Le Complexe du castor : le vrai comeback de Mel Gibson ?
Le dernier film de Mel Gibson, Le Complexe du castor, est projeté aujourd'hui hors compétition au Festival de Cannes. Sa réception est un enjeu de taille pour l'acteur, dont les déboires font depuis quelques années les choux gras de la presse à scandales.
Trop beau pour être vrai
Mel connaît très rapidement le succès en devenant, à seulement 23 ans, Mad Max. C'est son troisième film et son premier rôle principal. Pas mal pour un début, non ? A partir de là, sa carrière est lancée sur des rails solides, et la célébrité ne le quittera plus jamais.
La preuve : l'année où sort Mad Max III, qui est unanimement considéré comme le plus mauvais de la série (c'est une bouse infâme), il est tout de même sacré « sexiest man alive » par le magazine People. Mel a la côte, et les choses ne vont pas s'arrêter là?
Deux ans à peine après la fin de la saga Mad Max, il enchaîne avec le premier volet d'une autre franchise tout aussi culte, L'Arme Fatale. Aux côtés de Danny Glover, il prouve que, non content d'être un acteur d'action, il sait également manier l'humour. Jusque là, tout roule.
Mais Mel semble fatigué de tenir les têtes d'affiches. Au début des années 2000, il se fait plus discret : il se paye ce qui a l'air d'être un ultime premier rôle dans Signes, joue encore une ou deux fois, discrètement, puis se retire pour passer de l'autre côté de la caméra, avec d'ailleurs pas mal de talent. On ne le reverra plus à l'écran avant 2008.
Racontée comme ça, l'histoire ressemble bel et bien à une success story typiquement hollywoodienne, et on pourrait croire que Mel a vécu l'American dream comme peu d'autres. Raté. Cette histoire, comme toutes celles qui ont l'air trop parfaites, a son côté obscur...
La face cachée de Mad Mel
Le problème de Mel est qu'il a une psychologie fragile, un caractère impulsif et nerveux, et des valeurs morales plus que douteuses. Il a réussi à faire profil bas pendant les premières années de sa carrière, mais son naturel est vite revenu au galop, lui filant au passage de belles ruades dans l'arrière-train.
Courant 1991, sa femme et son agent font pression pour lui afin qu'il s'inscrive aux alcooliques anonymes. Il faut dire, Mel boit (et fume) depuis qu'il a 13 ans, et ses repas sont souvent accompagnés de 5 pintes de bière. Dur de rester anonyme quand on est l'homme le plus sexy du monde, mais rien n'empêche d'être alcoolique. C'est le début des mésaventures publiques de notre anti-héros.
Il est pourtant bel et bien sobre lorsque, la même année, il tient des propos homophobes lors d'une interview en Espagne (quelque chose comme « ils [les gays, ndlr] se la prennent dans le cul, alors que c'est fait pour chier ! »), puisqu'il refuse de s'excuser lorsqu'on le lui demande quelques mois plus tard.
Cet incident passé, Mel fait profil bas jusqu'en 2006, où il est arrêté pour conduite en état d'ivresse et balance des insultes antisémites au policier juif qui l'interpelle. Ce coup-ci, Mel s'excuse et repasse par la case Alcooliques Anonymes. Sa femme le quitte quand même, après 25 ans de vie commune, aggravant encore l'état dépressif dans lequel il se trouve depuis le début de l'année à cause des grosses difficultés de production rencontrées lors du tournage d'Apocalypto.
Et la descente aux Enfers ne s'arrête pas là : l'année dernière, Mel insulte sa nouvelle petite amie au téléphone en ces termes « Ca sera bien fait pour toi si tu te fais violer par une bande de nègres. » Pas de bol pour lui, la conversation est enregistrée. Double pas de bol : l'extrait audio fait le tour du web et ruine la réputation déjà mal en point de la star.
Il parvient malgré tout à revenir à l'écran en 2008 dans le bien nommé Hors de contrôle, prouvant à la surprise générale qu'il sait encore jouer et tenir un premier rôle, mais reste plus ou moins « grillé » dans le milieu du cinéma. Qui voudrait travailler avec un maniaque dépressif alcoolique, homophobe, raciste et antisémite ? Du coup, alors qu'il devait initialement faire un cameo dans Very Bad Trip 2, les producteurs décident de l'écarter poliment pour le remplacer par le plus sage Liam Neeson.
Renaître de ses cendres tel le castor
C'est donc la vie personnelle de Mel qui rend son rôle dans Le Complexe du castor si intéressant, puisqu'il y joue un père de famille dépressif qui a du mal à communiquer avec le monde qui l'entoure? Un rôle qui semble taillé sur mesure et donne l'occasion à l'acteur de se réinventer : ce coup-ci, il ne joue ni un flic, ni un taré, ni un personnage purement comique. Il donne dans le registre du drame, de l'émotionnel, du personnel.
Autant dire que, si le film marche bien, la carrière de Mel pourrait être relancée. Le personnage lui ressemble, et son histoire est celle d'une rédemption. S'il parvient à se l'approprier, son capital sympathie auprès du public s'en trouvera en partie regagné. Et si l'accueil du public est favorable, il redeviendra bankable.
Vous vous posez sûrement la question : comment Mel a-t-il pu avoir un tel coup de chance ? Facile. Lorsqu'il pataugeait dans son puis sans fond, seules 2 personnes sont restées ses amies envers et contre tout. La première est Whoopi Goldberg, qui a pris publiquement la parole pour clamer haut et fort que Mel Gibson était peut-être alcoolique et désespéré, mais pas raciste, et la seconde est? Jodie Foster, réalisatrice du Complexe du castor. Tout s'explique
Au bout du compte, tout a un sens. A présent, c'est à vous de voir ce que vous souhaitez à ce bon vieux Mel? Qu'il se plante parce qu'il le mérite ? Ou bien qu'il se relève et arpente les sentiers du repentir ? Premiers éléments de réponse après la projection?
Read the card extrait de Le Complexe du Castor
Sources : People.com, San Francisco Bay Times, Radar Online, Telegraph.co.uk, guardian.co.uk, fr.canoe.ca, Deadline.com, Entertainment weekly, NY Times