour emmener l’équipe aux jeux olympiques : Leïla Bekhti, Mathieu Amalric, Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, Marina Foïs, Philippe Katerine, etc… Bon ok, il y a Guillaume Canet, mais c’est un ami.
Pas de vacances pour les vrais gars (sûrs)
Pendant que certains lézardent au bord de la piscine, d’autres construisent leur maison avec une abnégation qui force le respect. Soit le projet un peu fou fou de Jack (Matt Dillon), tiré d'une histoire vraie, de bâtir et décorer sa masure avec… le corps des femmes qui ont le malheur de croiser son chemin. The House That Jack Built de Lars Von Trier (qui n’est donc plus persona non grata à Cannes) a enfin sa bande-annonce et apparemment elle ne restitue pas tout à fait le perfectionnisme architectural de l’entreprise. Il se murmurerait même que le film a été jugé trop violent pour être en compétition. En attendant, on retrouve quelques métaphores animalières, déjà vues dans Nymphomaniac :
Cannes en déclin ?
Hier, The Hollywood Reporter, l’un des deux journaux références du secteur, écrivait un article remarqué sur le « déclin » du Festival de Cannes. Qui tiendrait en cinq signes : le manque de stars, de coups de pubs originaux (genre Harrison Ford, Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone s’aventurant en tank sur la Croisette, comme en 2014), de panneaux publicitaires spectaculaires (qui traditionnellement recouvrent le fronton des palaces), de films américains à gros budget (hormis Solo : A Star Wars Story, mais qui a déjà eu une avant-première à Los Angeles la semaine dernière) et de fêtes dans des villas. Le bilan du marché du film, qui se termine jeudi, permettra de vérifier la réalité du constat.
Rencontre
Romain Duris est à Cannes pour défendre Nos batailles, de Guillaume Senez, l’un de ses plus beaux rôles, où il incarne un ouvrier quitté par sa femme. L’occasion de lui demander dans une interview des nouvelles de la série adaptée de Vernon Subutex, la trilogie de Virginie Despentes, prévue l’année prochaine.
Les films du jour vus par Télérama
Encore un tableau des notes en demi-teinte aujourd'hui
Kore-eda signe Une affaire de famille, qui s’apparente à la perfection
Heureux comme Lazzaro, d’Alice Rohrwacher (compétition) : un audacieux diptyque métaphorique qui met en scène un paysan simplet qui revient à la vie vingt ans après sa mort, interprété par le subjuguant Adriano Tardolio.
Girl, de Lukas Dhont (Un certain regard) : ce cinéaste flamand âgé de 26 ans et son formidable acteur de 16 ans, Victor Polster, réussissent le portrait douloureux de Gala, née garçon et déterminée à devenir fille coûte que coûte.
Un violent désir de bonheur, de Clément Schneider (Acid) : un jeune moine, au caractère bien trempé, finit par remettre en question ses dogmes lorsque le couvent est réquisitionné par les troupes révolutionnaires. Un film qui brille par son minimalisme revigorant tout en revisitant le genre de manière insolite.
Le Pape François, un homme de parole, de Wim Wenders (hors compétition) : la sélection de trop ? Le réalisateur allemand, abonné aux passages sur la Croisette, livre une œuvre proche du film d’entreprise, où l’évêque de Rome est montré sous ses plus beaux traits.
Et l'avis des Vodkastos
A demain, pour un nouveau bulletin !
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bredele14 mai 2018 Voir la discussion...
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zephsk15 mai 2018 Voir la discussion...