Venise 2012 - Jour 3, on respire
Troisième jour à la Mostra et on commence à s'y sentir bien. Les projections s'enchainent, le niveau des films augmente.
Avant le début du week-end qui sera marqué par les projections des films de Terrence Malick et Paul Thomas Anderson, le festival reprend son souffle le temps d'une journée. Ainsi, aucun film en compétition n'était présenté à la presse vendredi. Nous n'étions toutefois pas en reste avec de nombreuses projections dans les sélections parallèles et le passage sur le tapis rouge d'un certain Zac Efron.L'image qui suit est dédiée à toutes les jeunes filles en fleur qui sommeillent en vous.
Le film du jour de la veille
Le titre de cette rubrique indique habituellement qu'il s'agira d'un film vu la veille de la publication de l'article. Sachant que la rédaction du texte en question aura pu, selon l'heure de la projection, être écrit soit le jour-même, soit le lendemain. Dans le cas présent, le film a été découvert avant-hier tard, mais il y avait alors trop à dire sur les autres films vus dans la journée. Il faut enfin savoir que j'écris en fait ces mots, non pas aujourd'hui, mais hier. Comme vous pouvez le constater, l'enchainement des séances et des plages de rédaction peut avoir sérieusement tendance à brouiller la notion du temps. On est quel jour déjà ?
Paradise : Faith d'Ulrich Seidl
Je dois avouer que j'attendais Seidl au tournant. La phrase précédente ne comporte pas de contrepèterie, elle est vraie. Cette méfiance date de la présentation de Paradis : Amour en mai dernier à Cannes.
Le film - qui ouvrait ainsi une trilogie dont le dernier volume devrait être présenté l'année prochaine à Berlin - suit les tribulations d'une grosse autrichienne en mal d'amour qui part faire du tourisme sexuel au Kenya. Le tout fonctionnant sur une recette qui doit beaucoup à son directeur de la photographie Ed Lachman (Ken Park, Erin Brockovich, Virgin Suicides) : la célébration complaisante de toutes les laideurs est contre-balancée par une esthétique renversante. Ainsi, en filmant un orage de nuit à une station de train, Seidl nous offre pour quelques secondes le plus beau plan de ce début de festival.
Ce qui se joue à l'écran est dégueulasse, mais les plans sont magnifiquement composés. Ce traitement visuel et la neutralité du récit ont un effet pervers : ils réduisent les actes des personnages, quels qu'ils soient, à une plaisante bouffonerie. Comme si le grotesque exonérait de charges morales.
Avec Paradise : Faith, même formule mais le programme varie. La protagoniste, qui se trouve être la soeur de l'héroïne du précédent film, est une catholique intégriste ; amoureuse du Christ. En VRP de la vierge, elle consacre ses vacances à la mission complexe consistant à reconvertir l'Autriche au catholicisme. Son ambitieux porte à porte la conduit à rencontrer nombre de paumés qui donnent au film ses meilleures séquences. Un vieux en slip qui commente avec malice le Notre Père et explique pourquoi les hommes ne sont pas faits pour s'agenouiller, un couple non-marié qui doit se justifier de vivre dans le pêché... On croit même, après plusieurs tableaux réussis, échapper au déroulement pépère du prêt-à-choquer. Mais le naturel rattrape Seidl au galop. Paradise : Faith paie ainsi le manque d'imagination de ses scènes les plus offensives étirées à l'extrême en vue d'un malaise qui n'arrive même pas, tant l'intention est visible.
La scène du jour : Who the fuck is Annie?
Lumineuse idée pour ce documentaire sur Michael Jackson (Bad 25) de se focaliser uniquement sur l'album sorti en 1987. Le résultat, extrêmement bien documenté, est passionant et permet d'apprécier à sa juste valeur le génie du King of pop. Disséquant chacun des morceaux de l'album et des cli... *pardon* des courts-métrages associés, le film dépasse un peu sa forme ultra-conventionnelle grâce à un excellent montage. De nombreuses séquences vallent le coup d'oeil, mais on retiendra celle où Kanye West et Chris Brown avouent n'avoir jamais su enfants, qui était cette foutue "Annie" du refrain de Smooth Criminal. Il s'agit en fait du nom d'un mannequin de secourisme sur lequel MJ s'était entraîné à la réanimation : « Annie Are you ok, Annie Annie are you ok. So, Annie are you ok, are you ok, Annie? »
Pic of ze day
Spike Lee says hello.
Blow Up
La présentation officielle du film avec Zac Efron évoqué hier a, sans surprise, créé l'émoi sur le tapis rouge. N'écoutant que notre courage, nous nous sommes jetés dans la foule hurlante pour prendre la température d'une hystérie adolescente qui a bien peu à voir avec le cinéma. « Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! »
Au micro de nos confrères de la Rai, l'ami Zac devait certainement s'expliquer sur le déchainement de passion qu'il suscite.
En ré-examinant la photo au calme, un détail a toutefois attiré notre attention.
L'acteur qui venait de signer quelques autographes aux plus zelées de ses groupies portait sur la main quelques stigmates de son affrontement avec les feutres de jeunes filles déchaînées. Touché au combat, mais toujours souriant : quel homme !
À demain pour tout savoir sur la projection de The Master de Paul Thomas Anderson.
Retrouvez le récit de la Mostra 2012 au jour le jour.
Photos : © David Honnorat
Je vais dire à @hugues.derolez @raphaelclair @chrisbeney @clementinenyc et @hendiike de faire la même chose :)
Et oui, @IMtheRookie, faut que je prenne mes marques et que je vois des films, surtout... mais volontiers pour créer une nouvelle liste des films vus ici.
(même si c'est une mini-série, tu penses que ce serait possible d'ajouter la fiche "Shokuzai" de Kurosawa à sa filmo ?)