délicate et enragée

La femme et ses mystères chez Hitchcock

Dossier | Par Hugues Derolez, Benoit De Malartic | Le 5 février 2011 à 13h03

Dossier réalisé dans le cadre de notre partenariat avec l'émission Metropolis, magazine culturel d'Arte. Diffusée chaque samedi à minuit, l'émission traite de l'actualité culturelle : littérature, danse, musique, exposition et bien entendu cinéma ! En complément de certains sujets de l'émission nous vous proposerons régulièrement des dossiers thématiques illustrés de scènes de films.

Chez Alfred Hitchcock il y a toujours un mystère à percer à jour. Que ce soit celui d'un assassinat, d'une identité dérobée, d'un faux coupable ou tout simplement celui d'une femme.

Le maître du suspense était notoirement connu pour en demander beaucoup à ses actrices. Il aimer les pousser jusque dans leurs cordes, les tourmenter, pour en tirer la performance la plus intense possible. En contrepartie, il fut l'un des premiers réalisateurs à Hollywood à confier régulièrement ses rôles principaux à des femmes et à leur faire pleinement confiance ; on pense par exemple à Anny Ondra dans Chantage, Joan Fontaine dans Rebecca ou Tippi Hedren dans Les Oiseaux puis Marnie. On cite souvent cette phrase d'Hitchcock pour mettre en lumière son rapport aux acteurs et aux actrices : « les acteurs sont du bétail ». Il s'est défendu par la suite farouchement d'avoir un jour dit une phrase aussi blessante, la nuançant en supposant qu'il avait pu dire que les acteurs devaient être traités comme du bétail.

Ingrid Bergman dans Notorious.

Il y a néanmoins une distinction importante à faire entre ce qu'il laissait savoir de lui, ce qu'il voulait faire croire sur ses rapports aux autres, et son rapport troublé et intime avec ses muses d'un soir, d'un film. Ci-dessous, Kim Novak, que le réalisateur n'a côtoyé que pour Vertigo, fait dans la démesure et l'exaltation. Elle tente le spectateur, et James Stewart, l'embrase en lui parlant d'un ailleurs mystérieux, trouble sa personnalité, le charme en le rejetant.


Un secret inavouable extrait de Sueurs froides

La femme hitchcockienne est souvent aux prises avec le doute, la névrose, parfois le trouble de la personnalité. Elle se joue d'un homme simple et sans histoire, le manipule, et se laisse désirer. Sans penser à mal, tout en tombant amoureuse, la femme Hitchcockienne pourra précipiter les héros de son cinéma dans les pièges qu'ils tentent d'éviter, dans La mort aux trousses par exemple. D'une jalousie parfois confondante lorsque quelqu'un s'approche de trop près de l'une de ses actrices, le réalisateur ne trouvera pas de collaboratrice assez solide pour le suivre avec régularité.

Joan Fontaine dans Rebecca.

Rappelons qu'Alma Reville, la femme d'Hitchcock, était d'une influence considérable sur son travail. Son avis comptait plus que celui de tout autre collaborateur. En dehors d'elle, Hitchcock, impuissant notoire, ne pouvait qu'entretenir des relations platoniques avec ses actrices. D'où, supposons-le, une frustration sexuelle à fleur de peau, des jeux de séduction amicaux mais passionnés. Soit l'un des thèmes au coeur-même de son cinéma. S'approcher au plus près d'un beau sujet, mais avoir peur de le toucher.


Nouvelle identité extrait de Pas de printemps pour Marnie

Obsession et angoisse, corps dédoublés, les femmes qui ne sont pas ce qu'elles paraissent, Hitchcock joue continuellement avec ses icônes. Quand ce n'est pas le héros qui flanche pour la jeune femme, c'est le spectateur. A se demander si les meurtres et autres histoires d'espionnage ne sont pas parfois que des pis-aller (des McGuffin ?) pour dresser en fond de magnifiques portraits de femmes - dont il faut de plus souligner la modernité : en dehors de quelques mères castratrices, il y a très peu de femmes d'intérieur dans les films d'Hitchcock.

Plus souvent victimes que dangereuses, ces magnifiques femmes sont toujours incarnées, tragiques et vibrantes.

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L'émission Metropolis est diffusée sur arte tous les samedi à minuit et rediffusée le dimanche à 17h45. Vous pouvez par ailleurs retrouver l'émission sur arte +7.

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