The Wicker Man / The Wicker Man

Morceaux de choix pour le remake de cette semaine, The Wicker Man (1973) de Robin Hardy et la version 2006 de Neil LaBute. Le premier est un classique du cinéma anglais propulsé film culte grâce à son ambiance et à sa réalisation, alors que son remake est devenu culte dans certains cercles à cause des incohérences de scénario et du jeu, jugé catastrophique, de Nicolas Cage.

Wicker Man est un film d'épouvante, où un policier part dans une île isolée du monde enquêter sur l'étrange disparition d'une petite fille. Une fois sur place, l'inspecteur se rend compte que les habitants de l'île cachent un terrifiant secret et s'apprêtent à faire des sacrifices humains. Le film reprend des situations et des lieux propres aux films de genre comme ceux de la Hammer, mais le propos et la réalisation vont beaucoup plus loin, l'ambiance malsaine et dérangeante symbolisée par des petits détails comme ces innocents masques d'animaux, hanteront longtemps les spectateurs du film.

Pour le remake, c'est une autre histoire...

Les acteurs
C'est l'excellent Edward Woodward qui tient le rôle principal dans le film original, mais c'est Christopher Lee qui lui vole la vedette alors qu'il ne tient qu'un rôle secondaire. L'acteur anglais était habitué aux rôles de vampires dans les productions de la Hammer et il était intéressé par un changement radical de registre. Dans Wicker Man il joue toujours un méchant, mais cette fois-ci sur un ton plus débonnaire et avec une psychologie bien plus poussée...

Dans la version américaine c'est Nicolas Cage qui tient le rôle de l'inspecteur et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on est loin du flegme anglais. Autant Cage peut être excellent parfois, autant s'il en fait trop et commence à cabotiner c'est une toute autre histoire :

L'ambiance
L'action du film est déplacée des îles écossaises à l'Utah, autant dire que l'ambiance change donc radicalement. La version originale était filmée sous un temps maussade et des ambiance gris et bleuté qui donnaient un certain coté onirique aux scènes. Le remake est beaucoup plus éclairé et les couleurs éclatent littéralement, pour un film de l'office de tourisme c'est parfait, pour un film angoissant ça l'est beaucoup moins. On peut quand même noter un hommage à l'Ecosse et à Mel Gibson dans Braveheart :

Le scénario
Le scénario du film reste identique dans les deux versions, c'est à dire assez basique. En 1973 Robin Hardy se servait de ce canevas pour y insérer des plans esthétisants (danse érotique de Britt Ekland) et des discussions théologiques, faisant de Wicker Man un film thèse sur l'animisme et l'utopie de la vie en communauté.

Le remake pédale un peu dans la semoule, il reprend certains des morceaux de bravoure du film original mais se débarrasse de toute son ambiguïté intellectuelle. Les petits ajouts scénaristiques sont assez maladroits, comme le(s) personnage(s) des soeurs siamoises qui délivrent des prophéties au héros qui n'ont absolument rien à voir avec l'intrigue, ou bien les moments de comédie vaudevillesque qui tombe complètement à plat :

Le Wicker Man de 2006 est donc un navet de compétition et il a d'ailleurs été nominé dans cinq catégories des Razzie Awards (les oscars des mauvais films). Il est malheureusement rentré bredouille, mais seulement parcequ'il était en compétition avec Basic Instinct 2.

Christopher Lee a dit que son rôle dans Wicker Man était celui dont il était le plus fier, Nicolas Cage ne peut vraisemblablement pas en dire autant. Des internautes se sont d'ailleurs amusés à imaginer les réactions de Cage visionnant sa propre prestation, en insérant des plans de 8mm :

Mais bon, Cage s'en fout c'est une star de l'Internet mondial !