Cannes 2015 : Louder Than Bombs de Joachim Trier
Dixième film présenté en compétition à Cannes 2015, Louder Than Bombs de Joachim Trier permet à son réalisateur de poser les pieds à Hollywood et d'avoir sous la main un casting international et prestigieux.
Film germano-franco-américain de 1h45. Présent à Cannes en 2011 dans la catégorie Un Certain Regard pour Oslo, 31 août, le norvégien Joachim Trier revient sur la Croisette pour tenter de remporter la Palme d’Or. Louder Than Bombs est un drame familial avec Isabelle Huppert (déjà récompensée deux fois à Cannes du prix d'interprétation féminine, dans La pianiste en 2001 et Violette Nozière en 1978) et Jesse Eisenberg (acteur remarqué dans The Social Network mais encore vierge de toute récompense). Trois ans après la mort de leur épouse et mère qui fut une célèbre photographe, un veuf et ses deux fils se retrouvent, non sans heurt, car un lourd secret va être révélé et bouleverser leur vie.
Une scène : le regard caméra
Lorsqu'un acteur ou une actrice regarde directement le spectateur les yeux dans la caméra, c'est toujours un choc. Quiconque a vu Monika d'Ingmar Bergman ne peutoublier le regard fulgurant jeté par Harriet Anderson. Dans Louder Than Bombs, au terme d'une séquence de montage alterné entre passé et présent (procédé qui est le socle même du film), arrive un moment de pure grâce : un plan fixe de près d'une minute, voyant Isabelle Huppert face à nous, en gros plan, les yeux plongés dans les nôtres. Au début, on apprécie. Au bout de 20 secondes, le malaise commence à se faire sentir. Puis au bout de 40 secondes, on se retrouve totalement happé, hypnotisé par ce regard d'une intensité sidérante. C'est grâce à ce type d'instants suspendus dans le temps que l'on se remémore que c'est bien l'auteur du très beau Oslo, 31 août qui est aux manettes. Et surtout une belle performance de la part de la comédienne française, qui parvient à ne pas cligner des yeux une seule fois !
Open Bar
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Un cocktail fait d'un peu tout et n'importe quoi, un véritable fourre-tout qui pèse un peu sur l'estomac : un peu de The Constant Gardener pour la femme travaillant dans un pays en guerre et les difficultés que cela implique. Rajoutez une grosse louchée de Bambi pour la tentative de reconstruction après la perte d'un être cher, ainsi qu'un zeste de Men, Women and Children pour le rapport des jeunes au web 2.0. N'oubliez surtout pas de rajouter quelques grains des Berkman se séparent pour sa cellule familale en pleine déliquescence, auquel vous aurez au préalable retiré tout humour (mais en conservant le plus de Jesse Eisenberg possible). A servir après avoir remué le verre avec énergie.
Cinémojis
Pour les plus pressés, voici le film résumé en quelques émojis :
Le juste prix
Jesse Eisenberg, malgré sa tête de gentil premier de la classe, peut être un sacré gougnafier. Il l'a déjà prouvé dans The Social Network, et ici il récidive car c'est en croisant par hasard une de ses ex-petites amies dans un couloir d'hôpital qu'il rentre dans une spirale de mensonges. Et du mensonge pas très beau : faire croire à son ex qu'on est à l'hôpital parce que sa femme est morte, alors que celle-ci vient en fait d'avoir un enfant, c'est quand même pas propre. Plus tard dans le film, il profitera même de ce mensonge pour batifoler à nouveau, comme au bon vieux temps, avec cette ancienne petite amie légèrement naïve. Cher Jesse, nous te décernons donc le Prix Christophe Rocancourt du menteur un peu salaud sur les bords qui profite de la situation pour coucher.