L'excellente campagne promo des Muppets : parodie et stratégie
Alors qu'on vous parlait hier à peine de l'entrain avec lequel le cinéma actuel se moque de Twilight, voilà que les derniers posters promotionnels des Muppets viennent confirmer nos propos...
Mais si ces posters sont rigolos tel quels, ils le sont encore plus (ou moins, tout dépendra de vos goûts) si on les remplace dans le contexte de la pittoresque campagne de marketing qui annonçait depuis mai dernier la sortie du film, programmée pour la veille de Thanksgiving aux Etats-Unis. Les fans français de Kermit et ses amis abrutis devront, quant à eux, attendre avril pour avoir l'occasion de contempler leur idoles sur grand écran.
Alors qu'on n'a pas vu les marionnettes sur grand écran depuis 12 ans et que le rachat de la franchise par Disney avait fait grincer des dents, la campagne promotionnelle avait clairement pour but non seulement de réhabiliter progressivement les Muppets dans l'univers collectif tout en prouvant qu'ils n'avaient rien perdu de leur esprit. Décalage absolu, parodies et meta-humour sont donc au rendez-vous.
Tout avait commencé aux alentours de la sortie du quatrième opus de Pirates des Caraïbes, lorsque Kermit himself s'était chargé d'interviewer les célébrités présentes sur place, récoltant au passage quelques baisers à rendre plus d'un humain jaloux (on pense évidemment à celui de Ian McShane). Le message n'est pas anodin : Johnny Depp, Geoffrey Rush et Vanessa Hudgens défilent, mais Kermit est la seule constante de la vidéo, et c'est lui qui fait le show.
S'en était suivi une bande-annonce assez incroyable qui, pendant toute sa première partie, faisait la promotion de ce qui ressemble à une mauvaise comédie romantique avant de brutalement basculer dans l'univers de coton et de plastique des Muppets, révélant tout de même au passage la présence dans les rôles principaux humains de Jason Segel (qui est également auteur du film) et d'Amy Adams. Plus tard, une « vraie » bande-annonce était apparue, car l'effet de surprise ne peut durer indéfiniment.
Néanmoins, ce trailer faisait, par la musique qui accompagne ses premières secondes, une référence assez explicite aux Batman de Christopher Nolan, alors même qu'ils sont réputés pour leur noirceur et qu'ils ont la réputation d'être - les Punisher mis à part - les films de super-héros les moins adaptés aux enfants. Par la suite apparaissent de courts trailers parodiant Very Bad Trip 2 (ici), Green Lantern (là) et même? The Girl With the Dragon Tattoo, qui s'autoproclamait pourtant « feel-bad movie » de l'année.
Seulement, impossible de regarder la bande-annonce du Fincher sans ricaner après avoir vu ça :
Enfin, et c'est réellement la partie la plus géniale de toute cette longue campagne, la toute dernière vidéo promotionnelle des Muppets parodiait? la première. C'est le comble absolu, l'aboutissement ultime de la parodie et de l'humour meta, et c'est d'autant plus pertinent que le film tout entier a pour thème le comeback des Muppets après qu'ils soient tombés en désuétude. A l'ère du tout-CGI, ce film a priori innocent ressemblerait presque à un doigt d'honneur à la face d'Avatar. Et même si Kermit n'atteindra jamais de tels sommets, on ne peut que le respecter pour la beauté de son geste.
Image : ©Disney