Bret Easton Ellis relance le vieux débat sur les séries
L'écrivain américain Bret Easton Ellis, désormais scénariste pour le cinéma (The Canyons et peut-être l'adaptation du roman érotique Fifty Shade Of Grey) a provoqué une petite polémique sur les séries sur Twitter ce matin. Ce qui n'a pas manqué de relancer ce bon vieux débat cinéma VS séries : les séries télé valent-elles désormais mieux que le septième art ?
Si certaines personnalités se font discrètes sur la toile, ce n'est pas le cas de l'auteur d'American Psycho et des Lois de l'attraction, qui s'est mué depuis plusieurs mois en critique littéraire, cinéma, télé y allant toujours de son petit commentaire sur son compte Twitter, comme n'importe quel utilisateur. Sauf que le sulfureux Bret n'est pas n'importe qui.
Le 16 juillet dernier, il n'hésitait pas à citer le poète et homme politique du XIIIe siècle Dante Alighieri :
"Therefore, for your sake, I think it wise you follow me: I will be your guide..." Dante Alighieri, The Inferno.
— Bret Easton Ellis (@BretEastonEllis) Juillet 16, 2012
Fort de son nouveau statut de "dictateur du bon goût", sans doute, l'écrivain en a profité ce matin pour cracher un peu sur les séries, qu'il juge pour la plupart surestimées. "Breaking Bad est horriblement surestimé" commente-t-il tout comme Dexter qu'il trouve "aussi profond et effrayant qu'American Psycho 2", suite qu'il a toujours dénoncée.
And "Breaking Bad" is the most overrated TV series in the history of television. Even though I want to bang the kid with cerebral palsy.
— Bret Easton Ellis (@BretEastonEllis) Juillet 31, 2012
"Dexter" sucks big time. A high-concept cutesy serial-killer drama that has as much depth and scares as an episode of "American Psycho 2."
— Bret Easton Ellis (@BretEastonEllis) Juillet 31, 2012
S'il reconnait que la télévision produit de bonnes séries, elles restent pour lui toujours bien en-deça du cinéma : "The Wire est la meilleure série jamais réalisée. Mais c'est une série. Ca ne vaudra jamais Vertigo". Et il complète : "Les Soprano c'est génial, mais ça ne vaudra jamais Le Parrain". Comme si tout devait se valoir, se comparer sur une même échelle : roman et BD, jeu-vidéo et cinéma. La faute à quoi ? A une réalisation souvent bâclée au profit de l'histoire, toujours selon Bret.
And please don't use "The Wire" as an example. Yes, it's the greatest TV series ever made. But it's a TV series. It's not "Vertigo" guys...
— Bret Easton Ellis (@BretEastonEllis) Juillet 31, 2012
Ces petites phrases se sont répandues sur Twitter comme une traînée de poudre ne manquant pas de provoquer de vives réactions chez les sériphiles et autres cinéphiles qui pensent que les deux genres ne peuvent se comparer tel quel, qu'ils se complétent, alors que d'autres donnent raison à l'écrivain. Insensées, pas fausses, complétement ridicules ces affirmations ? Que l'on soit d'accord ou pas avec ses dires, Bret Easton Ellis aura au moins eu le mérite de raviver le vieux débat (stérile diront certains...) sur la toile, preuve que près de 20 ans après American Psycho, il sait toujours alimenter la polémique.
Voici d'ailleurs un extrait de l'adaptation signée Mary Harron :
Je ne suis pas là !, extrait de American Psycho
Image : © Nina Ruecker/Getty
Bien sûr qu'il y a des corrélations, comme des différences qui me semblent très intéressantes, ce sont les amalgames que je redoute.
L'influence du cinéma sur les séries est énorme, en témoignent de nombreux clins d'œil de scénaristes qui ont grandi avec le cinéma. Mais ce que je trouve formidable aux USA c'est que de véritables auteurs s'attachent à développer la fiction à la télévision en se détachant des complexes vis-à-vis du cinéma. D'un autre côté Hollywood utilise aussi ce qui fait le succès des séries en termes de fidélisation du public en multipliant les licenses, trilogies, prequels et reboots, jusqu'à la nausée...
Il faut analyser ces formes en plein développement, leur génie et leurs dérives que ce soit du côté du cinéma ou de la télévision, je dis simplement qu'une opposition binaire est bien trop simpliste.
P.S. Sur les conditions de production pas comparables : je viens de lire une interview du chef op de Breaking Bad, un épisode de 50mn se tourne en 8 jours. Ce qui est très serré même par rapport à des films indé "réalistes" à budget moyen.
Au ciné le spectateur est venu, il est dans la salle et il a payé, il ne se barrera pas aussi facilement qu'en zappant d'un coup de pouce. Ça crée une contrainte non négligeable.
Et rappelons que la plupart des grandes séries de ces dernières années sont encore tournées en pellicule.
J'ai la flemme de traduire, voici le lien pour les anglophones : http://motion.kodak....4294969907/index.htm
D'autant plus qu'actuellement les séries sont bien plus intéressantes que le cinéma.
Honnêtement j'ai bien plus de plaisir à voir un épisode de Breaking bad qu'un Dark knight rises de Nolan... (troll inside mais vrai)
-Si le câble (HBO/Showtime/AMC) a effectivement posé les jalons il y a certaines années avec des séries comme Rome, Oz, The Wire et cie, qui elles, reprenaient les standard du cinéma, il faut reconnaître que c'est maintenant le cinéma qui vient prendre aux séries, que ce soit ses acteurs ou le style de réalisation.
-Le meilleur exemple est 24, qui avait, à elle seule, redéfinie le genre de l'espionnage/action, en le rendant nerveux, sec, la caméra à l'épaule et très près de l'action. Cette dernière a inspiré les Jason Bourne 2&3, les nouveaux 007, des films comme "Safe House", etc...
-L'autre exemple d'une série qui suplante le cinéma, que ce soit en terme d'écriture, de développement/interaction des personnages et même au niveau réalisation, c'est BattleStar Galactica. Mais même avant elle, il y avait déjà Babylon 5, Star Trek DS9.
-Dire que les séries ne sont pas au niveau du cinéma, c'est simplement faire, non seulement preuve d'ignorance, mais aussi d'une bêtise totalement sidérante. Actuellement, peut-on oser dire sérieusement que des séries en cours de diffusions comme Fringe, Game of Throne, Luther, Southland, Alphas, Sherlock ou encore Strike Back sont inférieure au ciné? Non c'est juste impossible car elles arrivent à suplanter ce dernier.
-Après, pour ses propos sur Breaking Bad, BEE n'a pas vraiment tord en disant que la série est sur-estimée.
- je n'ai pas souvenir d'avoir vu de film récent aussi drôle et riche que "Arrested Development".
- je n'ai jamais vraiment pleuré devant un film, alors que je l'ai fait en regardant un épisode de "Doctor Who" (!)
- je préféré les séries "Chapeau Melon et Bottes de Cuir", "Wild Wild West", "Mission Impossible", "L'Agence Tous Risques", "Sex and the City" "Scoubidou", "Mr Bean", etc., à leurs adaptations ciné.
- si on me demande quelle est mon oeuvre préférée contemporaine, je réponds spontanément "South Park", et pas "Mulholland Drive", "There Will Be Blood" ou "Pulp Fiction"....
Mais de toute façon comme ça a déjà été très bien dit dans les commentaires, ce qui compte est que les séries fonctionnent différemment et ont un impact différent sur le spectateur. On devrait plutôt se réjouir de ces possibilités différentes et continuer à espérer que la liberté artistique des séries continue à grandir, qu'elles continuent à gagner en moyens, etc.