Coeur Brizé

Cannes 2015 : La loi du marché de Stéphane Brizé

Festival / Récompenses | Par Florent Dufour | Le 19 mai 2015 à 11h50

Neuvième film présenté en compétition à Cannes 2015La Loi du marché de Stéphane Brizé plonge un Vincent Lindon moustachu en plein dans la crise économique, aux côtés de comédiens non-professionnels.

Film français de 1h33. Stephane Brizé est un petit nouveau au Festival de Cannes, pour la première fois en Compétition avec La Loi du marché, film dont la vedette est Vincent Lindon. Ce dernier avait déjà joué sous la direction du réalisateur dans Mademoiselle Chambon, lauréat du César de la meilleure adaptation en 2010. Drame de la crise, La loi du marché met en scène Thierry, 51 ans, qui après de longs mois de chômage, retrouve enfin un emploi dans un hypermarché. Ce à quoi il ne s'attendait pas, c'est qu'on le pousse à espionner ses collègues. En proie au dilemme, Thierry devra choisir entre perdre sa place ou faire ce qu'on lui demande. 

Une scène : le vieux aux steaks dans les poches

Thierry, en tant qu'agent sécurité, doit non seulement surveiller ses propres collègues, mais il doit aussi surveiller les nombreux clients qui parcourent quotidiennement les allées du supermarché. Et comme le lui dit un des autres agents, les voleurs n'ont ni âge, ni couleur : il faut se méfier de tout le monde. Preuve en est cet homme d'une soixantaine d'années, pris la main dans le sac par les caméras de surveillance. Thierry ne fait que son travail, sa fonction est de faire avouer le fautif afin qu'il paie son dû. Mais ici, Thierry commence sérieusement à se poser des questions. Il a face à lui un vieil homme sans le sou, obligé de planquer des steaks dans ses poches pour pouvoir manger à sa faim, celui-ci ne possédant pas les 15€40 nécessaires à leur achat. Mais tout ceci Brizé ne le surligne pas, il ne tombe jamais dans le misérabilisme ou le surexplicatif. Sa caméra reste donc fixe, avec sur la gauche de l'écran le visage de Vincent Lindon que l'on voit peu à peu s'affaisser. Et c'est ainsi qu'en quelques fractions de seconde, on comprend que Thierry commence à craquer. Ou comment dire 1000 choses avec une économie de moyens déconcertante.

Open Bar

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Forcément, vu le sujet, ce ne sera pas un cocktail très festif. Il risque même d'être un peu sec en bouche. On y retrouve donc une bonne dose de Deux jours, une nuit pour le film de crise traité de manière quasi documentaire. Auquel vous rajoutez une bonne rasade du drôlement malsain Observe and Report, pour le quotidien pas facile d'un agent de sécurité de supermarché. Enfin diluez le tout dans un fond de Je ne suis pas là pour être aimé, même si ce n'est pas le tango que l'on apprend à danser ici, mais le bon vieux rock n'roll. Pour le fun, n'hésitez pas à épicer l'ensemble avec des bouts de La Moustache pour le côté moustache.

Bruits de Croisette

Le film de Stéphane Brizé a fait quasiment l'unanimité, si l'on en croit les quelques réactions enthousiastes glânées à la sortie. Et même lorsque l'on pensait avoir entendu un avis un peu mitigé, il s'est avéré que celui-ci n'était pas si définitif que ça :
« - Ohlala ! La seconde partie à l'Intermarché, ça m'a soulé !» (NB : il s'agit en fait d'un Cora)
« - Mais non justement, c'est génial ! J'ai adoré ! Ça montre parfaitement tout le cynisme de cette PUT*** de société !» (NB : ce monsieur était très très enthousiaste)
« - Non mais voilà, moi ça m'a énervé...mais c'est voulu c'est vrai, donc t'as sans doute raison en fait...»

Dans un autre style, et en beaucoup plus expéditif, on a pu entendre un classique : «Ouais enfin Lindon, il fait du Lindon quoi». Oui, c'est vrai. Mais il est le seul à pouvoir le faire, et il le fait tellement bien.

Le juste prix

Quiconque a déjà connu le chômage dans sa vie, a forcément connu ce genre de moments : ce malaise ressenti en stage de formation payé par Pôle Emploi, censé aider le demandeur d'emploi à se réinsérer dans le marché. On voit donc Thierry dans un atelier consacré à améliorer sa présentation personnelle, entouré d'autres chômeurs. Après avoir visionné la vidéo d'un entretien d'embauche test, chacun est amené à donner son avis sur la prestation de Thierry. Et c'est là que l'humiliation commence : trop mou, pas assez sûr de lui, peu compréhensible, ne donne pas envie qu'on lui adresse la parole...bref Thierry s'en prend plein la tête, mais ne la baisse pas ; il reste digne malgré tous les coups reçus. Il nous est donc impossible de ne pas lui décerner le Prix Fabrice Bénichou du punching-ball humain qui déguste mais ne bronche jamais. Respect, champion.

 
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