Interview de Miranda July, réalisatrice de The Future
Ecrivaine, scénariste, performeuse et bien entendue réalisatrice, Miranda July est une touche à tout qui fuit la monotonie. Après son premier long-métrage très remarqué, Moi, toi et tous les autres, la jeune cinéaste vient d'accoucher d'une nouvelle oeuvre hétérogène tant sur la forme que sur le fond, intitulée The Future (sortie le 17 août), où les doutes existentiels d'un couple s'expriment de manière fantasque et cruelle. Nous l'avons rencontrée, espérant qu'elle nous révèle quelques bribes du futur.
Six années séparent votre premier long-métrage, Moi, toi et tous les autres, et The Future. Qu'avez-vous fait pendant ce temps ?
J'ai écrit un recueil de nouvelles Un bref instant de romantisme, j'ai aussi conçu un jardin de sculpture pour la Biennale de Venise. J'ai également créé une performance, sur laquelle j'ai travaillé pendant un an avant de pouvoir la présenter au public. C'est cette création qui fut à la base de ce qui allait devenir The Future.
Réaliser des films n'est donc qu'une partie de votre travail ? Vous ne pouvez imaginer faire ça à plein temps ?
Faire du cinéma me tient à coeur depuis toujours. Comme beaucoup de réalisateurs et réalisatrices j'ai d'abord commencé par faire des courts-métrages. Ecrire mes scénarios me prend du temps, et je sais que commercialement cela ne serait pas viable si je ne faisais rien d'autre. J'arrive à vivre grâce à l'écriture mais faire un film est un procédé qui prend du temps. Si je me limitais à la réalisation je devrais probablement faire des films écrits par d'autres.
Et ne serait-ce que jouer dans d'autres films ? Vous sentez-vous actrice ou plutôt interprète de vos propres histoires ?
Jouer était en quelque sorte ma porte d'entrée dans le cinéma. C'est comme ça que j'ai appris le langage cinématographique. J'adorerais jouer dans le film d'un autre, même si je n'ai aucune ambition dans ce domaine. On me propose des rôles de temps à autres. Rien qui n'ait vraiment capté mon attention pour le moment.
The Future était donc, à sa naissance, une performance. Quel chemin cette dernière a-t-elle suivie pour ensuite devenir un long-métrage ?
C'était au départ une performance très écrite mais très différente d'un scénario bien entendu. Certaines parties de l'histoire y étaient déjà présentes : le chat narrateur de l'histoire, l'histoire d'un couple et de ses turpitudes... La forme était déjà proche de celle du long-métrage, il y avait beaucoup de vidéos, de danses. Parfois, je choisissais un vrai couple dans le public pour interpréter la performance. Ou encore ce que j'avais prévu comme un monologue surréaliste pouvait, sous la forme du long-métrage, prendre vie à l'écran.
Sans trop en révéler il y a un sens important de l'écoulement du temps dans le film. Etait-ce l'une de vos préoccupations principales, l'idée que le temps n'est pas uniforme ; qu'il peut parfois s'arrêter ?
La représentation du temps sous ses diverses formes m'intéresse énormément. Mon personnage, Sophie, se sent paralysée, comme si le temps n'existait plus, mais d'une façon très banale finalement. Comme quelqu'un qui aurait envie d'accomplir de grandes choses et qui n'en aurait pas le courage. Nous avons tous ressentis ça. Mais il y a aussi ce besoin inéluctable de vouloir arrêter le temps dans les moments de crise, quand on sait que l'avenir ne pourra être que plus sombre. C'est quelque chose que j'ai déjà vécu.
Le film est narré par un chat qui attend patiemment son adoption à la SPA. C'est d'ailleurs vous qui le doublez. Si les chats pouvaient parler, auraient-ils des choses intéressantes à raconter ?
Probablement. Les chats sont si mystérieux, ils m'émeuvent beaucoup. Tous les animaux auraient quelque chose d'intéressant à raconter.
Dans Moi, toi et tous les autres certains de vos personnages conversent sur internet avant de se rencontrer. Dans The Future votre personnage, Sophie, est fascinée par les vidéos présentes sur YouTube ; elle veut d'ailleurs y mettre en ligne ses chorégraphies. Quel rapport entretenez-vous avec Internet ? Cela vous semble-t-il un espace de création et de liberté privilégiée ? Pensez-vous qu'on y trouvera un jour le futur du cinéma d'aujourd'hui ?
J'aime beaucoup créer des projets spécifiquement pour internet. Pour The Future j'ai conçu The Oracle, une roue de la fortune qui vous permet de connaître votre futur. Une version française sera bientôt disponible. Vous pourrez vous y abonner et recevoir votre futur deux fois par semaine. J'ai dû écrire toutes ces prédictions ; elles sont parfois un peu sombres, ou prennent une tournure sexuelle étrange. Il faut que j'essaie de les rendre plus joyeuses.
Mais oui, pour le meilleur ou pour le pire, je pense qu'Internet a déjà complètement changé notre façon de regarder du cinéma. Tout se trouve sur Internet. Si vous aviez ce vieux rêve qu'est celui de faire un film, de le présenter dans différentes salles, vous devrez vous ajuster, essayer de trouver une nouvelle façon de faire voir votre film. Dans mon film, Internet a une place bien particulière. C'est un miroir sur nous-mêmes, une façon de perdre son temps parfois, mais qui expose une vraie curiosité pour les habitudes des autres membres de notre société.
Dans The Future le couple que vous formez avec l'acteur Hamish Linklater est mis à rude épreuve. Ils ne vous restent plus qu'un mois de quiétude avant d'adopter Paw Paw, le chat mourant. Vous espérez profiter de ce dernier mois pour faire ce dont vous avez toujours eu envie, inquiets à l'idée d'être rattrapés par la vie. Vous vous révélez d'ailleurs dans des positions parfois peu avantageuses.
J'ai longtemps hésité sur le rôle que j'aurais dans le film ; au départ le tempérament de Sophie, son attitude dans le film, devait être celle de Jason et inversement. Je me suis ensuite rendu compte que que je ne voulais pas me mettre dans la position la plus facile mais me mettre au défi, être le vecteur des difficultés dans le couple, celle qui se cherche, qui fait des erreurs, qui peut blesser aussi.
Pouvez-vous nous révéler quelques détails sur le futur, vous qui semblez être devenue une experte de la question. Ou au moins sur votre futur ?
Le film sort le 29 juillet aux Etats-Unis, puis le 17 août en France. J'ai donc pas mal de promotion devant moi ! Je viens également de finir un livre qui traite en partie de la création de The Future, mes rencontres avec certaines personnes qui apparaissent dans le film. Il décrit ce cheminement. Ensuite je compte bien m'atteler à un autre roman. Je vois donc beaucoup d'écriture dans mon avenir proche.
Le concours est clos. Les gagnants ont été prévenus par mail. Merci à tous de votre participation !
Photo : Autumn De Wilde
Alors dans les miens, il y aura : nager avec des dauphins, visiter l'Egypte et l'Australie ( ca prend déjà une bonne partie des jours ). Le plus important étant bien sur de partager ces moments avec la femme que j'aime ....
Si on me disait qu’il me restait 30 jours à vivre je pense qu’au début je serai choquée, puis une tristesse immense s’emparerait de moi. Quelques jours après, je commencerai une épopée vers des destinations qui me sont chers telles que l’Irlande, la Norvège, la Suède, l’Australie et les Etats-Unis. Lors de mon voyage je rédigerai une sorte de mémoire avec des photos et j’écrirai mes pensées, mes aventures, mes amours, ma vie entière en parallèle avec un blog qui serait mis à jour quotidiennement. Je ferai rédiger un testament qui préciserait que mon écrit devrait être publié dans le seul but d’apporter de l’espoir aux gens en fin de vie, les bénéfices des ventes (s’il y en a) seraient reversés au profit des personnes dans le besoin.
Lors de mon voyage, j’irai voir mes proches et je leur expliquerai tout l’amour que j’ai pour eux, je leur donnerai les biens qu’il me reste.
Je rencontrerai la petite Alice Bucket (http://alicepyne.blo...llo_06.html#comments) pour lui dire qu’elle est énormément courageuse et qu’il faut garder espoir. Puis j’irai voir ce jeune homme qui a le don de pouvoir dessiner des villes entières au détail près avec un simple regard de quelques minutes. Je pense que je souhaiterai rencontrer toutes ces personnes qui ont des dons particuliers, ils sont fascinants. Et je pense que je terminerai mon voyage dans la Ville du Cinéma Los Angeles, Hollywood car je suis une passionnée de Cinéma. Le 7ème art est un rêve en lui-même. C’est Magique. J’espère qu’en fin de vie je serais comblée.
Je souhaite donc participer à ce concours qui est très original.
Merci pour ce concours.
Cordialement,
Virginie.L