Au prochain bang, il sera exactement 3 heures et 10 minutes

Trois heures dix pour Yuma / 3h10 pour Yuma

Le remake de la semaine | Par Marie Piot | Le 14 novembre 2010 à 11h20

Relever le défi du remake de Western, genre cinématographique depuis longtemps enterré, se doit d'être une décision mûrement réfléchie. Quelques cinéastes hollywoodiens s'essayent pourtant à l'exercice périlleux, en quête constante de renouveau d'un concept qui a du style.

Pour certains, le challenge semble plutôt brillamment relevé, même si les critiques n'offrent pas aisément leurs faveurs. Exemple avec 3h10 pour Yuma de James Mangold, remake du chef-d'oeuvre du même nom, sorti en 1957 et réalisé par Delmer Daves. Aux vues des qualités indéniables de cette aventure pleine de testostérone et de poussière, énonçons cinq points qui pourraient faire la réussite d'un western contemporain :

1. Un scénario dépoussiéré
La version originale, Trois heures dix pour Yuma, est tirée d'une nouvelle éponyme d'Elmore Leonard, parue pour la première fois en 1953 dans Dime Western Magazine.

L'histoire reste la même : Ben Wade, hors-la-loi de renom, se fait capturer dans une petite ville d'Arizona. Pour mettre fin à ses méfaits, un groupe d'hommes armés se met en route à travers les contrées désertiques. Parmi eux, Dan Evans, vétéran infirme et fermier au bord de la ruine, accepte de les accompagner pour 200 dollars et l'estime de son fils, qu'il a depuis longtemps perdue. Leur but commun : escorter Ben Wade jusqu'à Contention City, d'où il sera conduit à la prison de Yuma par le train de 3h10.


Ben Wade arrêté extrait de Trois heures dix pour Yuma

La seconde version conserve la tension créée dans l'original. L'affrontement entre Ben Wade et Dan Evans est avant tout psychologique. Le spectateur veut savoir qui des deux hommes va flancher le premier. Le récit affirme peu à peu sa complexité et la trame sous-jacente qui le constitue, par la tournure inattendue qu'il prend.

2. Le bon vs la brute
Au sommet de l'affiche, Russel Crowe et Christian Bale interprètent Ben Wade alias Glenn Ford et Dan Evans alias Van Heflin de 1957. La relation qu'entretiennent les deux protagonistes principaux étonne : ils ont l'un pour l'autre un respect grandissant, mutuel et inavoué.

Pour les autres, pas de pitié :


They're gonna hang me in the morning extrait de 3h10 pour Yuma

3. Des As de la gâchette
Le Cow boy est un solitaire. Tirer avant de parler peut passablement altérer les relations sociales, et de fait, il a peu d'amis.


Combat extrait de 3h10 pour Yuma

Ainsi donc, en bon archétype du Western, 3h10 pour Yuma contient son lot de scènes de bagarre et de plans fixes sur les visages marqués par les crosses de pistolet et burinés par le soleil.

4. Un désert crédible
En 1956, le tournage de Trois heure dix pour Yuma se déroule à Sedona, en Arizona. 50 ans plus tard, James Mangold boucle son tournage en 54 jours, dans la région désertique du Nouveau-Méxique, aux Etats-unis. Le cinéaste souhaite respecter la version originale du scénariste Halsted Welles. Cependant, il considère la traversée du désert et ses obstacles (Les Apaches et les constructeurs de la voie ferré) comme étant un élément essentiel à l'accointance naissant entre les deux héros. Il préfère donc étoffer ce passage, relativement négligé par Delmer Daves.

Ce dernier aura privilégié l'attente :


Les femmes ! extrait de Trois heures dix pour Yuma

5. Une morale
Ces Westerns ne sont pas simplement constitués de regards en biais et d'armes dégainés plus vite que son ombre. Sous la poussière et la sueur, Dan Evans et Ben Wade se comprennent bien plus qu'ils ne le souhaitent. Le fermier cherche son honneur perdu, et le bonheur de sa famille. Quant au braqueur de diligences, il se dit perdu mais connaît la bible par coeur et condamne fermement les meurtres d'innocents.

Verdict : le remake restera toujours en déça de l'oeuvre originale (question de principe finalement). Preuve en est faite avec la musique, si discrète et banale dans le nouvel opus, que l'on peut douter de son existence. Est-ce un manque et/ou un oubli volontaire de la part de Mangold ? Lui seul le sait.

La bande originale de 1957 ne s'oublie pas, elle :


Ouverture extrait de Trois heures dix pour Yuma
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