Financement du cinéma français : Ken Loach monte au créneau
Lorsque lui a été remis le Prix Lumière, à Lyon, dimanche dernier, le réalisateur de Sweet Sixteen a fait part de ses inquiétudes concernant la remise en cause du financement du cinéma français, débattu en ce moment à Bruxelles.
Il n'y est pas allé par quatre chemins, il appelle ainsi toute la profession à résister : « Il faut s'organiser de toutes les manières possibles, avec les syndicats du cinéma, les partis politiques, les organisations communautaires. Pour nous, en Angleterre, le système français de subvention du cinéma est très important. Mais pour les politiciens en Europe, en tout cas pour certains d'entre eux, c'est une façon d'interférer avec le marché. Et bien sûr, ils détestent cela. », a expliqué Ken Loach.
Le financement du cinéma français repose sur une taxe sur les entrées proportionnelle aux chiffres d'affaires des entreprises qui font partie de la filière. La taxe est reversée au CNC, qui la redistribue à son tour à l'industrie cinématographique. Cette taxe n'est pas du tout du goût de Bruxelles, ni des fournisseurs d'accès à Internet et des diffuseurs sur le web (Google en tête, mais aussi iTunes, Amazon, Youtube...) qui ont déposé un recours devant la Commission Européenne. Celle-ci est pour l'instant d'accord pour que la France taxe la fourniture effective de services de télévision via Internet, mais pas l'activité télécoms en tant que telle. Cette position a été rappelée plusieurs fois par Neelie Kroes, la commissaire européenne chargée de la société numérique.
Le verdict sera rendu le 21 novembre. A cette date, la commission européenne aura tranché. Soit en faveur du système actuel, soit en faveur des opérateurs sur Internet.
Par ailleurs, un manifeste à été rédigé par l'association française des réalisateurs et des producteurs, présidé par Michel Hazanavicius, lors des rencontres cinématographiques jeudi dernier à Dijon : « La singularité de la culture (...) doit être imposée aujourd'hui aux autorités européennes qui semblent méconnaître qu'elle constitue un socle essentiel de l'économie, de l'emploi, et d'une forme de liberté au sein de nos sociétés ». Costa-Gavras, Claude Lelouch, Robert Guédiguian ou encore Olivier Nakache en sont notamment les cosignataires.
Source : Libération