Les étonnantes réactions racistes au casting d'Hunger Games
Alors qu'Hunger Games explose des records et s'annonce d'ores et déjà comme le digne successeur de Twilight et Harry Potter, quelques réactions de spectateurs racistes relancent le débat sur le whitewashing des grosses productions hollywoodienne.
N'est-elle pas mimi ?
Voilà ce dont il est question : un des personnages secondaires de Hunger Games est une petite fille prénommée Rue (peut-être que son papa s'appelle Boulevard et sa maman Avenue) qui fait dans le film une apparition un peu trop brève mais particulièrement émouvante. L'intrigue concernant son personnage étant plus développée dans le livre et, alors que chacun pouvait vaguement s'imaginer son apparence, beaucoup de larmes furent versées sur son sort. Mais voilà, les réactions de quelques spectateurs découvrant qu'elle était interprétée par la toute jeune Amandla Stenberg dans le film sont pour le moins surprenantes. Car voyez-vous, Amandla, qui jouait d'ailleurs une version enfantine de Zoe Saldana dans Colombiana, est noire. Et pour ces internautes ayant pleuré toutes les larmes de leur corps sur ce personnage à la lecture du bouquin, c'est un problème. De nombreux tweets, parfois ultra-agressifs ou simplement très cons, attestent de ce phénomène :
On peut éventuellement comprendre ces réflexes de fanboys qui se mettent dans tous leurs états lorsque la description de leurs personnages favoris n'est pas respectée : Daredevil doit être roux, Gandalf doit être barbu, James Bond doit être anglo-saxon? Avec les nationalités et les couleurs de peaux également, il est commun de tenir aux caractérisations initiales de personnages iconiques : personne ne veut d'un Kaneda qui ne soit pas asiatique ou d'un Shaft qui ne soit pas afro-américain, tout comme il pourrait-être incongru de voir jouer Sherlock Holmes par Denzel Washington (et pourtant il est cool). Pour s'insurger du whitewashing sans hypocrisie, il faut s'insurger contre tous les -washing? Le sujet peut parfois devenir glissant, comme lorsqu'on s'amuse à constater que lorsque les Perses sont des "méchants" dans 300, ils sont noirs, alors que leur gentil "Prince" est joué par Jake Gyllenhaal.
Mais justement ici, le texte original a été parfaitement respecté. En effet cette mini-levée de boucliers face à la pauvre Amandla Stenberg (qui devient malgré elle la cible d'un relent de l'Amérique ségrégationniste des années 50) est autant un problème de racisme qu'un problème d'illettrisme, puisque l'auteur de Hunger Games, Suzanne Collins, précise bien dans son roman que son personnage est noir. Ce qui rend toute l'affaire à la fois désolante et cocasse.
En réalité on peut faire remarquer que c'est plutôt du côté de Jennifer Lawrence qu'il faut relever une erreur de casting? Son personnage étant en effet décrit comme ayant une « peau olive », on pouvait plutôt s'attendre à voir le personnage incarné par une indienne d'Amérique.
Ces réactions étonnantes ont malheureusement tendance à corroborer la position classique des studios, habituellement frileux à l'idée de financer des projets dont les acteurs principaux ne sont pas blancs...
Source : Jezebel, Hunger Games Tweets | Image : ©TriStar Pictures
Cependant, Pierre Richard est bien grand, blond, et avec une chaussure noire.
Et comme ça on en revient au sujet brûlant de l'article ! Le racisme !
Mais là encore se pose la question de l'espèce d'olive dont on parle. Il existe en effet des olives rouges qui pourraient donc pousser à dire que Katniss serait en effet dans le pedigree d'une Pocanhontas. Cependant, l'olive rouge n'est pas des plus communes et il ne vient pas facilement à l'esprit que lorsque l'on parle d'olive elle soit par défaut rouge, elle tendrait à nous apparaitre verte voir noire.
Toutefois, si on se penche sur le plan strictement nominatif pigmentaire : la couleur olive est verte olive (pléonasme maîtrisé).
On en revient à notre problème de départ mais qu'en dit le texte original ? Consultons les vieilles écritures: elle est décrite comme ayant de "straight black hair" et surprise... avec une "olive skin".
Le détail capillaire en lui même ne nous aide pas vraiment car les cheveux noir et lisses ne sont pas un monopole cherokee ou apache... Concernant la dénomination olive, elle peut nous renseigner sur un détail important: les olives évoquent la méditerranée, or la méditerranée est entre l'Europe et l'Afrique. Ceci étant dit, le dilemme devient dilemme othelien: "black or not black" ? Est-t-elle une Desdémone ou une Meryam (d'Amadou et Meryam - la cécité en moins) ?
En conclusion, je citerais une célèbre citation d'une auteure de livres érotiques que j’apprécie particulièrement (les livres par l'auteure), il s'agit de Anaïs Nin qui disait "we don't see things as they are, we see them as we are". Ce qui signifie (allons bon cher ami) que nos perceptions puissent elles être racistes ou humanistes ne sont au final que le reflet de notre être intrinsèquement inhérent à nous même dans notre corps interne.
Post-conclution: aussi... Le réalisateur a sans doute voulu respecter la règle qui dit que quand quelqu'un meurt dans un film c'est toujours un black.
Sources:
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