Trailer est-il ? : Paranorman, French immersion, Mangez-moi...
Lancée en janvier 2009 sur le site Ecrans.fr, Trailer est-il ? est une chronique hebdomadaire compilant une demi-douzaine de bandes-annonces diverses et (a)variées : grosses machines, séries Z, raretés et plus encore... L'aventure Libé/Ecrans.fr s'étant achevée pour son rédacteur de mauvais goût, c'est sur Vodkaster qu'elle se poursuit après plus de trois mois d'interruption malheureuse. Enjoy, bitches.
Excuse my French
Ah, le décalage culturel et linguistique entre deux zones d'un même pays, cette sempiternelle source d'humour régionaliste pas toujours de première fraîcheur, mais parfois efficace... Si la France n'est pas avare de films exploitant ce filon (coucou Dany Boon), nos cousins canadiens ne sont pas les derniers, puisque dès 2006, ils dégainaient la comédie policière Bon Cop Bad Cop, dont le pitch était le suivant : un cadavre est retrouvé à la frontière de l'Ontario et du Québéc. Littéralement à la frontière, hein, puisqu'il pendouille sur le panneau séparant les deux états, obligeant deux flics que tout opposent, à commencer par la langue (english vs français) à travailler ensemble. Cinq ans plus tard, Kevin Tierney, producteur de Bon Cop, passe à la réalisation avec French Immersion qui suit l'apprentissage du français de cinq anglophones en formation dans un bled paumé québécois. Le casting propose du lourd (Robert Charlebois quand même), à commencer par la so cuuute Karine Vanasse, vue dans Polytechnique. Notons qu'elle s'y connaît, en immersion française, la jolie Karine, puisqu'elle incarne une hôtesse de l'air frenchy dans la série américain Pan Am. Ah, et si vous ne savez pas qui est ce bon vieux Trudeau auquel le titre fait référence, Wikepedia est là pour vous.
Paranorman fait des vidéos
Un peu isolé dans son patelin de cambrousse et fan de films d'horreur, le petit Norman a le don de parler aux morts, une spécialité qui, couplée à une cure de couscous, peut porter la poisse. Cette aptitude va s'avérer bien utile pour sauver sa ville d'une vieille malédiction. Produit par l'équipe derrière Coraline, l'adaptation du bouquin de Neil Gaiman, ParaNorman a été écrit par Chris Butler, également co-réalisateur du projet avec Sam Fell. S'il s'agit de son premier long, Butler a déjà eu l'occasion de bosser sur les storyboards des Noces Funèbres (impossible de ne pas penser au style de Tim Burton, certes) et de Coraline. Voilà en tout cas une première bande annonce prometteuse, à l'esthétique impeccable. Et comme on dit sur les Internets, « +1 » pour la bande son, uniquement composée du tube de Donovan, Season of the Witch. Il était temps de réhabiliter ce chouette titre, subtilisé dans sa version originale par la dernière bouse médiévale avec Nicolas Cage, plus connue dans nos contrées sous le blase Le Dernier des Templiers.
Promo zombie : deux pour le prix d'un
Il est des coïncidences qui ne trompent pas : le zombie, par nature mort-vivant, tendrait à être plus mort que vivant en 2011. En ces lendemains d'Halloween, inutile de se voiler la face : si The Asylum et Uwe Boll nous sortent quasi conjointement leur film de zomblard, c'est qu'il serait peut-être temps d'en finir. Côté The Asylum, cette société spécialisé en séries Z opportunistes, on nous gratifie d'un Zombie Apocalypse produit pour la chaîne SyFy, avec au casting ce bon vieux Ving Rhames, toujours partant pour faire n'importe quoi entre deux Missions impossibles. Le trailer laisse entendre que niveau originalité, faudra revoir ses attentes à la baisse :
A contrario, le Zombie Massacre produit par Uwe Boll, a l'air bien plus alléchant. La chose est réalisé par un duo transalpin, Luca Boni et Marco Ristori, qui avaient déjà signé un film similaire également produit par Boll, Eaters, dont on avait parlé l'été dernier. Les zomblards de Zombie Massacre, qui n'ont a priori rien à envier à ceux de la soporifique série The Walking Dead, proposent un look mutant assez réussi, et c'est déjà pas mal :
A tombeau ouvert
On peut tout à fait naître en Allemagne puis grandir en Australie pour y devenir ambulancier, écrivain et réalisateur. Ce cursus, certes pas si fréquent, est celui de Benjamin Gilmour, qui a décidé de parler de son métier (celui qui consiste à sauver des vies en roulant très vite avec une sirène) dans un livre intitulé Paramédico, basé sur des histoires recueillies en Angleterre, au Mexique, en Islande et au Pakistan. Galvanisé par l'expérience, Gilmour a décidé d'en faire un docu, en tournant également des passages à Venise et Hawaï. Si le tournage est dorénavant achevé, le réalisateur fait appel à la générosité des internautes pour boucler son budget de post-prod. Que vous soyez d'humeur généreuse ou pas, voyez donc le trailer de Paramédico, qui devrait sans peine nous changer des reportages français similaires putassiers rediffusés ad nauseam sur la TNT :
Has-never-been
On reste dans le documentaire (oui, désolé, mais y'a des choses plus sérieuses que les zombies ou Jason Statham qui se déroulent dans ce bas monde, hein), direction Hollywood cette fois-ci avec The Table, signé Ana Barredo. Dans ce film à fort potentiel de malaise, on suit les participants d'une réunion hebdomadaire un peu spéciale : chaque jeudi, depuis près de 20 ans, un groupe de wannabe acteurs, techniciens, scénaristes et metteurs en scène rejetés par le système hollywoodien se retrouvent autour d'un dîner / apéro pour papoter de leurs échecs respectifs. Le trailer montre ainsi un comédien infortuné déclarer « aujourd'hui, j'ai reçu une nouvelle lettre de refus, je l'ai brûlée dans mon jardin » et se faire applaudir illico par l'assistance solidaire. A mi-chemin entre la thérapie de groupe et les Alcooliques Anonymes (même si, en l'occurrence, l'anonymat est ici vécue comme une plaie !), ce rendez-vous un peu spécial mené par un certain Mark Haynes est assez connu du microcosme cinématographique californien : même Guillermo Del Toro semble être au parfum puisqu'il intervient dans le docu. On espère, sans trop y croire, un happy end pour la plupart des intervenants concernés.
Une bonne auberge
On en parlait dans le premier numéro de cette V2 de Trailer est-il ?, la boîte new-yorkaise Glass Eye Pix a le vent en poupe. Spécialisée dans l'épouvante sans chichis mais efficace, la société revient avec The Innkeepers, une ghost story urbaine qui marque le retour à la mise en scène de Ti West, remarqué avec son (joli mais chiant) The House of the Devil. Difficile de « bien vendre » une histoire d'hôtel hanté avec une bande annonce sous peine de déflorer complètement l'intrigue, mais l'aperçu ici donné fait plutôt envie. On en dira pas autant du casting puisqu'on y retrouve la blondinette Sara Paxton, sosie quasi-officiel de Sara Forestier croisée dans un paquet de daubes comme l'étron Super Héros Movie ou le poussif Shark 3D.
La grande bouffe
On termine avec du porno parce qu'on n'a rien contre, loin de là, et aussi parce qu'en glissant savamment dans un article des mots clés comme teen, anal, sexe, lolitas ou hardcore, on est toujours sûr d'attirer un ou deux coquins égarés sur Google. Le film en question est le nouveau long de John B. Root, intitulé Mangez-moi, que Canal+ diffusera en mars 2012. On n'a pas trop bien compris le script mais c'est toujours sympathique de revoir Titof le hardeur, beaucoup plus drôle que Titoff le comique, et qui se trouve au passage être un grand fan de cinéma de genre, ce qui ne gâche rien. Au delà de ses ralentis savoureux, le trailer de Mangez-moi, ici présenté dans une version « safe for work », vaut le détour pour ses improbables floutages et autres incrustations de « parental advisory explicit content » sur les corps dénudés. Le seul problème apparent du film est son titre, qui peut éventuellement vous insérer dans le crâne et sans vaseline une ritournelle infernale.
