Kung Fury : le film le plus cool de Cannes 2015 est à portée de clic
Présenté dans une relative discrétion il y a une semaine à la Quinzaine des réalisateurs, le court-métrage Kung Fury (30 minutes) est aujourd'hui disponible gratuitement sur le web. N'attendez plus une seconde, ce prodigieux petit film "fait maison" bourré de gags et d'idées visuelles géniales mérite amplement votre clic...
Oeuvre d'un jeune suédois de 29 ans – qui écrit, réalise et interprète le rôle principal – Kung Fury est un projet de longue haleine initié en 2012. A l'époque, David Sandberg, qui a réalisé quelques pubs et clips musicaux, décide de laisser tomber tout ça pour ce consacrer à ce qu'il aime vraiment. Son rêve : réaliser une comédie d'action en hommage aux productions US des années 80 ; l'âge d'or de la VHS. Fin 2013, et après avoir produit quelques séquences démo avec des amis, il lance une campagne Kickstarter au succès retentissant. En quelques mois il récolte plus de 630.000 dollars auprès d'environ 18.000 internautes.
Le projet, presque entièrement tourné sur fond vert, ne se contente pas de brasser l'imagerie eighties, il dépasse largement l'hommage potache qu'on pouvait redouter en découvrant il y a quelques semaines le clip de la chanson du film, "True Survivor", interprétée par David Hasselhoff :
Chaque référence geek ou rétro génère une douzaine d'idées et cette plongée dans la psychée encombrée de cet enfant des années 80 est un ravissement visuel. Vikings, flics et dinosaures se croisent dans un récit bien ficelé et particulièrement fluide. Multipliant les jeux de mots débiles qu'on attrape au vol comme des bonbons sucrés, Sandberg fait preuve par ailleurs d'une vraie rigueur dans sa mise en scène en variant constamment la durée et la forme des plans. Le long plan-séquence façon Old Boy – truqué mais trop cool – dans lequel notre héros tabasse du Nazi à tour de bras, dénote ainsi un certain savoir-faire. Bien loin de la petite vidéo conçue pour buzzer (même si tous les ingrédients sont là) Kung Fury est avant tout un film de cinéma et se trouvait donc parfaitement à sa place à la Quinzaine après un court sur les processions religieuses dans le sud de l'Espagne et une comédie-musicale québécoise.
Pourtant Sandberg, mort de trac dans son smoking bleu cintré, semblait le premier étonné de sa présence à Cannes. Dans une interview pour Le Monde il explique ainsi avoir espéré dans un premier temps obtenir une projection dans le cadre du cinéma de La Plage : "On a donc envoyé le film. Après un mois sans nouvelles, on a reçu une lettre d’admission : c’était la Quinzaine des réalisateurs". En le croisant le lendemain en bas des marches au bras d'une jeune fille qu'on voit également dans le film, il semblait toujours un peu perdu. Juste le temps de le féliciter, de l'encourager pour la suite (un long-métrage est en préparation) et de lui indiquer où se présenter avec son billet. Bonne nouvelle en tous cas, le réalisateur du film le plus cool de Cannes 2015 semble être bien arrivé en haut...
Je pensais mettre zéro et déverser ma bile et ma haine sur cet "objet" et finalement, je ne peux que contempler, apprécier et déguster. Un petit bijou, controversé certes, mais qui vaut le coup d'être vu, et un succès pas galvaudé.