Le Labyrinthe, Hunger Games, Divergente : comment est-on passé d'ados à héros ?
Ils s'appellent Katniss (Jennifer Lawrence), Tris (Shaylene Woodley), Thomas (Dylan O'Brien) ou encore Jonas (Brenton Thwaites). Ils vivent au sein de sociétés proches de la nôtre, en pire. Leur point commun ? Ils s'insurgent contre l'oppression et deviennent tous des symboles de liberté au sein de leur communauté. Ils sont surtout les nouveaux Indiana Jones et Luke Skywalker, en plus jeunes : ils ont beau ne pas avoir vingt ans, ils font désormais ce qui était avant dévoulu aux adultes. 2014 restera leur année, celle où ils auront envahi les écrans pour s'imposer en icônes bankables aux yeux des studios.
Toujours le même schéma : seule contre tous
Hunger Games et Divergente : voilà le pari gagnant des studios Lionsgate pour susciter l'intérêt des plus de 12 ans. Ces nouvelles franchises, qui prennent la suite de Harry Potter et Twilight, ont un point en commun : elles dressent toutes deux le portrait d'une société dystopique. Ces films d'anticipation présentent des communautés construites en suivant des modèles sociaux et politiques privant une partie de la population - la majorité, en fait - de sa liberté, de son humanité ; exploitant les plus faibles et les parias afin d'assurer le bien-être des plus aisés. Dans Hunger Games, ce sont 12 districts répartis par ressources qui cultivent et produisent avec leur savoir-faire spécifique, puis alimentent le Capitole où luxe et richesses s'étalent. Chaque année, une télé-réalité - un peu trop réelle - organisée par les puissants impose qu'une jeune fille et qu'un garçon de chaque district soient choisis en tant que "tributes" et combattent à mort, jusqu'au dernier survivant, pour offrir au district vainqueur des vivres supplémentaires. Dans Divergente, pas de districts mais des factions, au nombre de cinq, qui se répartissent les talents. On est soit audacieux, soit érudit ou altruiste, sincère ou fraternel. Ceux qui témoignent de plusieurs de ses qualités, les "divergents", sont alors traités en parias et n'ont pas le droit de participer à la vie de la communauté.
Suivant la même trajectoire dans les deux films, chaque héroïne se distingue des autres grâce à une particularité naturelle ou fait un choix qui la démarque. Et toujours vient l'épreuve ou le dilemme, puis l'affrontement avec l'autorité. Au final, le résultat est le même : faire ce qui est juste pour que le bien gagne. Des films tellement semblables par leur synopsis que l'on croit avoir devant nous un remake. La chaine Youtube Screen Junkies met justement en avant les similitudes des héroïnes Katniss (Jennifer Lawrence) et Tris (Shailene Woodley), ainsi que les histoires très proches des deux films, dans le Honest Trailer de Divergente.
Les sagas Hunger Games et Divergente ne sont pas les seules adaptations d'histoires d'ados en butte avec une société post-apocalyptique que le cinéma emprunte à la littérature jeunesse. The Giver (prévu le 1er novembre en France) et Le Labyrinthe (cette semaine en salles) mettent de nouveau en scène un adolescent qui, par sa singularité, va bousculer les codes et aller contre l'autorité. Cette fois, on laisse nos héroïnes de côté pour se concentrer sur deux jeunes garçons. L'un devient receveur des émotions et autres souvenirs oubliés, dans un monde où la mémoire est annihilée afin de préserver la paix entre concitoyens. Jonas (Brenton Thwaites) découvre alors, dans les mains du Giver (le passeur de mémoire joué par Jeff Bridges) ce que veux dire aimer, et apprend à ressentir des douleurs, physiques et psychologiques, inconnues jusque-là.
L'autre garçon, celui du Labyrinthe, Thomas (Dylan O'Brien), se réveille sans souvenirs, dans une prison à ciel ouvert, piégé avec plusieurs dizaines de garçons au cœur d'un dédale. Sa seule obsession sera alors d'en trouver la sortie. Bien que succintement présentée dans ce premier volet prévu pour devenir une saga, la société dystopique du Labyrinthe est bien l'ennemie invisible de notre héros, celle qui le pousse à se libérer à tout prix du piège et l'incite à découvrir pourquoi lui et d'autres y ont été enfermés. L'adversaire prend ici la forme de bêtes monstrueuses cachées dans le dédale par les "Créateurs" - déjà responsables de la présence des garçons au cœur du labyrinthe - à l'instar d'un président Snow (Donald Sutherland) glacial et toujours en conflit avec Katniss dans Hunger Games, ou d'une Jeannine Matthews (Kate Winslet), leader des érudits, qui se transforme en dictateur dans Divergente.
17 ans : si petit, et déjà un héros...
L'avenir de tout un peuple se retrouve entre les mains d'un adolescent. Rien que ça. Là où l'on verrait un adulte, quelqu'un de fort physiquement et psychologiquement, de mature et avec du vécu - et qui a fini de grandir - on trouve à la place un adolescent pour tous nous sauver.
Par le passé, les films de science-fiction et d'anticipation ont longtemps valorisé l'impact positif des innovations technologiques imaginaires : l'avenir contenait une promesse de progrès. Avec les dystopies a émergé une autre vision, sombre, où l'homme subit les erreurs du passé et se heurte à la déshumanisation de la société, au contrôle des libertés personnelles. Loin de l'évolution technologique radieuse, l'anticipation sociale et politique devient sinistre, avec des individus à la fois conditionnés par le groupe et privés de sentiments élémentaires jugés néfastes, car susceptibles de se retrouver à l'origine de malheurs ou de guerres.
Un bon nombre d'œuvres littéraires et cinématographiques - originales ou adaptées - traitent d'une société dystopique. Mais le motif récurrent dernièrement au cinéma - et particulièrement cette année avec quatres films sur ce sujet - c'est que le rôle principal est réservé aux moins de 20 ans. Dans Le Labyrinthe, adaptation du roman de James Dashner, 95 % des personnages mis en scène sont des adolescents. Le film s'adresse ainsi à une cible bien précise, qui s'identifie immédiatement au héros (et qui a souvent déjà lu les romans), mais les sujets abordés, eux, sont bien adultes. Sans tabou, la mort, la faim et les sacrifices sont montrés dans ces teen movies SF. Quand on envoie 24 filles et garçons entre 12 et 18 ans s'entretuer pour nourrir leur district - le sujet de Hunger Games - cela n'a rien d'une partie de campagne. De son côté, Divergente parle de génocide, avec son leader charismatique et prêt à tout pour imposer son idéologie "pour le bien de tous".
Le futur sombre : angoisse adolescente
La littérature jeunesse aborde de plus en plus cette idée où l'on retire une part d'humanité aux Hommes pour qu'ils suivent les règles. Le cinéma suit le mouvement, mettant en images un avenir sombre où le héros n'est pas jeune sans raison. Il est évidemment là pour s'adresser principalement aux 12-20 ans, dont le porte-monnaie est devenue la convoitise de toute l'industrie du spectacle. Il traduit aussi les peurs des plus jeunes, celles d'une société formatée où l'on vous range dans des cases, sous la surveillance omniprésente des adultes et de Big Brother. Dans les films cités, le héros se retrouve toujours à faire un choix difficile, puis il entre dans une phase d'apprentissage qui définira son rôle auprès des autres. Il y a là un parallèle avec la vie d'un adolescent standard quand celui-ci commence à faire ses propres choix et décide de son avenir, de ce qu'il veut faire dans la vie. On retrouve d'ailleurs dans les alliés de nos héros, leurs amis et leur famille, les soutiens censés nous accompagner quand on grandit. Le futur post-apocalyptique décrit dans les films, lui, traduit l'appréhension de l'adolescent devant son inéluctable entrée dans la vie active, la vision qu'il se fait d'un monde adulte inhospitalier. Même inscrit dans un monde où tout semble foutu d'avance, le récit d'apprentissage n'est donc jamais loin.
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itachi16 octobre 2014 Voir la discussion...
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Tyr4nt17 octobre 2014 Voir la discussion...
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jenanaipa17 octobre 2014 Voir la discussion...
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Emeline300918 octobre 2014 Voir la discussion...
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cath4419 octobre 2014 Voir la discussion...
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jared33317 février 2019 Voir la discussion...