Le bilan des Oscars 2012
Une nuit de rêve pour certains, de folie, de cauchemar pour d'autres. La cérémonie des Oscars 2012 a eu lieu cette nuit et l'heure est désormais au bilan.
Cette année, la soirée des Oscars avait une saveur toute particulière. En effet, nous ne pouvons que le reconnaître, notre esprit chauvin nous a poussé à espérer secrètement le sacre de The Artist, l'un des rares films français à avoir été autant plébiscité par l'Académie des Oscars, avec dix nominations. Un beau film en forme de successions d'hommages au cinéma hollywoodien des années 30 à 50, ce qui constitue donc une demi-réussite française, mais qu'importe.
Surtout que malgré les éclatants Take Shelter, Millenium ou Cheval de guerre (nommé dans six catégories mais sans grande conviction), les films sélectionnés par l'Académie semblaient un peu malingres : l'épuisant Extrêmement proche et incroyablement près, le village de cire de Woody Allen, Minuit à Paris, l'enchanteur mais désarticulé Hugo Cabret, ou encore le très sage La Couleur des sentiments. Restait face à lui un Terrence Malick impérial, couronné d'une palme d'or pour The Tree of Life, mais dont la rugosité risquait d'en laisser plus d'un sur le carreau, et l'ingéniosité et la verve enflammé du Stratège, autre grande réussite de 2011.
Dès les premiers moments de la cérémonie, c'est Hugo Cabret qui s'est imposé comme le plus grand gourmand de la soirée, en raflant direct les 2 premières récompenses techniques. Suivraient bientôt 3 autres, parmi lesquelles les très classes effets spéciaux et photographie, tandis que The Artist s'emparait des costumes et de la musique (une évidence), et Millenium du montage. Au terme de la partie technique des récompenses, c'est donc le film pour enfant de Scorsese qui s'imposait comme le grand vainqueur de la première mi-temps. Sur scène, on retiendra les larmes d'Octavia Spencer et l'éviction sauvage de l'équipe de Undefeated (gagnants du meilleur doc), dont le speech fut jugé trop long... Emma Stone reprenait les blagues que Sara Forestier faisait l'avant-veille aux César, et Chris Rock faisait son Chris Rock. Une musique bien réglée, en somme. On attribuera tout de même une enthousiasmée mention spéciale à la victoire des Muppets (meilleure chanson originale), qui reçoivent enfin le début de la reconnaissance qu'ils méritent. Au prochain épisode, ils obtiendront l'Oscar du meilleur film, c'est certain.
Du côté des récompenses artistiques, en revanche, les hostilités se sont ouvertes avec plus de subtilité, puisque les récompenses du meilleur scénario original et du meilleur scénario adapté ont été attribuées respectivement à Woody Allen et Alexander Payne. Le premier n'était pas présent (il a toujours dit qu'il refusait la compétition dans le cinéma et ne fait donc qu'être fidèle à sa ligne de conduite) et le second, accompagné de son compère Jim Rash, nous a offert un petit moment de rire en se moquant sur scène de l'exhibition jambaire de la remettante Angelina Jolie, vêtue d'une robe bien fendue.
A ce point-là, on commençait évidemment à s'inquiéter pour The Artist, et puis, à peine le temps d'aller aux toilettes la queue entre les jambes que voilà Michel Hazanavicius sur scène en train de remercier Uggie ! Il vient de gagner l'Oscar du meilleur réalisateur, quelques minutes avant que The Artist ne remporte également la récompense ultime, celle du meilleur film. Il rejoignent ainsi Roman Polanski et Le Pianiste sur leur trône solitaire de français oscarisés par le plus prestigieux des prix de l'industrie. Jean Dujardin, en revanche, devient le premier français à être récompensé d'un Oscar du meilleur acteur dans un rôle principal. La classe... américaine. Celui que son propre pays a zappé se voit donc admirablement récompensé, et ses mots sont à la hauteur : "oh putain génial merci !"
Ovation d'une star du muet extrait de The Artist
Le bilan de la cérémonie est donc un partage de gâteau impitoyable : Hugo Cabret et The Artist embarquent chacun 5 récompenses, avec une certaine cohérence, puisque les 2 ont en commun de célébrer la nostalgie d'un âge d'or du cinéma depuis longtemps révolu (souvenez-vous des statistiques de vieux croûtons, une explication s'y trouve). Les autres films ne peuvent alors plus que se partager les miettes, et aucun ne réussit ne serait-ce qu'à en récupérer 2 pour lui seul. Quelle impitoyable nuit ! Mais qu'importe, tout ceci nous aura profité.
Résultats complets des Oscars 2012
Images : © Warner Bros. & © Metropolitan Filmexport
On va essayer de prendre du recul sur le film ce qui va être difficile avec le consensus universel.
De confirmer que le film est sympathique, mais non, n'atteint surement pas la virtuosité d'un chef d'oeuvre des années 20 (ce qui n'est sans doute pas son but).
De remarquer que Hazanavicius est un excellent directeur artistique et que sa filmographie se résumé aujourd'hui à des pastiches de qualité: sera-t-il capable un jour de réaliser un film véritablement personnel, sans références au passé ?
D'exprimer notre joie pour Dujardin, (il doit vivre un truc de ouf l'ex-de Nous C Nous !), et espérer qu'il ne termine pas dans d'infâmes bouses hollywodiennes.
De noter que pour avoir une chance d'obtenir un Oscar aux USA, il faut parler des américains et de leur culture (ah, et ne pas oublier de mettre un chien savant).
Maintenant, félicitations à l'équipe du film, aux techniciens etc !
En tout cas, je ne vois pas en quoi le pastiche rend un film impersonnel.
Hazanavicius ne fait pas des "Scary Movie" : ses films ont de la personnalité, tout de même. J'ai cru lire quelque part que son prochain film serait actuel et traiterait d'une guerre. Wait and see.
En tout cas, je ne vois pas en quoi le pastiche rend un film impersonnel.
Hazanavicius ne fait pas des "Scary Movie" : ses films ont de la personnalité, tout de même. J'ai cru lire quelque part que son prochain film serait actuel et traiterait d'une guerre. Wait and see.
Plus sérieusement, je reconnais le talent de Hazanavicius comme technicien et directeur artistique, mais j'ai du mal à le considérer comme "auteur" qui s'exprime à travers ses films. Quand je vois ses 3 films (les 2 OSS et The Artist), je n'apprends rien sur sa vision du monde, ni son intimité, contrairement à un Kubrick, Malick, Truffaut, Godard, Hitchcock, Clouzot ou même Spielberg. J'aime bien ses films, mais il me semble juste être des gros clins d'oeil au public, rien de plus. Son cinéma manque cruellement de profondeur et à part l'obsession de recréer (avec talent) un cinéma du passé, je n'y vois pas grand chose d'autre.
Mais attendons la suite de sa carrière en effet.
C'est simple,
- The Artist est un bon film,
- The Artist est un hommage au cinéma hollywoodien,
- Les américains adorent la France et les français.
Résultat, ces trois facteurs additionnés ensemble font que The Artist est nominé pour dix oscars et en remporte cinq.
Or pour qu'un film remporte cinq oscars, il faudrait que ce soit un chef-d'oeuvre !
Mais The Artist n'est pas un chef-d'oeuvre; un (très) bon film certes, mais pas un chef-d'oeuvre.
Dilemme : Tout cela est-il bien mérité à sa juste valeur, quand on sait que The Tree of Life ou Drive n'ont rien reçu ? [...]
Mais bon, Hazanavicius qui reçoit l'Oscar du meilleur réal devant Scorsese pour "Hugo Cabret" et Alfredson pour "La Taupe", deux mises en scène somptueuses, c'est quand même un peu n'imp...