Box-office : Intouchables rassemble près de 2 millions d'entrées en 5 jours

C'est LE carton « surprise » du moment. En seulement 5 jours d'exploitation, Intouchables d'Eric Toledano et Olivier Nakache a déjà réuni la bagatelle d'1 732 190 spectateurs, de quoi nous faire presque oublier les 3 millions d'entrées en une semaine du rouleau compresseur Tintin.

On dirait que le cinéma français, cocorico, et le cinéma tout court se porte bien, Hadopi marche du tonnerre ! Du côté du CNC (qui fête ses 65 ans, l'âge de la retraite : happy birthday !), on attend sereinement les résultats de fin d'année, étant donné que, sur la lancée des records de fréquentation de 2010, le premier semestre a vu plus de 38 millions de spectateurs envahir les salles (un nouveau record, oui messieurs dames).

Intouchables porte bien son nom

Mais revenons à Intouchables. Le film avait été vendu comme étant le premier à obtenir les fameux quatre labels « spectateurs » : Gaumont, UGC, CGR et Kinépolis ; l'enthousiasme qu'il suscite semble donc se confirmer. La rencontre improbable entre un millionnaire tétraplégique et un jeune délinquant banlieusard embauché comme aide à domicile fait rire et bouleverse manifestement la France entière (moyenne des notes des spectateurs sur Allociné : 4,7/5 !). Porté par deux acteurs populaires et complémentaires (François Cluzet et Omar Sy), cest le feel-good movie de cette fin d'année.

Il réalise le deuxième meilleur démarrage de l'année derrière le roi du box-office Dany Boon et son affreux Rien à déclarer. Après s'être chargé de « réconcilier » la France du Sud et celle du Nord avec Les Ch'tis, il est passé aux Français et aux Belges (qui n'en demandaient pas tant) ce qui ne lui a pas mal réussi non plus. Toledano et Nakache ont retenu la leçon : il faut célébrer la tolérance, vanter les mérites de la rencontre au-delà des frontières et des préjugés pour s'imposer au plus grand nombre. Ils nous servent donc l'amitié naissante entre un blanc, riche, aristocrate (la « vieille France ») et un noir de banlieue, un peu magouilleur sur les bords (la « jeune France » ?).

Cinéma français : les outsiders ont le vent en poupe

Ce succès s'inscrit dans une année qui réussit plutôt bien à notre cinéma national, notamment du côté des films d'auteur jugés a priori difficiles (ou en tout cas dont le succès n'était pas garanti) : Polisse de Maïwenn a atteint 1,3 million d'entrées en moins de 2 semaines et The Artist dépasse aussi le million. Un peu plus tôt, La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli approchait également d'un compteur à sept chiffres en fin de carrière. Au premier semestre, c'est Les Femmes du sixième étage qui avait créé la surprise en fédérant plus de 2 millions de français. Citons enfin L'Apollonide et Tomboy dont les distributeurs respectifs peuvent se féliciter des quelques centaines de milliers d'entrées engrangées.

A l'inverse, et c'est étonnant, les blockbusters français ne sont pas vraiment à la fête cette année. Rien à déclarer est le seul film français à se placer dans le top 10 de l'année avec plus de 8 millions d'entrées. Les deux Guerres des boutons se sont neutralisées comme prévu : 1,5 million chacune à peu près ; même la somme des deux scores n'a rien d'impressionnante. Seules quelques comédies populaires ont, comme chaque année, trouvé leur public sans casser la baraque outre-mesure (Bienvenue à Bord, Case Départ, Les Tuche). On est quand même loin des cartons de 2010 : Les Petits mouchoirs (5 millions), Camping 2 (4 millions), L'Arnacoeur (3,8 millions), Des Hommes et des dieux (3,2 millions)...

Ces résultats récents confirment la bonne santé d'un certain cinéma français qui parvient encore à attirer le public avec des films différents, exigeants pour certains, sans se laisser écraser par les blockbusters sans saveur et les comédies potaches.

Possible que Donoma, qui sortira le 23 novembre soit le prochain sur la liste à profiter de cette embellie. Le film a été auto-produit sans un sou et la rumeur enthousiaste l'annonce comme un vrai petit souffle d'air frais dans les vieilles bronches de notre cinéma plus-que-centenaire.

Pour aller plus loin : lisez notre article sur Intouchables et le handicap au cinéma

Images : © Gaumont Distribution