Hedy Lamarr

Actrice
Née à Vienna, Austria le 9 novembre 1914, morte le 19 janvier 2000
Connue pour...

Biographie de Hedy Lamarr

Hedy Lamarr figure aujourd'hui parmi les actrices les plus mythiques du cinéma américain, même si sa couronne lui fut souvent contestée. Avec Louise Brooks, Marlene Dietrich, Greta Garbo, Lana Turner, Lauren Bacall, Rita Hayworth, Gene Tierney, Ava Gardner, Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor et une poignée d'autres, elle symbolise le glamour de Hollywood durant l'ère des Moghols.
Surnommée « la plus belle femme du monde » par Louis B. Mayer, qui voulait en faire la nouvelle Garbo, alors que Rita Hayworth était « la déesse de l'amour » et avant qu'Ava Gardner ne devienne « le plus bel animal du monde » - le statut des actrices se dégradait -, Lamarr illumina de sa présence des films signés King Vidor, Jack Conway, Victor Fleming, Jacques Tourneur, Marc Allégret, Cecil B. DeMille, Clarence Brown, et collabora avec Josef von Sternberg et Douglas Sirk ; elle aurait été par ailleurs la maîtresse de Frank Borzage, Billy Wilder et Otto Preminger, Charles Chaplin et Orson Welles : on rêve d'une filmographie enrichie de cette manière !
Au sommet de sa gloire, entre 1938 et 1949, Hedy Lamarr fut la partenaire de James Stewart, Charles Boyer, Clark Gable, Spencer Tracy, Ray Milland, John Garfield, ainsi que leur maîtresse. Elle rencontra aussi John Kennedy, Howard Hughes, Errol Flynn et Marlon Brando entre autres, laissant à la postérité une image de reine à la fois hautaine et scandaleuse, puis celle d'une fin pathétique, entre chirurgie ratée et faits divers.
L'héroïne de Extase, Le Démon de la chair, Samson et Dalila, Dishonored Lady, Angoisse, La Dame des tropiques, Tondelayo, a certainement manqué de classiques, mais l'interprète de Hélène de Troie et Jeanne d'Arc a expérimenté de nombreux genres, du western à l'espionnage, du mélodrame à la comédie. Sa remarquable beauté est toujours incontestée. Sa mauvaise réputation tend à s'effacer. La richesse de sa vie, ses multiples facettes parlent pour la réhabilitation de la femme et de l'actrice.
A la fin des années trente, une nouvelle génération d'acteurs et d'actrices envahit Hollywood pour le plus grand bonheur des studios et du public, grands consommateurs de chair fraiche. Une foule de jeunes beautés s'imposent rapidement : l'effrontée Lana Turner, nouvelle Harlow platine, l'étourdissante Rita Hayworth, la mystérieuse Gene Tierney, la rousse irlandaise Maureen O'Hara, dont la flamboyance en technicolor évoque un coucher de soleil, Betty Grable, qui précédait Marilyn Monroe, Linda Darnell, « l'ange de Hollywood », Ida Lupino, Vivien Leigh... Parmi toutes ces femmes, deux producteurs, et non des moindres, distinguent Hedy Lamarr, qui bénéficie non seulement de sa beauté spectaculaire, mais également de sa distinction toute européenne et d'une expérience déjà longue puisqu'elle a débuté au cinéma en 1930. Elle devient pour Louis B. Mayer, le président de la Metro Goldwyn Mayer, et pour Walter Wanger, remarquable découvreur de talents, « la plus belle femme du monde » - ce qui signifie plus réalistement « la plus belle femme de l'écran » - succédant à une Greta Garbo chancelant sur son piédestal, considérée comme usée à trente-deux ans !
Pourtant Hedy, de son vrai nom Hedwig Eva Maria Kiesler, n'est la cadette de Garbo que de huit ans et fait figure d'aînée parmi les nouvelles venues. La vamp venue d'Autriche n'a rien d'une oie blanche : issue de la grande bourgeoisie de Vienne (une famille de banquiers), après des études en Suisse et le suicide d'un premier fiancé éconduit, elle a fréquenté adolescente la prestigieuse école d'art dramatique de Max Reinhardt et débuté à Berlin au Theater in der Josefsdadt - alors en pleine effervescence « weimarienne ». Toute sa vie elle revendiquera par son style de vie, avec courage dans le prude Hollywood, l'héritage d'une époque qui a marqué le vingtième siècle par sa décadence exubérante.
Dès son cinquième film, en 1933, elle est devenue une célébrité internationale grâce au premier nu intégral - le sien - et au mime d'un orgasme dans un film destiné au circuit traditionnel. Les aléas de son existence, un mariage mondain et des accointances dangereuses, une fuite rocambolesque loin des nazis, feront que la jeune femme ne reparaîtra que cinq années plus tard sur les écrans. Si son succès de scandale s'est quelque peu émoussé, Mayer lui fait quand même adopter, par mesure de précaution, un nouveau pseudonyme en hommage à Barbara La Marr, illustre vamp du muet décédée précocement en 1926 et grand amour du nabab. En 1938, Hedy renaît avec une identité neuve sur un autre continent, plus belle que jamais, avec l'aura de Greta Garbo, la délicatesse de Loretta Young, un érotisme qui tient le milieu entre Vivien Leigh et Ava Gardner.
Lamarr était certainement conçue pour une autre époque, digne rivale de Marlene Dietrich et Joan Crawford, dont elle avait la classe, voire de Gloria Swanson, véritablement la seule de sa génération qui pouvait succéder à Garbo. Joseph Cornell a écrit dans son essai « Enchanted Wanderer : Excerpt from a Journey Album for Hedy Lamarr" publié dans View (décembre 1941-janvier 1942) : « Dans le gâchis stérile des films parlants, il survient de temps en temps des passages pour nous rappeler à nouveau le pouvoir profond et suggestif des films silencieux pour évoquer un monde idéal de beauté... Et nous sommes reconnaissants à Hedy Lamarr, la flâneuse enchantée, d'avoir à nouveau parlé le langage poétique et évocateur du film silencieux, si seulement il y avait des chuchotements par moments au lieu des vociférations de la bande sonore... Parmi les comédies cinglées et les marques les plus superficielles des drames vulgaires, elle est parvenue à conserver une profondeur et une dignité qui lui permettent d'entrer dans ce monde du silence expressif. »
Sans doute, dans les années 40, la beauté de Lamarr, pas plus malmenée cependant que Gene Tierney ou Maureen O'Hara par exemple, a été utilisée de façon parfois vulgaire, comme un hochet pour hommes capable de les rendre fous et de les tuer. Lorsque les Lamarr, Tierney, O'Hara et Turner arrivèrent, les Dietrich, Crawford, Hepburn, Garbo étaient baptisées « poisons du box-office » et poussées hors du bateau. Comme avant elles Lillian Gish surnommée « la Duse de l'écran » et mise au rencard à vingt-neuf ans, remplacée aussitôt par Garbo. A Hollywood, beauté et talent se périment de concert... Les temps du « divisme » étaient passés. C'était aussi l'habitude de Mayer, auteur des renvois successifs de Gish, Garbo et Lamarr, son trio royal, quand il ne distribuait pas les actrices en sainte, épouse et mère, de les cataloguer en « femmes dangereuses ». En 1937, il recruta à Londres Greer Garson pour les rôles de sainte et Lamarr pour ceux de vamp. Dans les années 20 il avait pareillement opposé Barbara La Marr à Lillian Gish, au net désavantage de la seconde, trop indépendante à son goût.
« Fulgurante beauté » écrit Jean Tulard, douée d'une « prodigieuse photogénie » selon le Dictionnaire Larousse du cinéma américain, Hedy Lamarr compte aussi parmi ses admirateurs l'écrivain Norman Mailer, qui a décrit leur rencontre en ces termes : « Elle avait une peau incroyable, merveilleuse, d'une luminosité inimaginable. Elle m'a demandé si j'étais marié. Je lui ai répondu : « oui, moi aussi, je suis tombé dans le piège ». Elle m'a regardé et m'a dit : « vous êtes un jeune écervelé, vous ne devriez pas parler du mariage en ces termes. » Pour quelqu'un qui a divorcé six fois... Elle avait compris depuis longtemps qu'il existe des choses autrement plus importantes que le mariage. Je crois toujours qu'elle était la plus belle femme que j'ai jamais vue. » Dans son autobiographie Lana : the Lady, the Legend, the Truth, Lana Turner elle-même s'extasie sur la beauté de celle qui fut sa partenaire dans La Danseuse des Folies Ziegfeld.
Hedy Lamarr figure dans toutes les anthologies du cinéma érotique à cause de sa participation naturiste à Extase, mais sa carrière est en général dévaluée, surtout parce que ses films sont rares. Si sa beauté est incontestée, son statut d'actrice, lui, est souvent mis en cause malgré le prestige de ses collaborations.
Hedwig se présente seule, à seize ans, aux studios Sascha de Vienne. La future Hedy Lamarr entre « dans le monde du silence expressif » par l'entremise de son compatriote metteur en scène Georg Jacoby, qui a réalisé de nombreux films parmi lesquels Vendetta en 1919, avec Emil Jannings et Pola Negri, Le Petit Napoléon en 1922, le premier film où apparaît Marlene Dietrich, et co-signataire du fameux Quo Vadis ? de 1924. Il l'engage pour deux films - Geld auf der Strasse avec Rosa Albach-Retty, la grand-mère de Romy Schneider, et Tempête dans un verre d'eau, en 1930 et 1931 - et comme script girl pour la garder près de lui. Elle enchaîne avec Pas besoin d'argent de l'allemand Carl Boese, et Les Treize Malles de monsieur O. F. d'Alexis Granowsky avec notamment Peter Lorre et Margo Lion. En 1933, dans Extase de Gustav Machaty, dont l'histoire est proche de L'Amant de Lady Chatterley, sa nudité fait sensation. Le film, présenté à la Biennale de Venise, est condamné par le pape Pie XII.
Après un mariage mondain, la future Hedy Lamarr gagne l'Europe de l'Ouest et mène une existence obscure à Paris puis Londres. Le tout se solde par cinq années d'absence des écrans. Tout juste sait-on qu'elle travaille comme gouvernante du jeune violoniste prodige Grisha Goluboff avec qui elle s'embarque sur le Normandy. C'est durant la croisière qu'elle convainc Mayer de l'engager aux conditions qu'ELLE lui suggère. Dans le même voyage, le producteur a engagé Greer Garson, bourgeoise mariée qui venait de se faire remarquer dans la pièce Golden Arrow de Sylvia Thompson aux côtés de Laurence Olivier, et Victor Saville, qui venait de réaliser Dark Journey avec Conrad Veidt et Tempête dans une tasse de thé avec Rex Harrison et Vivien Leigh. Hedy Kiesler réapparaît enfin, sous le pseudonyme de Hedy Lamarr, à Hollywood. Elle est liée avec la M.G.M. par un contrat de sept ans durant lesquels elle interprète une quinzaine de longs métrages.
Cette carrière américaine débute avec Casbah de John Cromwell produit par Walter Wanger et United Artists, un remake de Pépé le Moko de Julien Duvivier où elle succède à Mireille Balin et Charles Boyer à Jean Gabin. Dans le rôle d'une parisienne arriviste qui conduit involontairement le héros à sa perte, elle fait merveille - avec réserve toutefois et sa voix n'est qu'un souffle. A vingt-quatre ans, la nouvelle semble déjà revenue de tout. Elle enchaîne dans la veine exotique avec le romanesque La Dame des tropiques de Jack Conway, sur un scénario de Ben Hecht avec pour partenaire Robert Taylor, et entame au côté de Spencer Tracy le tournage complexe de Cette femme est mienne également sur un scénario de Hecht, commencé par Josef von Sternberg, repris par Frank Borzage non crédité et achevé par W. S. Van Dyke, surnommé « One Shot Woody », qui le signe seul. Certains exégètes affirment que Sternberg a quitté le tournage après quelques scènes parce qu'il ne retrouvait pas Dietrich en Lamarr, il est regrettable cependant que ces deux viennois ne se sont pas entendus. Selon le Hollywood Reporter, en octobre 1939, l'actrice exige et obtient 5000 dollars par semaine alors qu'elle en gagnait 750 jusque là.
Après des débuts en fanfare et une expérience enlisante, Lamarr s'illustre dans la comédie anti-soviétique Camarade X de King Vidor, face à Clark Gable, sur un scénario de Ben Hecht encore : dans un rôle proche de Ninotchka tourné l'année précédente, elle parodie Garbo en aggravant sa voix et, si elle intervient tardivement, amuse dans des situations incongrues comme celle où elle conduit un tramway rempli de chèvres et de paysans en vareuses. Elle retrouve Tracy et Conway pour les aventures de La Fièvre du pétrole, éclipsée cependant par le couple que forment Gable et Claudette Colbert, et Vidor pour un de ses chefs d'oeuvre, le nostalgique Souvenirs avec Robert Young, qui dénonce un ordre puritain oppressif, avant de rivaliser avec Judy Garland et Lana Turner dans La Danseuse des Folies Ziegfeld de Robert Z. Leonard où on ne lui demande que d'être ravissante - un des grands succès de 1941.
Clarence Brown, le directeur favori de Garbo, l'utilise dans le romantique Viens avec moi où, de nouveau showgirl, pour obtenir la nationalité américaine elle contracte un mariage blanc avec James Stewart, et Victor Fleming, le metteur en scène d'Autant en emporte le vent, la dirige avec John Garfield et Tracy dans l'adaptation du roman réaliste de John Steinbeck, Tortilla Flat, qui traite de la vie de pauvres pêcheurs californiens. Dans le même temps, Conway la dirige pour la troisième fois, en même temps que William Powell, dans le tortueux mélodrame Carrefours.
Dans Tondelayo de Richard Thorpe, elle est une indigène de la Sierra Leone, vile tentatrice de Walter Pidgeon et Richard Carlson, mais sa carrière menace de sombrer dans la série B. Elle tourne encore une bonne comédie, Le Corps céleste d'Alexander Hall, qui lui redonne pour partenaire Powell en mari cosmonaute et clame en slogan : « it's heaven to be in love with Hedy » ; l'exilée participe à l'effort de guerre, entourée de Paul Henreid, Sidney Greenstreet et Peter Lorre, avec Les Conspirateurs de Jean Negulesco, récit d'espionnage contemporain ; enfin, dans Angoisse de Jacques Tourneur, un des rares budgets importants du réalisateur, l'actrice prêtée à la R.K.O. s'affirme, entre l'irlandais George Brent et l'austro-hongrois Paul Lukas, une forte héroïne de thriller. En 1945 elle interprète le dernier film de son contrat avec la MGM, la comédie La Princesse et le Groom réalisée par Thorpe, avec Robert Walker pour co-vedette.
Les ambitions de Mayer ont fait long feu. De Sternberg à Thorpe, Hedy Lamarr a échoué à devenir la nouvelle Garbo. Les années quarante ne sont pas les années vingt ou trente : une actrice lointaine n'a plus pour fonction que d'attirer le héros, de le combler ou de le perdre, en un nombre de scènes réduit.
L'année suivante, la star se lance dans la production indépendante. Le Démon de la chair est réalisé pour partie par Douglas Sirk et signé Edgar Ulmer. Ce psychodrame en costumes, d'un romantisme exacerbé, se déroule dans la Nouvelle-Angleterre au début du 19ème siècle et offre son meilleur rôle à Lamarr : le portrait d'une criminelle schizophrène. Ceci d'après un roman de Ben Ames Williams, auteur également de Péché mortel dont l'adaptation à l'écran valut à Gene Tierney une nomination à l'Oscar. Lamarr partage ici l'affiche avec George Sanders et Louis Hayward. Hélas l'échec de son film suivant, La Femme déshonorée de Robert Stevenson avec John Loder, marque la fin brutale, dès 1947, de son expérience en tant que productrice. Pourtant elle EST avec une troublante sincérité cette femme salie, éditrice de mode qui souffre de sa mauvaise réputation et entame une thérapie après une tentative de suicide.
Les neuf années suivantes sont marquées par une relative discrétion, si l'on excepte le triomphe de Samson et Dalila de Cecil B. DeMille (1949) inspiré du Livre des Juges, avec Victor Mature, George Sanders et Angela Lansbury : il fixe pour toujours son image de femme fatale, froide et sans coeur. Hedy Lamarr passe alors de la comédie Vivons un peu de Richard Wallace, avec Robert Cummings et la russe Anna Sten, au film d'espionnage La Dame sans passeport de Joseph H. Lewis, un passionné de psychanalyse, avec John Hodiak, dont l'intrigue se déroule à La Havane sous Batista, et réunit les deux genres dans Espionne de mon coeur de Norman Z. McLeod, au côté de Bob Hope. Elle expérimente par ailleurs le western à la Paramount, avec Terre damnée de John Farrow, en propriétaire de saloon face à Ray Milland.
La belle lance ses derniers feux dans L'amante di Paride de Marc Allégret, où elle incarne la mythique Hélène de Troie et Massimo Serato le non moins mythique Pâris, et dans le semi-documentaire L'Histoire du monde de et produit par Irwin Allen, auquel participent également Ronald Colman et les Marx Brothers, où elle prête ses traits à Jeanne d'Arc. En 1957, Hedy Lamarr partage le générique de son dernier film officiel, Femmes devant le désir de Harry Keller, avec la soprano Jane Powell qui joue sa fille, Jan Sterling et George Nader : « une étude assez prenante sur le monde des actrices » selon Gérard Legrand. La même année meurt Mayer, son second « père en cinéma » après Jacoby.
« He said, "Hedy, you know I love you and I know you love me" (Men have this quaint cause-and-effect notion.) » Hedy Lamarr, Ectasy and Me, my life as a woman
« La première chose qu'elle remarque, quand un de ces beaux messieurs lui est présenté, c'est sa démarche, sa manière d'être. Est-il aimable, courtois, distingué ? A-t-il un aspect frais, soigné ? Hedy a horreur des hommes qui ont l'air d'avoir oublié de se raser, comme de tous ceux qui éprouvent un malin plaisir à mettre leurs mains au plus profond de leurs poches et leurs pieds sur leur bureau. » Ciné-télé-revue
Le livre de souvenirs de Hedy Lamarr, paru en 1966, a causé des dommages à son image de déesse intouchable. En France, il a fait l'objet d'un compte rendu de Bernard Cohn dans le Positif n° 98 en octobre 1968. La star s'y attarde sur sa vie privée mouvementée. Ces mémoires figurent parmi les dix autobiographies les plus érotiques de tous les temps selon Playboy, avec La Vie sexuelle de Catherine M., Les Mémoires de Casanova et les autobiographies de Klaus Kinski et Motley Crue. Lamarr crut que la franchise du livre avait mis un point final à sa carrière et accusa ses auteurs fantômes. Le livre fut même précédé de deux introductions, une médicale et une psychiatrique, car le sexe non-marital était présenté alors comme un sérieux problème de santé. Et Lamarr en a usé sans frein.
Certes Lamarr est l'une des grandes séductrices de Hollywood, une « dévoreuse » à l'instar de Lana Turner, Joan Crawford ou Marlene Dietrich. Elle s'est illustrée notamment à travers six mariages, dont le premier est le plus fameux : Friedrich « Fritz » Mandl était un des quatre plus grands marchands d'armes du monde, ami personnel et fournisseur de Mussolini. Il a fait d'elle, dès 1933, une institution de la haute société de Vienne, recevant des dirigeants étrangers dont Hitler paraît-il. Mandl tenta de racheter toutes les copies d'Extase pour les détruire. Par ailleurs, Hedy Lamarr aurait quitté Mandl justement parce qu'il était trop impliqué avec les nazis. Légende ou réalité ? Hedwig Mandl s'enfuit en cachette, droguant la domestique chargée de la surveiller et lui empruntant son uniforme - on se croirait dans Les Enchaînés d'Hitchcock. Or Extase aurait été interdit en Allemagne parce que Hedy était juive. Lorsqu'Adolf Hitler était chancelier, la nudité et l'orgasme ne devaient pas être tolérés dans un film, tchèque de surcroît. Le face à face entre Lamarr et le dictateur nazi ne pouvait être que pénible - s'il a eu lieu.
De ses maris suivants, il est finalement assez peu question : avec le scénariste et producteur Gene Markey (1939-1940), ex-mari de Joan Bennett, Hedy adopte James qui, en 1969, sera le principal protagoniste d'un fait divers - devenu policeman, il tue un garçon noir de 14 ans ; avec l'acteur John Loder (1943-1947), elle a deux enfants, Anthony et Denise, avec qui elle entretient des relations difficiles malgré de belles déclarations - l'actrice avait la main lourde, et Denise a raconté qu'elle pleurait en jouant avec une poupée à l'effigie de sa mère souvent absente ; il y eut ensuite l'acteur Teddy Stauffer (1951-1952), l'industriel W. Howard Lee (1953-1960) et l'avocat Lewis J. Boies (1963-1965). Son mariage le plus long, avec Lee qui épousa ensuite Gene Tierney, fut, de l'aveu de l'actrice, une page noire de sa vie...
Eva et surtout Hedy collectionnèrent les aventures. En Angleterre, elle séduisit l'irrésistible Stewart Granger encore marié avec Elspeth March. Dans Ecstasy and Me, elle raconte qu'en 1945, John Kennedy, de passage à Paris, lui téléphona pour lui proposer de sortir ; elle l'invita dans son appartement où il arriva une heure plus tard avec un sac d'oranges ; les agrumes étant à l'époque pratiquement introuvables, le présent fut très apprécié... En mars 1941, Howard Hughes l'arrose de cadeaux. Lamarr sort avec Jean-Pierre Aumont en août 1942, Mark Stevens en septembre, et ses fiançailles avec George Montgomery sont rompues en novembre, selon Hollywood Reporter.
Parmi les personnalités diverses que la star aurait fréquentées de près : le producteur légendaire de Sur les quais et Le Pont de la rivière Kwaï, Sam Spiegel, Johnny Carson, l'animateur non moins légendaire du Tonight Show, le grand photographe Robert Capa, le réalisateur Frank Borzage, qui la dirigea sur I Take this Woman, les acteurs David Niven, Errol Flynn, Marlon Brando, les acteurs réalisateurs Orson Welles et Charles Chaplin, Billy Wilder et Otto Preminger, deux réalisateurs viennois, ses partenaires Charles Boyer, Clark Gable, George Sanders, James Stewart, John Garfield, Robert Taylor, Robert Walker, Spencer Tracy, Ray Milland ! La bisexualité de Hedy Lamarr ne fait l'objet d'aucun développement et elle-même a écrit : « I don't think that anyone would call me a lesbian, it's just that I seem to be the type that other women get queer ideas about. »
Lamarr s'est beaucoup exprimée sur les hommes, souvent en formules lapidaires du genre : « En dessous de 35 ans, un homme a trop à apprendre, et je n'ai pas le temps de lui faire la leçon ».
Dans le livre Grandes Dames du cinéma, Don Macpherson déplore le manque « de ce charme distinct et de cette personnalité qui ferait écho à sa beauté » ; il salue avec mauvaise foi « un de ses efforts professionnels les plus réjouissants » dans La Danseuse des Folies Ziegfeld (où elle est davantage mannequin qu'actrice) et enfonce le clou à propos du film de Cecil B. DeMille : « Lamarr incarne Dalila avec un bienfaisant mépris du réalisme », au côté de Victor Mature « dont les prouesses d'acteur sont de la même veine » ; l'auteur reconnaît cependant que « sa détermination et son panache » contribuent à sauver le film, et achève sa diatribe sur une note ambiguë : « Parmi les ruines de son temple « technicoloré », ne dirait-on pas qu'elle a enfin trouvé sa place, si éphémère soit sa gloire ». Quant à cette gloire, comme au réalisme d'une Dalila de cinéma, chacun laissera libre cours à son imagination.
Beaucoup ne lui pardonnent pas d'avoir refusé Casablanca, Hantise et L'Intrigante de Saratoga, qui ouvrirent une voie royale à Ingrid Bergman. A propos de Casablanca Hedy Lamarr aurait été approchée, comme du reste Irene Dunne et Michèle Morgan trop chère, mais elle était liée par contrat à la MGM et ne souhaitait pas s'engager sur un projet sans connaître le scénario - l'équipe, Bogart et Bergman compris, n'apprécia pas davantage l'aspect improvisé du tournage. La rumeur dit également que beaucoup d'actrices refusèrent car elles ne trouvaient pas Bogart suffisamment séduisant. Celui-ci n'avait à son actif en 1942 que deux rôles en vedette, dans La Grande Évasion et Le Faucon maltais de John Huston, avec respectivement Ida Lupino et Mary Astor. Ingrid Bergman de son côté débutait en Amérique où elle n'avait guère tourné que le remake d'Intermezzo et Dr Jekyll and Mister Hyde avec Spencer Tracy et Lana Turner. Même Jack Warner n'en revenait pas que Bogart pût paraître sexy et ce dernier lui-même en attribuait le mérite à sa partenaire.
Plus sérieusement, l'article du Larousse déplore que « l'esthétique aseptisée de la M.G.M. » ait accentué la « froideur naturelle de son jeu » et mesure les capacités de l'actrice à l'aune de sa prestation flamboyante dans Le Démon de la chair. Concernant Mayer, l'ouvrage insiste sur sa conception de la star : « élégante, diaphane, lointaine », et souligne la mièvrerie générale des films MGM après la mort d'Irving Thalberg (1936). Pour Tulard, sa carrière ne compte « pas de grands chefs d'oeuvre mais d'excellentes bandes ». Au hasard des programmations, la critique reconnaît d'ailleurs volontiers la qualité de ses prestations et de ses films.
La femme n'a pas reçu de meilleures critiques que l'interprète. Parfois cependant un récit censé démontrer la fatuité d'un des protagonistes souligne celle d'un autre. En témoigne celui-ci, rapporté par Téléstar, concernant l'acteur français Jean-Pierre Aumont : « Lors d'un dîner auquel l'avait convié Hedy Lamarr, l'acteur sentit soudain sous la table la jambe de son hôtesse se frotter contre la sienne... Huit jours après, Hedy et Jean-Pierre étaient fiancés. Après avoir offert un solitaire à la dame de son coeur, l'acteur téléphona à son père pour lui demander de venir à Los Angeles faire la connaissance de sa future belle-fille. Le temps que monsieur Aumont père fasse le voyage, Jean-Pierre avait réalisé qu'il allait commettre une erreur : capricieuse, futile, Hedy n'était vraiment pas la femme de sa vie. En accueillant son père à l'aéroport, Jean-Pierre lui fit part de sa décision de rompre et lui confia la mission d'en avertir la fiancée. La nouvelle fut mal accueillie. Quand elle revit l'acteur, Hedy lui jeta sa bague au visage, puis, se ravisant, la ramassa et claqua la porte ! ».
Avec Howard Lee l'amour, si amour il y eut, devient haine. Gene Tierney se souvient dans Mademoiselle, vous devriez faire du cinéma : « Howard Lee était en pleine procédure de divorce avec Hedy Lamarr. Bien avant que les touristes eussent investi la ville, il avait construit une maison baptisée Villa of Aspen (anciennement Villa Lamarr). (...) A la seule mention de mon nom, il cracha : « Pas question ! J'ai eu mon compte d'actrices de cinéma ! » (...) S'il croyait, ou redoutait, une créature hollywoodienne, je ne correspondais plus à cette catégorie, pour autant que ce fût jamais le cas. »
D'autres récits, grâce à une bénéfique distance, plutôt que d'éveiller le mépris, suscitent la pitié voire - à une certaine distance - la compréhension. Ainsi en va-t-il de celui dû à Jane Powell, à propos du dernier film officiel de Lamarr, Femmes devant le désir : « Hedy Lamarr était obsédée par son âge et par sa beauté. Elle ne supportait pas d'être la mère d'une femme adulte et avait interdit toute scène avec moi, ce qui était totalement déraisonnable puisque j'étais censée être sa fille. Elle était star jusqu'au bout des ongles. Chaque jour elle arrivait au studio dans une limousine conduite par son chauffeur et se précipitait à la salle de maquillage le long d'un tapis rouge qu'on avait pris soin de dérouler pour elle. Un jour, elle a claqué la porte au nez de toute l'équipe croyant qu'une plaisanterie dont nous riions lui était destinée. » (Ciné-télé-revue)
Quand le courant passe mal, mieux vaut débrancher, ce que fit Lamarr entrée en veille.
Là encore les versions divergent. Certains se plaisent à peindre deux antinazis passionnés qui passent leurs soirées à discuter de la meilleure façon de battre Hitler : le compositeur George Antheil et l'actrice Hedy Lamarr ; cette dernière se souvient de plans qu'elle a lus chez son premier époux, Mandl ; après de longues soirées passées sur le seuil de la maison d'Hedy à simuler divers engins avec des allumettes et une petite boîte d'argent, en s'inspirant des rouleaux perforés des pianolas dont Antheil faisait un usage immodéré, ils inventèrent un système baptisé « étalement de spectre » autrement dit le « commutateur de fréquences » afin de guider des fusées par fréquence radio et de brouiller les détecteurs ennemis. Suivant les sources, Lamarr et Antheil apportèrent une contribution décisive à la victoire des Alliés puis leur invention fut oubliée, la plupart cependant affirment que le procédé fut jugé trop compliqué à l'époque, voire suscita l'ironie des militaires : il semblait difficile d'accepter l'idée d'un pianola dans une torpille. Le Bureau des brevets américain détient en effet, daté du 10 juin 1941 et cosigné par Hedy Lamarr, la description d'un système de guidage de torpilles impossible à brouiller. Le brevet intitulé Spread Spectrum préconise de faire varier simultanément, et selon le même code enregistré sur deux cartes perforées, les fréquences de l'émetteur et du récepteur. Les progrès de l'électronique quinze ans plus tard firent que le procédé fut utilisé dans la crise des missiles à Cuba en 1962, jusqu'aux bombes dites « intelligentes » lâchées sur l'Irak. Lorsque le brevet fut déclassifié dans les années 60, le dispositif fut également utilisé par les constructeurs de matériels de transmission. Aujourd'hui, la plupart des téléphones portables, pour améliorer leurs communications avec les émetteurs, mettent à profit la « technique Lamarr ». Le seul ennui est qu'interrogée sur sa géniale invention, Hedy Lamarr a toujours affirmé n'y être pour rien, même si elle accepta avec joie le prix (très rétroactif) que lui décerna en 1997 l'Electronic Frontier Foundation américaine. C'est Antheil, disait-elle, qui en avait eu l'idée, et qui l'avait associée au brevet par admiration pour elle, comme il aurait pu lui dédier une symphonie. L'histoire se complique, mais devient plus intéressante aussi. Car George Antheil (1900-1959), le musicien en question, est un personnage qui vaut le détour, et qui compose avec Hedy une sorte de couple idéal pour incarner la culture scientifique. Dès son arrivée à Paris dans les années 20, il se lie avec les milieux artistiques d'avant-garde. Stravinsky, Picasso, Joyce, Dali assistent aux concerts de ce musicien énergumène qui produit « des oeuvres conçues par et pour les machines ! ». Fasciné par les pianos mécaniques (il en fera jouer seize sur la même scène), les hélices d'avion (dont il fit des instruments à percussion), les sirènes et les klaxons (l'Américain à Paris de Gershwin est évidemment George Antheil), il est le pionnier d'une musique intégralement mécanique n'annonçant rien de moins que notre moderne "Techno". Le peintre Fernand Léger appréciait tant cette approche nouvelle qu'il monta avec Antheil un Ballet mécanique accompagné de projections sur écran. "Bravo ! Quelle précision!" s'écria Eric Satie lors de la première, tandis que le critique musical du Paris Tribune écrivait en date du 21 janvier 1925 que la musique d'Antheil était conçue "pour en finir avec les grands orchestres... et avec le public". Erreur : on trouve sur la Toile un site très décoiffant où est reconstitué, avec des moyens techniques différents mais en hommage à George Antheil, le Ballet mécanique, étrange mariage de l'art et de la science.
Lors d'une crise de désespoir que l'équipe ne s'explique pas, Julie Baker (Jacqueline Bisset) - l'actrice principale - réclame du beurre en motte. C'est la grande ébullition pour subvenir au caprice de la star... Simple observateur, l'un des acteurs principaux, Alexandre (Jean-Pierre Aumont), commente :
« Il (le réalisateur) a encore de la veine dans son malheur. J'ai connu des caprices beaucoup plus coûteux. Il y avait une actrice autrichienne, Hedy Lamarr, qui était une des reines d'Hollywood ; elle regrettait tellement le climat pluvieux de son Tyrol natal qu'elle avait fait installer, dans le jardin de sa propriété en Californie, une machine à faire la pluie. Alors vous voyez, le beurre en motte... » La Nuit américaine de François Truffaut
En 1949 Hedy remporte le seul prix de sa carrière, le Prix pomme acide de l'actrice la moins coopérative remis - en mains propres ? - par les Golden Apple Awards. Cette misanthropie ne s'exerce pas seulement à l'égard des journalistes : le Ciné-télé-revue du 18 au 24 juillet 1950 rapporte que « Hedy Lamarr n'aime plus guère que l'on parle d'elle. Elle déteste les interviews et se méfie de la sincérité de ses amis. Elle n'en a plus beaucoup du reste. Elle a connu trop de déceptions et elle les redoute. Elle vit presque comme une recluse. Surtout ne pas lui poser de questions trop précises : la laisser parler selon son coeur. Quand elle se sent du vague à l'âme, comme en ce moment, c'est à son enfance viennoise qu'elle pense le plus intensément. Et à son père. »
Dans la mer de sensualité que paraît sa vie sont mentionnées de rares amitiés féminines, amitié d'enfance avec la grande chanteuse viennoise Greta Keller : admirée du prince de Galles et du roi Carol de Roumanie, qui avait débuté avec Peter Lorre et Marlene Dietrich et devenue la première vedette du cabaret Oak Room en 1939, elle comptait parmi ses fans Katharine Hepburn et Greta Garbo, Clifton Webb et Tallulah Bankhead. Amitié américaine avec Ann Sothern, héroïne comique de la série Maisie et une des interprètes des Chaînes conjugales de Joseph Mankiewicz. Par ailleurs des témoignages anonymes protestent de l'intelligence et de l'humour de la véritable Hedy, Eva ou Hedwig, loin de l'icône glacée de l'écran et de la femme narcissique et parfois superficielle de ses mémoires.
Au lendemain de son plus grand triomphe, Samson et Dalila, la chute de la star est amorcée. Elle se retire en 1957 après une série d'échecs. Elle mène paraît-il une vie mondaine pendant quelques années et dilapide sa fortune. Elle tente à plusieurs reprises de lutter contre l'âge en expérimentant la chirurgie esthétique, qui à l'époque peut faire un nez à Brando mais difficilement restaurer le visage de Montgomery Clift, défiguré par un accident de voiture.
Dès 1960, elle est arrêtée pour vol à l'étalage et relâchée sans procès. En 1966, prise en flagrant délit de vol de produits de beauté dans une grande surface à Los Angeles, elle est jugée et relaxée. C'est une Hedy défaite qui s'explique devant les caméras. Hélas, au contraire de Lana Turner, le scandale n'a pas relancé sa carrière, malgré de chimériques espoirs. Lena Horne raconte dans les mémoires d'Ava Gardner : « Quand j'ai rencontré Hedy Lamarr après un de mes spectacles, elle m'a dit : « C'était tout de même merveilleux, la M.G.M. ! On nous choisissait nos vêtements, nous n'avions besoin de penser à rien, Howard Strickling s'occupait de tout et prévoyait ce qu'on aurait à dire. » Et cette remarque m'a fait un drôle d'effet, parce que je savais, moi, que c'était un peu horrible. On a toujours besoin d'être en mesure de penser par soi-même. »
Au milieu des années 60, Andy Warhol, grand amateur de déesses de l'écran, fait la connaissance de Hedy Lamarr dont les mémoires lui inspirent en 1965 Hedy (The Most Beautiful Woman in the World/The Shoplifter/The Fourteen Year Old Girl), mélodrame parodique qui retrace une fin de vie et le mythe de l'immortalité qui lutte contre le temps à coups d'opérations chirurgicales ; après avoir dérobé dans des magasins, l'héroïne jouée par le travesti Mario Montez subit l'interrogatoire musclée d'une enquêtrice.
En 1990, Télé poche évoque un téléfilm biographique avec Mélissa Morgan, ex-patineuse et actrice dans Les Feux de l'amour. L'année suivante, Jean Tulard écrit qu'elle a « sombré dans l'anonymat et, dit-on, dans la misère ». La même année Hedy Lamarr récidive au supermarché Eckerd de Casselberry en Floride, où elle vit, et récolte un an de probation.
L'ancienne star fait à nouveau parler d'elle. Le Ciné-télé-revue du 15 août lui consacre une page dont voici des extraits : « Un témoin raconte sa récente arrestation : « Les policiers l'ont presque malmenée. Plus personne ne se souvenait d'elle. Elle clamait à tue-tête son nom, disant qu'elle avait été l'un des piliers de Hollywood, mais personne ne la croyait. Moi-même, je ne l'avais pas reconnue. Triste fin pour un sex-symbol... Je les ai suivis jusqu'au commissariat. Elle fut interrogée comme une voleuse ordinaire. On lui a même pris ses empreintes digitales. » ; « deux représentants de l'ordre s'emparent de la femme qui, tête baissée, les suit. Sous son foulard, qui masque sa chevelure, et ses lunettes noires, elle ressemble à un zombie. (...) Cette femme a dérobé pour plus de vingt dollars de produits de beauté. (...) Son nom : Hedy Lamarr ! Personne n'en croit ni ses yeux ni ses oreilles. » ; « Un psychologue explique aujourd'hui : « Hedy Lamarr est kleptomane parce qu'elle est désespérément seule. Il est fréquent qu'une femme, qui a connu la gloire et qui, maintenant, est abandonnée de tous, commette les pires excentricités pour se faire remarquer des autres. C'est sa manière à elle de prouver qu'elle existe encore... » ; et selon un psychanalyste, « sa certitude d'avoir volé sa gloire et ses millions de dollars, elle choisit pour en faire l'aveu de se faire arrêter dans un supermarché pour cleptomanie ».
L'auteur, Joan MacTrevor, confirme l'aisance de Lamarr : « Née (...) d'une mère hongroise mondialement connue pour sa beauté et d'un père directeur de banque, elle est riche. Elle possède même une île dans les Caraïbes. Dernièrement, elle déclarait encore à la presse : « Une femme doit, jusqu'à son dernier soupir, soigner sa personne. Elle ne peut pas laisser son physique et sa beauté se dégrader ! » ; la chute est digne de Niagara : « Hedy Lamarr n'a vraisemblablement pas supporté l'oubli de ses fans. Souffrant en plus de cataracte, elle donne aujourd'hui la triste image d'une star déchue ».
Le récent documentaire Calling Hedy Lamarr*, co-réalisé par le propre fils de l'actrice, quoique trop partiel, refait flamber le mythe de « la plus belle femme du monde ». Cependant le film est très dur : on y voit Loder « sortir sa mère de la poubelle » et jeter ses cendres dans son Autriche natale dont elle a toujours rêvé et où elle n'est jamais retournée... On le voit constater l'oubli général concernant Hedy Lamarr sur le Hollywood Boulevard Walk of Fame, où sa mère porte l'étoile numéro 6247. Pourtant Hedy Lamarr fait l'objet de nombreuses discussions et d'une sorte de culte, païen comme ceux des stars les plus grandes et les plus mystérieuses.
En 2006, les Journées de Soleure ont accueilli le documentaire Hedy Lamarr - Secrets of a Hollywood Star réalisé par Barbara Obermaier. Une des femmes les plus glamour d'aujourd'hui, Dita Von Teese, née en 1972, avoue sa fascination pour les actrices des années 40 et notamment Hedy Lamarr et Rita Hayworth, comme le couturier Valentino par exemple, et Géraldine Beigbeder a publié en 2007 son premier roman, un road-movie burlesque et cinématographique ou la quête, dans l'Europe de l'Est post-communiste, de sponsors pour un long métrage sur Hedy Lamarr, mythique star antinazie des années trente.
Il demeure que les films de Hedy Lamarr sont rares : Angoisse, Le Démon de la chair, La Femme déshonorée, La Dame des tropiques, Carrefours, Cette femme est mienne, Viens avec moi, H. M. Pulham Esquire, Tortilla Flat, Le Corps céleste, Femmes devant le désir restent le plus souvent à découvrir. Les Conspirateurs, Tondelayo, La Fièvre du pétrole, La Dame sans passeport ne sont pas passés depuis plus de vingt ans sur des grandes chaînes françaises. L'énigme demeure. Le Cinéma de minuit devrait songer à rendre hommage à Hedy Lamarr, décédée en 2000.
  • à propos de Calling Hedy Lamarr :

"Raconter, notamment en images, pose le problème du rapport entre l'objet et son reflet et - par médiations successives - entre la fiction et la réalité. Au fond, le doute qui subsiste à propos de Identification d'une femme (de Michelangelo Antonioni) semble relever de cette difficulté. » Cette réflexion de Giorgio Tinazzi s'applique parfaitement à Calling Hedy Lamarr. Le documentaire de Georg Misch est en fait une tentative posthume d'identifier une femme à maints égards exceptionnelle, mais qui restera à jamais un mystère.
Anthony Loder, fils de l'actrice, nous guide avec passion vers diverses pistes, toutes authentiques, mais aucune d'elles ne parvient à dégager un portrait tridimensionnel de sa mère. Comme si le grand écran l'avait condamnée pour toujours à se perpétuer en deux dimensions. Mais qui était vraiment Hedy ? La jeune Viennoise de bonne famille qui fit scandale dans l'Autriche nazie avec la première scène de nu intégral au cinéma et fut contrainte à fuir en Amérique? La femme d'une prodigieuse intelligence, capable d'intuitions technologiques géniales dont on ne mesure qu'aujourd'hui la vraie portée, mais totalement frustrée dans son rôle de symbole sexuel ? La diva schizophrène, droguée à coups de pilules par les studios hollywoodiens et coupée de la réalité au point de se révéler incapable d'affronter les problèmes les plus banals ? L'actrice parfaite, à l'écran comme dans la vie, qui use de son charme immense pour faire l'espionne en faveur de l'Occident ? La femme réservée et solitaire, entre deux âges, dont la beauté s'est fanée sous les bistouris hésitants des premiers chirurgiens esthétiques, retirée en Floride et ne communiquant que par téléphone avec le monde ?
Hypothèses pour une identification dont les contours, même observés à travers un verre grossissant, s'estompent dans le doute. Lambeaux d'une existence dont peu se souviennent aujourd'hui. Anthony cherche, pour panser ses plaies, à recoller morceau après morceau la figure d'une mère qu'il n'a jamais connue. Il réunit des dizaines d'actrices en herbe pour un film qui, il le sait bien, ne se fera jamais. A la fin, il accomplira au moins le dernier voeu maternel : répandre ses cendres dans les bois entourant Vienne, la ville inoubliée. Et alors, tout à coup, la magie semble opérer et la très jeune et très belle Eva-Hedy d'Extase semble poursuivre à jamais un cheval emballé qui n'a pas seulement emporté ses vêtements, mais aussi sa véritable vie." semainedelacritique.ch
cineclap.free.fr ; objectiftintin.com ; cinememorial.com (cite comme source Edouard Waintrop pour Libération) ; 1895.revues.org ; cinememorial.unblog.fr/billy-wilder ; cine-bulletin.ch ; musique.ados.fr/Dita-Von-Teese.html ; westernmovies.fr/profil/actr/hlamarr.php ; vargen57.unblog.fr ; idiocentrism.com ; www.classicmovies.org ; contrechamp.kaywa.com ; feminism101.blogspot.com ; trishwilson.typepad.com ; aragos.ch ; luff.ch ; chapitre.com ; movingimage.us ; edicom.ch ; jazz-song.org ; Studio ; Ciné-télé-revue ; Dictionnaire Larousse du cinéma américain ; Télépoche ; Téléstar ; Dictionnaire des acteurs de Jean Tulard ; Grandes Dames du cinéma de Don Macpherson ; Mémoires d'Ava Gardner ; Mademoiselle vous devriez faire du cinéma de Gene Tierney ;

Filmographie de Hedy Lamarr

Avis sur les films de Hedy Lamarr

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