Le meilleur de la musique classique au cinéma

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On le dit et le répète dans cette rubrique, la musique sait porter le cinéma aux nues. Des plus profonds scénarios aux plus spectaculaires images, rien n'est assez bon si l'illustration sonore peine à nous charmer, nous, spectateurs avides d'émotions saisissantes.

A l'heure où tous les genres musicaux se permettent sans détour d'envahir les salles obscures (Vous avez dit Electro?), les compositeurs en vogue, John Williams, Alexandre Desplat et Danny Elfman (mis à l'honneur ici, ici et ici) en tête, prêtent allégeance à la "grande musique" à chaque portée qu'ils tracent sur le papier, chaque note qu'ils dessinent avec passion. Leurs partitions les plus célèbres sont jalonnées par les influences diverses des virtuoses d'antan.

Pourtant, l'intensité recherchée par tel ou tel cinéaste ne se décèle parfois qu'à travers une oeuvre originale, promesse, en de rares occasions, d'une intensité si extrême qu'elle érige la scène incarnée au rang de culte.

Billy Wilder le prouve avec Rachmaninov :

Voici donc 20 thèmes classiques inoubliables, simples illustrations surplombant des images ou pivot central et omniprésent de cette sélection.

1. S.Rachmaninov - Concerto pour piano en do mineur - Sept ans de réflexion
Une bouche de métro au dessous d'une robe immaculée virevoltante, voilà l'image que tout le monde connait de ce chef-d'oeuvre signée Billy Wilder. Mais comment oublier Richard (Tom Ewell), transformé le temps d'un songe audacieux en irrésistible virtuose ? Marylin tombe sous le charme et nous aussi.

2. G. Donizetti - Lucia di Lammermoor - Le Cinquième élément
Quand Luc Besson et Eric Serra s'emparent d'un opéra, c'est pour l'exposer dans un monde futuriste dans lequel traverser une galaxie n'est plus un problème. La diva Plavalaguna (Maïwenn Le Besco) donne un récital des plus étonnants, mêlant performance vocale et chorégraphie enjouée, envolée lyrique et pop rock outrecuidant.

3. L. Van Beethoven - Symphonie n°7, op II - Le Discours d'un roi
Actuellement en salles dans Le Discours d'un roi, Colin Firth semble en passe de récolter les plus prestigieuses récompenses pour son rôle de roi bègue. Terry Davies orchestre brillamment quelques oeuvres notables du classique, notamment la Symphonie n°7 de Beethoven. Un écrin de solitude pour l'élocution tant attendu par l'auditoire.

4. R. Wagner - La Chevauchée des Walkyries - Apocalypse Now
Palme d'or du Festival de Cannes en 1979, le chef-d'oeuvre de Francis Ford Coppola s'inscrit largement au panthéon du 7ème art. La bande originale, agrémentée de morceaux des Doors et des Rolling Stones, brille surtout par La Chevauchée des Walkyries, à jamais associée au vol d'hélicoptères qu'elle illustre dans le film.

5. R. Strauss - Ainsi parlait Zarathoustra - 2001, l'odyssée de l'espace
Encore une scène d'anthologie que voilà. Que quiconque n'ayant jamais vu l'ouverture de 2001, L'Odyssée de l'espace s'empresse de la regarder ! Une introduction dantesque, tant visuelle que sonore et ouvrant sur un film considéré par beaucoup comme la pièce maitresse du cinéma de science fiction, voire du cinéma tout court.

6. G. Mahler - Symphonie N°5, Adagietto - Mort à Venise
Luchino Visconti met en image l'agonie d'un compositeur du début du XXème siècle dans la majestueuse cité des Doges. Mais par dessus tout, il transcende la violence d'une passion silencieuse que nourrit le Pr Aschenbach (Dirk Bogarde) pour un jeune garçon par l'oeuvre de Mahler. Une ode manifeste au compositeur austro-hongrois.

7. U. Giordano par Maria Callas - La Mamma Morta - Philadelphia
Andrew Beckett (Tom Hanks), séropositif, traduit le désespoir de La Callas et le sien par la même occasion à son avocat Joe Miller (Denzel Washington). Croyez-nous, ce thème n'a pas été inclus dans notre Music Box pour pleurer sans raison.

8. W. A. Mozart - Requiem, Confutatis - Amadeus
Dans ce film entièrement dédié à la musique classique, Milos Forman romance avec brio la vie d'un des plus grands génies de tous les temps. Parmi les opéras et autres concertos apparaissant dans la bande originale, le Confutatis touche par la scène dont il est à la fois le sujet et le thème sonore, à savoir l'agonie d'un surdoué en quête du requiem parfait.

9. G. Rossini - La Pie voleuse - Orange mécanique
Il l'a souvent prouvé, Stanley Kubrick sait marier orchestre philharmonique et images percutantes avec précision. L'ultraviolence dont sont adeptes Alex DeLarge (Malcom McDowell) et ses acolytes plonge le spectateur dans un climat malsain, intensifié par les oeuvres classiques qui jalonnent le film. Du grand art.

10. J. Offenbach - Orphée aux Enfers, French Can-can - Peter's Friends?
Quand l'acteur/réalisateur Kenneth Branagh réunit quelques amis de longue date dans un manoir, on assiste à une démonstration de légers badinages so british. Notons, dans un tout autre registre, la présence du French Can-can dans le générique de Moulin Rouge ! signé Baz Luhrmann. Un juste retour des choses.

11. F. Schubert - Trio en mi bémol, Andante con moto - Barry Lyndon
Troisième réalisation sublime de Kubrick à rentrer dans ce florilège, Barry Lyndon n'est plus à présenter. Une esthétique particulière soutenue par un mélange de folklore irlandais et de classique, le cinéaste souhaite de l'authentique jusque dans la musique. Il choisit pourtant ce trio, composé par Franz Schubert quelques années après le temps du récit, pour son coté "romanesque tragique".

12. H. Berlioz - La Damnation de Faust - La Grande Vadrouille
Scènes hilarantes, répliques cultes, La Grande Vadrouille mérite son hégémonie de près de 40 ans au sommet du box office. Louis de Funes en chef d'orchestre despotique ne veut que Berlioz... et lui. Et offre au cinéma français une de ses plus belles scènes.

13. A. Vivaldi - Concerto en do majeur pour mandoline - Kramer contre Kramer
Réalisé en 1979 par Robert Benton, ce drame nous parle d'amour père-fils, d'abandon du foyer par la mère et de tâches encore rarement incombées au sexe fort il y a 30 ans. En dépit des difficultés et du déchirement que vit cette famille, Kramer contre Kramer sait rester léger, notamment grâce à sa bande son.

14. J.S Bach - Toccata et fugue en ré mineur - Fantasia
Walt Disney offre au 7ème art un petit bijou d'animation exclusivement destiné à mettre en valeur la musique classique. Sept séquences animées pour huit oeuvres jouées pour la plupart sous la direction de Leopold Stokowski.
Un petit extrait pour la route ?

15. W.A. Mozart - Requiem, Dies irae - X-men 2
Enfin la preuve que le classique n'est pas l'apanage de la grandiloquence. Bryan Singer manie le super-héros comme personne, et introduit le second volet de X-Men par une attaque furtive dans la maison blanche. L'occasion pour le public d'admirer de la téléportation azurée sur fond de Requiem.

16. J.S. Bach par Glenn Gould - Variations Goldberg, BWV/988 Aria -
Le Silence des agneaux
En bon psychopathe qui se respecte, Hannibal Lecter l'élégant (Anthony Hopkins, mais est-ce bien utile de préciser?) aime le Chianti, le foie aux fèves beurrées et les Variations Goldberg par le pianiste Glenn Gould. Plus tard, le raffinement et la rigueur de Bach charmeront nos oreilles dans Stupeurs et tremblements et Le Patient anglais.

17. Debussy - Le Sons Et Les Parfums Tournent Dans L'air Du Soir -
The Usual Suspects
Vous l'aurez compris, le classique véhicule une certaine noblesse aux productions cinématographiques. The Usual Suspects ne fait pas l'exception. L'oppressante bande originale de ce thriller de prestige au final inoubliable est orchestrée par John Ottman, en totale adéquation avec ce prélude de Debussy.

18. G. Verdi - Valse Brillante - Le Guépard
?Ayant récemment fait son grand retour remasterisé, le chef d'oeuvre de Luchino Visconti offre en 1963 ce qui, aujourd'hui encore, constitue la plus belle scène de bal de l'histoire du cinéma. Sept mois de tournages dont 40 jours à Palerme pour la réception organisée par le prince Don Salina (Burt Lancaster) dépeint parfaitement les vicissitudes d'une noblesse sicilienne déclinante. Visconti récolte une palme d'or à Cannes et l'éloge des critiques, unanimes.

19. S. Barber - Adagio - Platoon
Thème principal de Platoon, l'Adagio de ce compositeur américain du XXème siècle a pour ainsi dire occulté le reste de son oeuvre. Il illustre en outre la scène finale d'Elephant Man de David Lynch, sans compter les quelques secondes décelables dans Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain.

20. P.I. Tchaïkovski (Clint Mansell) - Perfection - Black Swan
?Finissons en beauté avec le plus connu des ballets classiques, j'ai nommé Le Lac des cygnes. Récemment entendu dans Des hommes et des dieux, l'ouvrage suspend le temps dans Black Swan, grâce à une adaptation capiteuse et moderne de l'intégral du ballet par Clint Mansell, compositeur attitré de Darren Aronofski. Natalie Portman s'envole quand le spectateur, agrippé à son fauteuil, défaille.

Beaucoup ont été "oubliés" : La Vie est belle, Out of Africa, La Corde, Alien, le huitième passager, Ocean's Eleven, Irréversible, Ludwig et bien d'autres encore...
Somme toute, en dépit de son âge et de ses présomptions d'élitisme, la musique classique, grâce à la multitude d'aspects qu'elle peut prendre, s'emparera encore longtemps de nos coeurs. Et du cinéma.

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