Marathon Man de John Schlesinger, une rencontre au sommet
Babe Levy est un jeune diplômé de l'université d'Histoire, obsédé par son passé, et le suicide de son père, victime du MacCarthysme. Frustré, et stressé, il élimine la pression en étant un coureur assidu de marathon.
Son frère, Doc, souvent à l'étranger, vient lui rendre visite. Bien que Babe l'ignore, Doc est agent du gouvernement, et travaille dans une agence de renseignement secrète. Il est en fait à New York pour atteindre un ancien criminel nazi, dont le frère vient de mourir.
« C'était mon premier thriller : je me suis vite rendu compte que le plus important dans ce genre de film, c'est l'intrigue », raconte le réalisateur, John Schlesinger. « Mais je voulais intégrer mes principales préoccupations : les personnages et les détails, dans un film de genre ». Schlesinger retrouve ici Dustin Hoffman, sept ans après Macadam Cowboy. Il dirige en revanche pour la première fois Laurence Olivier, sublime en criminel nazi épris de vengeance, et Roy Scheider, dans le rôle de Doc, le frère du héros.
Combat sur fond de manif. extrait de Marathon Man
Dustin Hoffman a largement inspiré ses co-acteurs dans le film, avec sa méthode de l'Actor's studio, et notamment Marthe Keller, qui tourne ici son premier film américain. Ce sont les producteurs qui la découvrent dans Toute une vie. Pour jouer dans Marathon Man, elle apprend d'abord l'anglais phonétiquement. « Dans la scène sous la pluie, à Pound Ridge, on a eu des difficultés », se souvient Dustin Hoffman. « C'était une scène très importante, très émouvante. On a beaucoup improvisé, et elle avait du mal. Un acteur doit apprendre à travailler sur la réalité. Si on a des problèmes, il faut arriver à les faire passer dans la scène. Par exemple, elle n'arrivait pas à penser en anglais, il fallait qu'elle fasse vivre ça à son personnage. On a fini comme des tigres en cage dans cette scène : on s'est détestés, on ne s'est pas parlé pendant trois jours. Quand on a vu que ça marchait sur la pellicule, on s'est réconciliés ».
Avant la fameuse scène de torture, et sa citation culte « Is it safe ? », Laurence Olivier décide de prendre son petit déjeuner dans sa maison de Beverly Hills : il voit le jardinier, tailler des roses. Le jardinier travaille avec tant de délicatesse, tant de soin, qu'il se dit « Il faut que j'interprète cette scène comme ça. Je devrais l'aborder avec ce genre de délicatesse et d'amour ». Pour Dustin Hoffman, qui rapporte cette anecdote, « c'est un choix merveilleux pour un acteur. On ne déteste pas le personnage, car le personnage ne se déteste pas lui-même ».
Is it safe? extrait de Marathon Man
Dustin Hoffman court trois à sept kilomètres par jour, et perd sept kilos sur le tournage. Alors qu'il va tourner la dernière scène, dans laquelle il doit être essoufflé, il se met à courir. A son retour, Laurence Olivier lui demande pourquoi il court avant. « Pour que la scène soit plus réaliste ». « Tu ne peux pas te contenter de jouer ? », lui réplique le Lord, de la vieille école de théâtre anglais, peu familier de l'Actor's studio. Pourtant, la confrontation des deux acteurs poussera les deux au sommet.