Cannes 2015 : La Tête haute d'Emmanuelle Bercot
Film présenté en ouverture du Festival de Cannes 2015, La Tête haute d'Emmanuelle Bercot divise la Croisette, mais Pascal le Grand frère devrait venir calmer tout le monde...
Film français de 1h58. Personne ne l'attendait vraiment, mais c'est donc le nouveau film d'Emmanuelle Bercot, La Tête haute, qui a eu l'honneur d'ouvrir les festivités. Une volonté clairement affichée de placer ce Festival 2015 sous le signe du cinéma social, à travers ce portrait d'un jeune en difficulté dont on suit le parcours tortueux pour tenter de retrouver le droit chemin. Incarné par le débutant Rod Paradot, il est accompagné dans sa tâche par la moins débutante Catherine Deneuve dans le rôle d'une juge bienveillante, par Sara Forestier en jeune maman, tandis que c'est Benoît Magimel qui se charge de lui mettre du plomb dans la tête.
Une scène : rodéo en Citroën et Franz Schubert
Après une séquence d'introduction où l'on se retrouve confiné dans un bureau administratif, au milieu des cris et des pleurs, le générique démarre sur le flow de KRS-One scandant son fameux "That's da sound of da police" (car non, le rappeur américain n'a jamais dit "assassin de la police") alors que le personnage de Malony, au volant de sa Xantia (mais est-ce vraiment la sienne ?), s'adonne à un véritable rodéo dans les rues de sa cité pour amuser sa mère et son petit frère, tous deux présents dans la voiture. Une manière sèche de présenter ces personnages tout aussi bruts de décoffrage, et dont l'efficacité est indéniable. Et ce même si Emmanuelle Bercot avait pourtant dit vouloir éviter de tomber dans le cliché du rap pour représenter la délinquance. Mais la quiétude viendra après, au son du trio pour piano de Schubert, rendu célèbre notamment par son utilisation sous forme de leitmotiv dans Barry Lyndon, et du "Spiegel im Spiegel" de Arvo Part, que l'on avait encore pu entendre dans la bande-annonce de Gravity. Il s'agit donc ici d'essayer d'apaiser Malony, avant que celui-ci n'explose de nouveau. Une rage palpable transmise par le jeune comédien dont c'est ici le premier rôle, la réalisatrice l'ayant repéré alors qu'il était encore en CAP menuiserie.
Open Bar
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Prenez une grosse louche de Mommy et son gamin turbulent, rajoutez-y une bonne dose de 10ème chambre, instants d'audience pour la plongée en plein coeur du système judiciaire, puis 2 cuillères à soupe de Polisse pour l'aspect administratif. Enfin, vous pouvez rajouter pour faire joli une rondelle de Pascal le grand frère. Voilà, c'est prêt !
Le résumé en textos
Le Festival de Cannes c'est aussi 372.000 textos par jour et par festivalier. Alors finalement, pourquoi ne pas aussi raconter le film comme ça ? (voir en grand)
Le juste prix
Sara Forestier, pour mieux incarner la maman en difficulté, a non seulement été obligée de ne plus se laver les cheveux, mais elle a dû aussi porter de superbes prothèses dentaires afin de renforcer encore davantage le côté prolétaire/mère dépassée par les événements de son personnage (et puis n'oublions pas que le film se passe à Dunkerque). Elle remporte donc haut la main le prix "Jerry Lewis" du plus beau dentier du Festival !
@jolafrite Effectivement, j'avais zappé ça. Merci pour l'alerte !