Venise 2011 : Pronostics, rumeurs et prix spéciaux...
La Mostra de Venise se termine. Avant l'heure des bilan vient celle des pronostics. L'exercice n'a rien de facile puisqu'il faut aussi bien avoir du flair que les oreilles qui trainent. Notre volonté de voir un maximum de récompenses pour cette Compétition 2011 de haut niveau nous pousse même à imaginer quelques trophées supplémentaires de notre cru. Pas sûr, en revanche, que les lauréats soient ravis de repartir du Lido avec ces prix-là?
Lion d'or du Meilleur film
Les nommés sont :
- Shame : Bizarrement, l'atypique et sulfureux second film de Steve McQueen (Hunger) semble mettre tout le monde d'accord. Le buzz sur sa capacité à rugir samedi soir ne faiblit pas.
- Carnage : Le film de Roman Polanski est l'un des grands favoris mais seulement si le Jury ne l'a pas déjà oublié. Il fut présenté le second jour d'une Compétition intense : en temps festivalier, ça fait une éternité?.
- Alps : Yorgos Lanthimos, le réalisateur grec de Canine, a divisé le Lido avec sa fable tragi-comique mais l'audace de sa proposition peut jouer en sa faveur.
Et le gagnant est :
Shame : Le Président du jury Aronofsky étant un grand fan de super-héros (il a failli adapter Batman : Year One et livrer une suite à Wolverine), nous imaginons sans mal que les aventures d'un étalon au magnétisme presque surnaturel ont dû le rendre tout chose.
Prix d'interprétation féminine
Les nommées sont :
- Ariane Labed, dans Alps : Lauréate l'an passé avec Attenberg, l'actrice française pourrait réussir un doublé grâce à une nouvelle performance très charnelle.
- Kate Winslet et Jodie Foster, dans Carnage : Un duo survolté. A l'évidence, les deux actrices pourraient bien se partager la prestigieuse "Coupe Volpi" de la Meilleure actrice.
- Selma Blair, dans Dark Horse : Attention à Selma Blair? Si elle est aussi expressive qu'une gondole un jour de pluie dans le film de Todd Solondz, elle serait en lice pour la récompense selon nos sources secrètes.
Et la gagnante est :
Kate Winslet, dans Carnage : Oui, toute seule? Nous n'avons rien contre Jodie Foster mais Kate Winslet, à la fois présente sur le Lido pour Carnage, Contagion et la série TV Mildred Pierce, n'a visiblement aucune intention de repartir les mains vides.
Prix d'interprétation masculine
Les nommés sont :
- Matthew McConaughey, dans Killer Joe : L'acteur, souvent moqué, impressionne dans le rôle-titre du nouveau Friedkin. Le jury pourrait lui desservir un Prix d'interprétation / réhabilitation comme ce fut le cas pour Ben Affleck en 2006 avec HollywoodLand.
- Rotem Keinan, dans The Exchange : Les jurés de festivals faisant parfois n'importe quoi, on imaginerait presque l'insipide tête d'affiche de The Exchange l'emporter samedi soir.
- Michael Fassbender, dans Shame et A Dangerous Method : La star de X-Men : le commencement, avec deux rôles forts en Compétition, a d'emblée doublé ses chances.
Et le gagnant est :
Michael Fassbender, dans Shame et A Dangerous Method : Dans le premier, il vous séduit sans piper mot. Dans le second, il investit même votre esprit. Impossible de lui résister !
Prix de la Meilleure mise en scène
Les nommés sont :
- Faust : Le film du cinéaste russe Alexander Sokurov est tellement beau que chacun de ses plans semble avoir été peint des heures durant. Un candidat sérieux.
- Les hauts de Hurlevent : L'adaptation du classique d'Emily Brontë par Andrea Arnold est animée des même qualités que le Sokurov. Le pouvoir de la nature en plus. Et l'année du sacre cannois de Terrence Malick, ce n'est pas anodin.
- Himizu : Sa force réside surtout dans l'émotion qui se dégage de ses dernières séquences, mais l'énergie (et c'est un euphémisme) déployée par Sono Sion pourrait créer la confusion et lui permettre de ravir le Lion d'argent.
Et le gagnant est :
Faust : Ayant survécu de peu à plusieurs catastrophes cette semaine, c'est forcément le dernier soir que le pire devrait nous arriver. Et que peut-on imaginer de plus terrifiant qu'une gigantesque fête improvisée par les colocs russes de notre appartement ?
Prix du Meilleur scénario
Les nommés sont :
- Life Without Principle : D'habitude, les films de Johnnie To nous filent une claque via leur mise en scène. Cette fois-ci, c'est aussi le cas avec son scénario sur fond de crise grecque. Nous avons été scotché, alors gageons que Darren et les siens aussi.
- Killer Joe : Les rebondissements et les dialogues gratinés du polar (à l'humour) noir de William Friedkin pourraient aussi séduire le jury d'Aronofsky.
- La Taupe : Une enquête qui ne nous a aucunement emballé, mais nous croyons pourtant en ses chances. Pour peu que le jury ait trouvé l'adaptation du roman de John LeCarré rondement menée?
Et le gagnant est :
Life Without Principle : Parce que si l'on traduit mot à mot l'appellation du groupe de scénaristes du film, ça donne : "L'équipe créative de la voie lactée". Quelle classe !
Prix "Tarantino" du Lion d'or improbable
Les nommés sont :
- The Exchange : Pour succéder au chétif Lionceau d'or 2010 Somewhere, la fable sans saveur d'Eran Kolirin a toutes ses chances? de n'en avoir aucune.
- L'ultimo terrestre : Le Lion d'or le plus farfelu serait assurément L'ultimo terrestre, qui se paye le luxe d'être moins drôle que L'extraterrestre des Inconnus.
- Kotoko : Aronofksy adore Tetsuo de Shinya Tsukamoto. Le Président battrait à plate-couture Tarantino s'il décernait la récompense suprême à ce cinéaste? puisque son Kotoko n'est même pas en compétition.
Et le gagnant est :
The Exchange : Le réalisateur a avoué s'être inspiré de ses propres errances dans les hôtels et aéroports vides pendant ses tournages. Un peu comme Sofia, donc?.
Prix de la scène la plus « WTF ??? »
Les nommés sont :
- L'aile de poulet de Killer Joe : La scène de fellation pratiquée par Gina Gershon sur un cuisse de poulet sortie d'un bucket KFC n'aura pas fait rire tout le monde. Du jamais-vu, en tout cas.
- Le ventre de l'ogre dans Le petit poucet : Denis Lavant, en ogre géant, dévore le petit poucet de Marina De Van. A l'intérieur de l'estomac, visuellement très "cheap" : des chats, des biches, des enfants? Puis tous en ressortent comme s'ils s'échappaient de l'Arche de Noé.
- Prince dans Alps : Dans Alps, Ariane Labed se lance dans une singulière imitation muette du "chanteur mort" anciennement connu sous le nom de Prince.
Et le gagnant est :
Le menu érotique du KFC dans Killer Joe : Parce que Matthew McConaughey a du mérite pour parvenir, in fine, à jouir via son aileron de poulet?
Prix de la Meilleure tête-à-claque
Les nommées sont :
- Rotem Keinan, dans The Exchange : Nous l'avons déjà sabré plus haut, mais dans ce rôle de professeur apathique, Rotem a tout d'un champion de la catégorie.
- Chloë Moretz, dans Texas Killing Fields : Avec sa petite moue à la Michael Pitt et sa tête de chien battu, il suffit à l'actrice de Kick-Ass de simplement faire acte de présence pour mériter sa nomination.
- Gabriele Spinelli, dans L'ultimo terrestre : Il est en lice pour cette récompense même s'il a déjà reçu cette année le Prix du Meilleur sosie de Laurent Lucas au vingtième Festival du film de paralysie faciale.
Et le gagnant est :
Rotem Keinan, bien entendu : Un prix qu'il pourrait partager avec Sharon Tal, sa femme dans le film, pour leur capacité commune à relâcher tous les muscles de leur visage dès que le réalisateur dit : "Action !".
Prix du Pire parent
Les nommés sont :
- Le père, dans Killer Joe : C'est l'un des parents les plus odieux de la Compétition. Incarné par Thomas Hayden Church, il invite sans vergogne son fils à se suicider.
- Le père, dans Himizu : Il prononce l'exacte même phrase choc que celui de Killer Joe. Mais avec le sourire en prime !
- La mère, dans Kotoko : La mère complètement timbrée du film éponyme de Shinya Tsukamoto manque, quant à elle, de brûler son nouveau-née avec un wok et fantasme de le faire tomber du toit de son immeuble.
Et le gagnant est :
Le père, dans Himizu : Victoire incontestable de cet ignoble papa qui incite son fils à mettre fin à ses jours et le gifle à tout bout de champ (une monnaie courante chez Sono Sion, toutefois). Le petit plus qui fait toute la différence : il avoue souhaiter la mort de son enfant pour toucher une prime gouvernementale. Pas cool.
Prix d'interprétation génitale
Les nommés sont :
- Le bazar de Michael Fassbender, dans Shame : Il ne faut que quelques minutes de film à Steve McQueen pour dévoiler plein cadre le pénis de Michael Fassbender et assouvir les fantasmes de moult cinéphiles.
- Le "buisson" de Gina Gershon, dans Killer Joe : Le naturel avec lequel la comédienne dévoile le réel plein cadre est d'une élégance rare.
- Le chibre dorsal d'Anton Adasinskiy, dans Faust : Dernier candidat, et pas des moindres, le pénis inversé de Mephistopheles chez Sokurov. Un sexe dans le dos, du moins d'après nous, ce n'est pas si commun...
Et le gagnant est :
Le bazar de Michael Fassbender, dans Shame : Et encore une victoire pour l'acteur de Shame. Même quand Steve McQueen le filme de dos, son appendice trouve encore le moyen d'être visible à l'écran? Trop fort, Michael !
Pour suivre toute la Mostra de Venise 2011
Chris & Hendy, nos envoyés spéciaux à Venise 2011