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Le festival de Cannes 2015 en musique

Music Box | Par Florent Dufour | Le 27 mai 2015 à 10h50

Aaaahhhh le festival de Cannes : une quarantaine de films vus, des milliers d'images dans la tête, des dizaines d'anecdotes. Mais Cannes, c'est aussi de la musique, beaucoup de musique. Alors histoire de faire un tri et de séparer le bon grain de l'ivraie, nous avons sélectionné pour vous les titres les plus marquants de cette 68ème édition dans une playlist de notre cru. Garantie sans spoilers.

Une playlist qui reflète forcément la nature hétéroclite de l'ensemble des films présentés durant ce Festival 2015. Mais nous allons commencer par celui qui nous a semblé le plus évident, celui qui nous aura le plus durablement marqué les oreilles et la rétine : le délicieusement culto-kitsch "Go West" des Pet Shop Boys, morceau sorti en 1993 après une première version des Village People en 1979. En plus d'avoir donné par la suite un air pour supporters de foot, sur lequel même les supporters parisiens et marseillais sont tombés d'accord, cette chanson illustre deux des moments-clés du magnifique Mountains May Depart de Jia Zhangke (l'un des grands oubliés du palmarès). Et si vous pensez qu'il est impossible d'avoir les larmes aux yeux en écoutant les Pet Shop Boys, vous risquez de changer d'avis en voyant l'oeuvre monumentale du cinéaste chinois.

Dans le même genre de morceaux un peu ringardos mais qu'on a un peu honte d'aimer, on n'oubliera pas non plus la version indus' et slovène de "Live is Life" sur le générique de fin de Le Trésor, le joli film roumain de Corneliu Porumboiu.

Mais d'autres titres auront retenu notre attention. Par exemple, le son typiquement 80's du groupe Tangerine Dream, dont un morceau écrit pour Risky Business est utilisé pour mettre en valeur l'une des scènes de Louder Than Bombs de Joachim Trier. Ou encore la balade triste de Leonard Cohen "Famous Blue Raincoat", accompagné du "Baby's coming back to me" de Jarvis Cocker, qui parcourent tous les deux à plusieurs reprises le magnifique Mia Madre de Nanni Moretti. Dans un tout autre style, beaucoup plus franchouillard, il est impossible de ne pas citer Jean-Jacques Goldman, dont le tube "Encore un matin" est pour Vincent Lindon le moyen d'apprendre à danser enfin le rock n'roll dans La Loi du Marché.

Ce Festival de Cannes édition 2015, ça aura été aussi un peu le festival du hip hop. En plus du mythique "Sound of Da Police" du rappeur new-yorkais KRS-One, que l'on entend sur le générique de La Tête haute, Arnaud Desplechin a quant à lui utilisé à plusieurs reprises un autre fameux son hip-hop des années 80 dans son très beau Trois Souvenirs de ma Jeunesse : celui du "Atomic Dog" de George Clinton, le pape du G-Funk, avec son fameux "Bow wow wow, yippie yo, yippie yeah" et son beat totalement irrésistible. Autre film, autre morceau phare de l'histoire du hip hop : le cultissime "O.P.P." de Naughty By Nature dans le très pop-référentiel Dope de Rick Famuyiwa. Juste pour le fun, on rappellera quand même que l'une des significations de cet acronyme est "Other People's Penis".

Notons aussi la BO planante de Nick Cave et Warren Ellis écrite pour L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, et reprise en l'état par Valérie Donzelli sur un échange épistolaire de son Marguerite et Julien. Et de constater que le même morceau, utilisé dans deux films diamètralement opposés (le premier est gracieux, quand le second est lourdingue) ne fonctionne absolument pas de la même façon...

On aura apprécié également l'utilisation des classiques "Spiegel im Spiegel" d'Arvo Pärt et du trio pour piano de Franz Schubert, toujours par Emmanuelle Bercot dans La Tête haute. Ou bien du moins connu "The Unanswered Question" composé par Charles Ives, et qui accompagne magnifiquement les errances désertiques de Gérard Depardieu et Isabelle Huppert dans Valley of Love de Guillaume Nicloux. Sans oublier l'utilisation des Gymnopédies d'Erik Satie en version orchestrale dans le Love de Gaspar Noé, dont la sexyness a surtout été apportée par le sulfureux "Maggot Brain" de Funkadelic, qui s'adapte à merveille à un plan à trois.

Sinon en vrac, nos oreilles ont aimé le "Easy Living" de Billie Holiday entendu dans Carol de Todd Haynes, "Goodbye Weekend" de Mac Demarco dans le très indé Sleeping Giant ou bien encore "Onward" de Mark Kozelek dans Youth de Paolo Sorrentino.

Le tracklisting complet de notre playlist des meilleurs morceaux de Cannes 2015 :

1. Pet Shop Boys - Go West
2. Laibach - Opus Dei
3. Tangerine Dream - Love on a Real Train
4. Leonard Cohen - Famous Blue Raincoat
5. Jarvis Cocker - Baby's coming back to me
6. KRS-One - Sound of da Police
7. George Clinton - Atomic Dog
8. Naughty by Nature - O.P.P.
9. Nick Cave & Warren Ellis - Song for Bob
10. Arvo Pärt - Spiegel im Spiegel
11. Franz Schubert - Trio pour piano
12. Erik Satie - Gymnopédies N° 1 à 3
13. Funkadelic - Maggot Brain
14. Billie Holiday - Easy Living
15. Mac Demarco - Goodbye Weekend
16. Mark Kozelek - Onward 

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5 commentaires
  • IMtheRookie
    commentaire modéré Cette version indus' et slovène de "Live is Life" du Porumboiu est tellement absurde et géniale en conclusion du film. Ecoute en boucle.
    27 mai 2015 Voir la discussion...
  • theocinosh
    commentaire modéré Très bon de revivre les films vus au festival avec leurs musiques !
    27 mai 2015 Voir la discussion...
  • theocinosh
    commentaire modéré Mon top 3 :

    1. Les Pet Shop Boys qui ouvrent et ferment "Mountains May Depart" (mais pourquoi n'a t-il rien eu ??)
    2. Le générique de fin de "Comoara" avec les autrichiens d'Opus
    3. Leonard Cohen sur la gigantesque file d'attente pour voir les Ailes du désir dans "Mia Madre"
    27 mai 2015 Voir la discussion...
  • IMtheRookie
    commentaire modéré @theocinosh mais alors ils sont autrichiens ou slovènes ?
    27 mai 2015 Voir la discussion...
  • theocinosh
    commentaire modéré En fait je me suis emmêlé les pinceaux :
    Le groupe Opus qui a chanté l'original "Live is life" est autrichien
    Le groupe Laibach qui en a fait la reprise (nettement pus fun) est slovène

    Sur Wikipédia, un éclairage intéressant :
    " Leurs titres sont à la fois un manifeste éthique – « Live is life », une dénonciation des limites tautologiques du langage – « Leben Heisst Leben » – et un abrégé de théologie – « God is god », explorant la face cachée de la pop. "
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Laibach_%28groupe%29
    27 mai 2015 Voir la discussion...
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