Quel futur pour les films Weinstein ?
Vous l’avez sans doute vu passer (ou peut-être l’apprenez-vous) : la Weinstein Company (TWC), société qui produisait notamment les films de Quentin Tarantino, a rendu les armes. Criblée de dettes, plombée par le scandale suite aux agissement de son ancien patron, elle a été placée en liquidation judiciaire le 19 mars dernier, faute d’un repreneur offrant des garanties suffisantes. Mais alors quel sera le sort des nombreux projets estampillés TWC ? Pas mal d’incertitudes, quelques espoirs : l’occasion d'un petit inventaire des films qui suivront la société dans sa chute et ceux, plus chanceux, qui trouveront le chemin des salles.
Usuellement, quand un film est arrivé à son terme, le producteur en cède les droits à un distributeur, pour une durée variant généralement de 3 à 5 ans. Mais qu’en est-il lorsque le producteur fait faillite ? C’est assez compliqué, car nombreux sont les cas indécis (notamment lorsqu’il y a co-production ou lorsque la société de production distribue elle-même le film). Disons toutefois pour résumer qu’une société sans repreneur, placée entre les mains d’un organisme financier, interdit de fait la distribution de son catalogue en salles. C’est souvent pour cette raison que certains films de votre wishlist mettent très longtemps à atterrir dans votre salle préférée. Quand ils y arrivent. Ainsi, on a peu de chances de voir sur nos écrans des films qui n’avaient pas été exploités et qui étaient produits exclusivement par la TWC. Pour les autres, la question reste ouverte.
Projets annulés
Guantanamo, Oliver Stone
Il y a d’abord tous ceux qui ont abandonné le navire avant même qu’il ne prenne l’eau. Tarantino par exemple, qui a senti le vent tourner, s’est réfugié illico chez Sony. Guantanamo, la série qui devait grossir la liste des cinéastes basculant du côté plus très obscur de la télévision en est aussi, stoppée net par Oliver Stone lui-même. Connaissant le penchant fortement politisé du cinéaste – ce projet d’immersion critique au sein du fameux centre de détention en était une autre preuve – il était donc tout à fait cohérent qu’il se désolidarise du mogul, sans demander son reste. Pourtant, cela semblait bien parti pour Harvey, qui ne tarissait pas d’éloges à l'époque : “Cela a toujours été un rêve pour moi de travailler avec Oliver. Je suis un fan de la première heure et il est l’un des plus grands cinéastes de tous les temps. C’est un projet explosif.” Il ne croyait pas si bien dire.
La série mafieuse de David O. Russell (sans titre)
Celle-ci était attendue avec pas mal de ferveur. Le drama de David O. Russell (l’homme derrière Fighter, Happiness Therapy, Joy et American Bluff) devait en effet réunir un casting de luxe : Bob de Niro – qui avait déjà joué pour Russell –, Julianne Moore et Michael Shannon (excusez du peu). Elle a pourtant été annulée pour les mêmes raisons. Voir De Niro rempiler du côté de la pègre n’aurait pas manqué de sel, mais peut-être était-il préférable d’en rester à Casino. "Nous soutenons la décision d'Amazon car, à la lumière des récentes révélations et par respect pour toutes les personnes touchées, nous avons décidé ensemble qu'il était préférable de ne pas aller de l'avant avec cette série" ont confirmé acteurs et réalisateur dans un communiqué.
Forgive Me, Leonard Peacock, Channing Tatum
Cette adaptation prometteuse du livre de Matthew Quick a été immédiatement avortée par Channing Tatum et on comprend pourquoi : le roman rapporte l’histoire d’un étudiant qui prévoit de tuer son meilleur ami avant de se suicider, à la suite d’une agression sexuelle… Il s'en est expliqué sur Instagram.
Projets dans les limbes
How Starbucks Saved My Life
D’autres projets en sont restés au stade du développement ou de la projection en festival et se retrouvent maintenant dans les limbes. Un temps envisagé pour être dirigé par Gus Van Sant avec Tom Hanks dans le rôle, How Starbucks Saved My Life est de ceux-là et à la lecture du synopsis, on se dit que ce n’est peut-être pas plus mal. Soit l’histoire d’un type qui perd tout (son job, sa femme, basic stuff) après avoir été diagnostiqué d’un cancer, et qui se reconstruit grâce à… Starbucks. On avait déjà eu la pseudo comédie à la gloire de Google, mais là on frise le spot publicitaire géant. En même temps, quand on regarde le petit montage amateur ci-dessous à base d'images Getty, on se dit que ça pourrait venir compléter notre dvdthèque de chefs-d’œuvre aux côtés de The Room :
The Upside, Neil Burger
Le “Intouchables” américain, adapté par Paul Feig avec Bryan Cranston, Kevin Hart, Nicole Kidman et Golshifteh Farahani avait presque atteint la ligne d’arrivée puisqu’il a été présenté au Toronto Film Festival en septembre dernier (où il a été diversement apprécié). Mais depuis l’annonce de la faillite, les dates de sortie ont été annulées et on ne sait pas quand il pourra retrouver le chemin des salles. Un handicap supplémentaire pour la comédie déjà accusée de racisme outre-Atlantique.
The Current War, Alfonso Gomez-Rejon
La guerre de l’électricité entre les trois géants que sont Westinghouse (Michael Shannon), Tesla et Edison (Benedict Cumberbatch) n’aura donc pas lieu. Enfin pas complètement. Arrivée elle aussi sur les écrans de plusieurs festivals, la bataille entre courant alternatif et continu (qui aurait fait le bonheur d’AC/DC) a même pu atteindre la Norvège et l’Argentine. Mais voilà, depuis le mois de mars, plus aucune date n’est prévue sur le sol américain ou français. La panne ?
Fahrenheit 11/9, Michael Moore
Avant l’orage, la température était déjà montée d’un cran avec le conflit opposant la Weinstein Company et Michael Moore. Depuis, très remonté par le scandale, le réalisateur de Bowling for Columbine souhaitait récupérer la totalité des droits du film, estimant que les 2 millions de dollars déjà engagés n’étaient que la contrepartie nécessaire aux exactions de Weinstein. Pas sûr que la suite de Fahrenheit 9/11 (2003) puisse voir le jour avec ce genre d’injonctions, mais on espère que ce documentaire, tourné cette fois sur l’élection de Donald Trump trouvera une issue heureuse.
Les films qui s’en sortent
The Romanoffs, Matthew Weiner
A côté de la flopée de petits anges partis trop tôt, certains ont quand même réussi à sortir la tête de l’eau. On en compte deux pour le moment : le premier, The Romanoffs, nouvelle série de Matthew Weiner (le créateur de Mad Men) avec Aaron Eckhart, Christina Hendricks et Isabelle Huppert se fera bien, mais avec le seul financement d’Amazon.
Get Happy : The Life of Judy Garland
Le meilleur et peut-être le plus symbolique pour la fin : le biopic de Judy Garland, adapté du livre de Gerald Clarke, va lui aussi atterrir dans l’escarcelle d’Amazon. Symbolique parce qu’on y apprend que Judy Garland était harcelée par le grand patron de la MGM, Louis B. Mayer. Quand on sait que Weinstein souhaitait monter le projet depuis 2007 avec Anne Hathaway, on se réjouit malgré tout que Renée Zellweger reprenne le rôle : une terrible hypocrisie de plus aura été évitée.
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youliseas26 mars 2018 Voir la discussion...
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