Festival de Cannes 2018 : découvrez les films pressentis pour la Compétition officielle et faites vos pronostics
Quels seront les films présents sur la Croisette cette année ? Samuel Douhaire de Télérama dresse un état des lieux des favoris, des outsiders et des surprises possibles du 71e Festival de Cannes. L'occasion pour vous de nous faire un top de vos plus grosses attentes.
C’est le jeudi 12 avril 2018 que Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, doit dévoiler en conférence de presse l’essentiel de la sélection officielle (Compétition, Hors compétition, Séances spéciales et Un certain regard) de la 71e édition, qui se déroulera du 8 au 20 mai sous la présidence de Cate Blanchett. Dix-huit jours avant les annonces officielles, état des lieux des principaux films attendus et/ou espérés. En précisant que les recalés auront peut-être une deuxième chance dans les sections parallèles du Festival, la Semaine de la critique (pour les premiers et deuxièmes films) et la Quinzaine des réalisateurs. Piochez dans cette longue liste pour établir un top 10 des films que vous voudriez à tout prix voir concourir pour la palme.
Les productions françaises : les favoris
Jacques Audiard, Les Frères Sisters
Habitué de la compétition (Palme d’or pour Dheepan et Grand Prix pour Un prophète à la clé), le réalisateur de De rouille et d’os est très attendu avec son premier film tourné aux Etats-Unis. Un western dont le casting (John C. Reilly, Jake Gyllenhaal, Joaquin Phoenix…) fait saliver.
Pierre Schoeller, Un peuple et son roi
L’une des productions françaises les plus ambitieuses de l’année. L’auteur de L’Exercice de l’Etat raconte les débuts de la Révolution française avec une distribution impressionnante : Laurent Lafitte en Louis XVI, Louis Garrel en Robespierre, Denis Lavant en Marat, mais aussi Adèle Haenel, Gaspard Ulliel, Olivier Gourmet, Noémie Lvovsky, Céline Salette…
Olivier Assayas, E-book
Un autre habitué de la sélection officielle, mais rarement récompensé (un seul prix de la mise en scène, pour Personal shopper, en 2016). Ce film sur le milieu de l’édition a un sérieux atout pour rejoindre la compétition : son casting, qui réunit stars (Juliette Binoche, Guillaume Canet), valeur sûre du jeune cinéma d’auteur (Vincent Macaigne) et humoriste utilisée à contre-emploi (Nora Hamzawi).
Claire Denis, High Life
La cinéaste de Un beau soleil intérieur, présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs l’an dernier, a de grandes chances de retrouver la compétition avec, sacré pari, une science-fiction consacrée à une mission dans l’espace. L’équipage a fière allure, avec Robert Pattinson, Patricia Arquette et, encore une fois (et ce n’est pas fini…) Juliette Binoche.
Jean-Luc Godard, Le Livre d’image
Pas sûr que le patriarche de Rolle fasse le voyage. Mais on est prêt à parier que son nouvel essai cinématographique, annoncé comme une réflexion sur le monde arabe, sera en sélection officielle – sans doute hors compétition.
Les productions françaises : les outsiders
Stéphane Brizé, Un autre monde
Le réalisateur de La Loi du marché rempile dans la chronique sociale avec, une fois encore, Vincent Lindon. Trois ans après le prix d’interprétation pour son rôle de chômeur devenu vigile, l’acteur incarne cette fois-ci le porte-parole de salariés dont l’usine doit fermer.
Guillaume Nicloux, Tassen, les confins du monde
Guillaume Nicloux est l’un réalisateurs les plus éclectiques – et les plus surprenants – du cinéma français. Après l’expérimental The End, il retrouve Gérard Depardieu pour ce film historique dans l'Indochine de 1945, interprété également par Gaspard Ulliel et Guillaume Gouix
Philippe Faucon, Amin
Fidèle aux thèmes de l’immigration et de l’intégration, le réalisateur de Fatima suit, cette fois, le parcours d'un Sénégalais venu chercher un travail en France pour aider sa famille restée au pays. Le rôle-titre est tenu par un débutant (Moustapha Mbengue) aux côtés, entre autres, d’Emmanuelle Devos.
Valeria Bruni-Tedeschi, Les Estivants
Un nouveau chapitre dans la saga largement autobiographique de l’actrice-cinéaste, tourné dans une grande villa de la Côte d’Azur avec Valeria Golino, Pierre Arditi et, comme souvent, sa mère, Marisa Borini.
Christophe Honoré, Plaire, aimer et courir vite
Beau titre et superbe distribution (Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps) pour cette histoire d’amour entre un dramaturge et un étudiant dans les années 90.
Yann Gonzalez, Un couteau dans le cœur
Grosse cote pour le deuxième long métrage du réalisateur des Rencontres d’après minuit. Une évocation sulfureuse de la fin des années 70 avec Vanessa Paradis en… productrice de pornos gays menacée par un tueur en série ! Mais le film, du fait de son sujet et du style maniériste de Gonzalez, est sans doute mieux taillé pour la Quinzaine des réalisateurs.
Le reste du monde : les favoris
Asghar Farhadi, Everybody knows
Le film a déjà une date de sortie française: le 9 mai, soit… le lendemain de l’ouverture du festival ! Pour son deuxième long métrage tourné en Europe après Le Passé, le cinéaste iranien réunit le couple Penelope Cruz-Javier Bardem et la superstar argentine Ricardo Darin. Caliente !
Paolo Sorrentino, Loro
Quoi qu’il fasse (y compris un nanar aussi redoutable que This must be the place en 2011), le réalisateur italien a son rond de serviette garanti en compétition. Le chouchou de Thierry Frémaux a, de surcroît, l’avantage de proposer un sujet explosif : un portrait fictionné de Silvio Berlusconi, avec Toni Servillo dans le rôle du milliardaire bunga bunga.
Nuri Bilge Ceylan, Le Poirier sauvage
Comme Paolo Sorrentino, le lauréat de la Palme d’or en 2014 avec Winter Sleep gagne sa place en compétition à tous les coups – mais lui, c’est mérité. Le génial cinéaste turc s’intéresse cette année à un fan de littérature de retour dans son village d’Anatolie, qui rêve de devenir écrivain.
Jia Zhangke, Ash is purest white
Le plus grand cinéaste chinois mériterait enfin une Palme d’or. L’obtiendra-t-il pour son nouveau film de fiction, actuellement en post-production, et annoncé comme une violente histoire d’amour entre un chauffeur de taxi et une top-modèle, de 2001 à nos jours ?
Xavier Dolan, Ma vie avec John F. Donovan
Avec son casting trois étoiles (Kit « John Snow » Harington, Natalie Portman, Susan Sarandon, mais plus Jessica Chastaing, sacrifiée au montage), on ne voit pas ce qui pourrait empêcher la première surperproduction américaine du prodige québecois de concourir pour la Palme d’or. A moins que le film ne soit pas terminé à temps. Et que les producteurs de Dolan préfèrent miser sur les festivals de Venise et Toronto…
Lars von Trier, The House that Jack built
Sept ans après le scandale de la conférence de presse de Melancholia, où ses déclarations ineptes sur Hitler l’avait privé de la Palme d’or qui lui était promise, il semblerait que le cinéaste danois soit de nouveau persona grata sur la Croisette. Et quoi de mieux qu’une histoire de serial killer américain avec Matt Dillon et Uma Thurman pour revenir électriser les festivaliers ?
Naomi Kawase, Vision
L’an dernier, son pénible Vers la lumière nous avait assommé. Ce qui n’empêchera probablement pas la cinéaste japonaise (que l’on préfère documentariste qu’auteure de fiction) de revenir à Cannes cette année, tant elle est choyée par le Festival. Argument supplémentaire pour sa sélection, la présence en tête d’affiche de, devinez qui ?, Juliette Binoche.
Yorgos Lanthimos, The Favourite
Encore un habitué dont on se passerait bien… Mais le réalisateur roublard de The Lobster et de Mise à mort du cerf sacré a la carte auprès des sélectionneurs. Et deux sérieux atouts dans sa manche, avec Emma Stone et Rachel Weisz au générique de cette chronique royale de la maison Stuart.
Mike Leigh, Peterloo
Cet habitué-là, par contre, on l’apprécie. Après son biopic de Turner en 2014, le cinéaste anglais célébré (à juste titre) pour ses chroniques sociales semble prendre goût aux reconstitutions historiques. Peterloo est une évocation du massacre du même nom qui, en août 1819, vit la cavalerie de Sa Majesté charger une manifestation pacifique de 60 000 personnes qui réclamaient une réforme du Parlement britannique.
László Nemes, Sunset
Le jeune prodige hongrois avait fait sensation en 2015 avec son impressionnant premier film, Le fils de Saul, une évocation des camps d’extermination nazis adoubée par Claude Lanzmann lui-même et récompensée par le Grand Prix. Sunsetest, à nouveau, un film historique, mais cette fois situé en 1910, à Budapest.
Damien Chazelle, First Man
Après le triomphe de La La Land, le plus français des réalisateurs américains a retrouvé Ryan Gosling pour ce biopic de Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la Lune.
Pawel Pawlikowski, Cold War
Le réalisateur polonais nous avait époustouflés avec Ida puis La femme du Ve. On espère beaucoup de son nouveau film, une romance située dans les années 50 entre la Pologne, Berlin, Paris et la Yougoslavie.
Terrence Malick, Radegund
Après trois films sentimentalo-intimistes ayant suivi sa Palme d’or pour The Tree of life (2011), le plus secret des cinéastes américains pourrait revenir en compétition avec ce portrait, que l’on espère pas trop mystique, de Franz Jägerstätter. Un objecteur de conscience autrichien, victime du régime nazi, qui fut reconnu comme martyr puis béatifié par Benoît XVI…
Terry Gilliam, L’Homme qui tua Don Quichotte
Incroyable mais vrai, l’ex-Monty Python est enfin venu à bout de son film maudit, dont les premières scènes (avec le regretté Jean Rochefort) furent tournées il y a vingt ans ! Un candidat tout désigné pour une séance spéciale.
Le reste du monde : les outsiders
Luca Guadagnino, Suspiria
Après la superbe éducation sentimentale de Call me by your name, changement radical d’univers pour le réalisateur italien. Qui propose un remake du film d’horreur baroque de Dario Argento, avec un casting majoritairement féminin – Dakota Johnson, Tilda Swinton, Chloë Grace Moretz mais aussi Sylvie Testud et Ingrid Caven.
Kirill Serebrennikov, L’Été
Assigné à résidence depuis août dernier pour une affaire présumée de détournement de fonds publics (et, officieusement, pour son opposition déclarée à Vladimir Poutine), le prestigieux metteur en scène de théâtre et réalisateur russe a réussi à finaliser son deuxième long métrage. L’action se déroule en 1981 à Leningrad (aujourd’hui Saint-Petersbourg) et raconte la naissance du rock russe. Le Festival de Cannes, qui défend régulièrement les cinéastes opprimés à travers le monde, serait bien inspiré d’accueillir L’Eté en compétition.
Nadav Lapid, Synonymes
Le très doué cinéaste israélien avait eu droit à une séance spéciale pour son dérangeant L’Institutrice, en 2014. Intègrera-t-il la compétition avec son troisième long métrage, qui raconte l’arrivée d’un jeune Israélien à Paris ? Le casting, largement français, est prometteur avec Louise Chevillote (la révélation de L'Amant d’un jour, de Philippe Garrel), Quentin Dolmaire (le héros de Trois Souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin) et Lætitia Dosch.
Lee Chang-dong, Burning
L’ancien ministre de la Culture de Corée du Sud tourne peu – son précédent film, Poetry, Prix du scénario à Cannes, remonte à 2010. Burning, où une jeune femme se retrouve impliquée dans un étrange accident avec deux hommes, est adapté d’une nouvelle du romancier japonais Haruki Murakumi.
Carlos Reygadas, Donde nace la vida
Le réalisateur mexicain, aussi brillant qu’agaçant, avait désarçonné jusqu’à ses fans les plus fervents avec son précédent film, le fumeux Post Tenebras Lux (inexplicablement récompensé pour sa mise en scène à Cannes en 2013). Son nouveau film, une chronique familiale, devrait être plus accessible – et, on l’espère, moins prétentieux.
Hirokazu Kore-eda, Shoplifters
The Third Murder, son précédent film – et son premier polar – était à Venise (à découvrir le 11 avril prochain en salles). Le réalisateur japonais renoue avec son thème de prédilection, les relations parents/enfants, dans ce portrait d’une famille de petits délinquants dont le tournage s’est achevé en janvier dernier. Le film devrait toutefois être prêt pour concourir.
Julian Schnabel, At eternity's gate
Dix ans après son Prix de la mise en scène pour Le Scaphandre et le Papillon, le cinéaste et peintre américain est candidat pour la Croisette avec… un biopic de Van Gogh tourné à Arles. C’est Willem Dafoe qui joue l’artiste à l’oreille coupée face à Oscar Isaac en Gauguin.
Brian De Palma, Domino
Le réalisateur de L’Impasse n’avait rien tourné depuis Passion, il y a cinq ans. Il pourrait revenir sur la Croisette (hors compétition) avec cette histoire de traque au tueur de flics tournée en Europe au casting puisé dans le meilleur des séries télé (Nikolaj Coster-Waldau alias Jamie Lannister dans Game of thrones, Christina Hendricks de Mad Men).
Conte de Juillet déjà dans la BDD, mais finira sans doute en sélection parallèle (s'il va à Cannes)
Pour le Gan Bi, le voici http://www.vodkaster...y-into-night/1366627 (mais il est encore en prod, je doute qu'il soit à Cannes)
Le MHL : http://www.vodkaster.com/films/maya/1366631 (idem)
Amanda : http://www.vodkaster.com/films/amanda/1366637
A noter également que Les Frères Sisters devrait être écarté de la compétition selon les dernières rumeurs.
Étrange que le Audiard soit possiblement écarté... Si y avait bien un film dont j'étais persuadé qu'il serait en compet', c'était bien celui-ci. Comme quoi.
@CinemAtrium Hehe, si son film n'est pas en compet' ça serait un scandale (à moins qu'il ne soit pas prêt.) Curieux de voir le Gonzales également, malgré le traumatisme des Rencontres Après Minuit...