Cannes 2015 : The Assassin de Hou Hsiao-Hsien
Seizième film présenté en compétition à Cannes 2015, The Assassin de Hou Hsiao-Hsien a conquis, par sa beauté plastique, bon nombre de festivaliers, mais son récit nébuleux en a également laissé quelques uns perplexes...
Film sino-taïwanais de 2h. Hou Hsiao-Hsien, dont le dernier long-métrage remonte à 2007, est à Cannes avec The Assassin. Et pour cette huitième sélection, le chef de file de la nouvelle vague taïwanaise s'est essayé à l'art martial, en suivant les aventures d'une meurtrière, sous la dynastie Tang. La loyauté de la jeune femme est mise à l'épreuve lorsqu'on lui demande d'assassiner l'homme qu'elle aime... Pour jouer dans cette histoire d'amour, le maître reforme dix ans plus tard le couple de Three Times, Shu Qi et Chang Chen.
Une scène : alégorie dans la brume
Dame Tian, une sorte de Pai Mei au féminin, se tient, toute de blanc vétue au sommet d'un piton rocheux. Alors qu'elle s'entretient avec sa disciple Yinniang (Shu Qi), le personnage principal du film à qui elle a enseigné tout ce qu'elle sait (en l'occurence pouvoir régler son compte en moins de deux à n'importe quel malotru), une brume de plus en plus épaisse s'élève jusqu'à obstruer complètement le paysage à la fin de leur conversation. Comme l'a confié Hou Hsiao-Hsien à Gérard Delorme pour Première, cette séquence, visuellement incroyable, doit tout à un coup de chance : «Le lieu est assez élevé et la vallée très profonde. Du coup, cette brume arrive du bas et monte rapidement avant de se disperser. Lorsque nous nous sommes rendu compte que le phénomène se répétait plusieurs fois, nous avons demandé à Shu Qi, qui attendait en bas, de prendre sa place. Et quand nous avons filmé, c'est comme si c'était sur commande». «PRODUCTION VALUE !» comme ils disent dans Super 8.
Open Bar
Cannes peut aussi se consommer tranquillement à la maison. Découvrez nos cocktails cinéphiles, spécialement concoctés pour se substituer aux films sélectionnés...
The Assassin de Hou Hsiao-Hsien est un cocktail savoureux demandant une longue préparation. Commencez par faire bouillir une bonne dose de Piégée de Steven Soderbergh pour l'action en sourdine et sa mise à distance. Une bonne scène de baston filmée de loin, à l'ombre, au fond des bois, c'est parfait par exemple. Ajoutez ensuite un peu de Kill Bill pour l'ouverture en noir et blanc et le dilemme moral de l'amoureux qu'il faut tuer. Complétez avec Le Secret des poignards volants et un peu de Tsui Hark (Detective Dee, c'est très bien). Vous n'avez plus qu'à laisser reposer un bon moment avant de servir.
Cinémojis
Pour les plus pressés, voici le film résumé en quelques émojis :
Le juste prix
Une silhouette découpée dans un morceau de papier puis plongée dans une mystérieuse marmitte déclenche au milieu du film un mauvais sort fumeux quelque part entre Lost et Game of Thrones. Prix Georges Méliès du sortilège lo-fi pour cet effet très réussi de fumée agressive et vicieuse, très probablement réalisé en CGI, mais on ne sait jamais avec ce magicien d'HHH...