I Love you Juno Temple

Les mégastars sont tout en haut, à se la couler douce dans le penthouse de la renommée. Will, Johnny, Brad, Scarlett, Leonardo ou Angelina peuvent par leur simple nom doper les résultats d'un film au box-office. Juste en dessous il y a la B-list pleine d'apprenties vedettes et de wannabees que nous allons vous apprendre à aimer...

Chère Juno,

Avec ton prénom de déesse romaine qui inspirait tant vénération que crainte et ton nom de lieu sacré, on se disait bien tous, d'Hollywood à Paris, que tu étais prédestinée à devenir une actrice culte, un monstre sacré.

Tout d'abord, je tiens à préciser pour ceux qui ne te connaissent pas encore chez nous (ils sont nombreux et pour cause tu n'as pas encore ta page wikipédia française) : non tu n'es pas la petite fille de Shirley, et pourtant, on aurait pu le penser : un même visage rond et un sourire redoutable aux dents parfaites, de plus, tu as commencé sous les spotlights toi aussi dès ton plus jeune âge.

Et ce n'est sans doute pas sans rapport avec le fait que tu es "la fille de" Julien Temple, réalisateur britannique très branché rock anglais, auteur de plusieurs films sur la révolution punk et sur les clash, il est également l'auteur de Vigo, portrait fictionnel de notre grand Jean Vigo dans lequel tu tenais un petit rôle.

Ta sempiternelle nonchalance, ton piercing nasal que tu n'enlèves que pour les films d'époque et ta coiffure hirsute peroxydée, on sait donc d'où tu les tiens.

Du haut de tes 21 ans, tu peux te targuer d'avoir jusqu'à ce jour une filmographie plutôt exemplaire et sans fausse note. Je me souviens encore de tes belles apparitions dans ces deux grandes productions anglo-américaines à costumes, un peu clinquantes mais réussies, que sont Reviens-moi et Deux Soeurs pour un roi. Dans ce dernier, tu n'apparaissais que le temps d'une séquence, mais déjà, dans le rôle de la courtisane Jane Parker, la cour du roi Henri VIII te prenait pour une "ambitieuse vipère".

Mon premier grand souvenir de toi ? C'est en allant voir le sous-distribué et mésestimé Cracks de Jordan Scott (une autre ultra-douée "fille de"...), dans lequel tu campais, une fois n'est pas coutume, une des ces jeunes héroïnes tête à claques et pourtant attachante.

Autoritaire avec ce port de tête altier et un accent anglais à couper au couteau, un poil arrogante sur les bords, tu succombes néanmoins au charme vénéneux de ta vampirique professeur incarnée par Eva Green.

En peste, tu es aussi convaincante qu'en romantique tourmentée.

Et ce n'est pas pour rien qu'on te sollicite encore et toujours dans les films d'époque, le costume te seyant à merveille. Tu endosses les rôles gothico-romantiques avec une désinvolture certes un peu trop moderne mais qui n'enlève rien à ta crédibilité.

A la rentrée, après un passage plus que remarqué à Cannes pas la case séance de minuit, tu vas, je l'espère, exploser dans le dernier film de Gregg Araki, Kaboom. Personne ne pourra t'oublier après ça. Tu t'appelles London, tu joues les provocatrices sexy et tu t'amuses avec les genres telle une des plus grandes égéries warholiennes.

Ton sex-appeal déjà bien exploité dans l'An zéro atteint ici son apogée et tous ceux et celles qui verront le film ne seront pas près de l'oublier.

Prochainement, on t'attend dans le rôle d'Anne d'Autriche dans une adaptation décalée et en 3D des Trois Mousquetaires par le réalisateur de la série des Resident Evil comme Kirsten Dunst a eu sa Marie-Antoinette. Toi, héroïne tantôt gothico-romantique, tantôt punk-underground, plus que toute autre, tu te devais un jour de jouer dans un film d'époque aux accents pop anachroniques.