The Bling Ring : rencontre avec les jeunes acteurs du film
En plus de Sofia Coppola, nous avons eu l'occasion de rencontrer en mai dernier à Cannes les jeunes acteurs de The Bling Ring. Très enthousiastes et assez bavards, ils nous ont parlé de leur rapport à la mode, à la célébrité et aux réseaux sociaux...
Rarement la manière dont se tiennent les interviews en disent autant sur le film. Si Sofia Coppola est apparue assez timide et réservée, portant sur son film un regard neutre et factuel, ses acteurs sont en revanche apparus beaucoup plus excités. S'ils ne débutent pas tous dans l'industrie cinématographique ils ont encore en commun une fraicheur et un enthousiasme non dissimulé pour les attraits du showbusiness. Pendant le temps de l'entretien, Emma Watson - qui a sur eux quelques longueurs d'avance en terme de notoriété - répondait dans une pièce voisine aux questions d'un média plus important. Le frisson et l'angoisse liés à la célébrité, l'appétit méfiant pour ce qui brille et une certaine alchimie entre tous ces jeunes gens... tout ça n'était vraiment pas très loin de The Bling Ring. De gauche à droite sur la photo ci-dessus : Israel Broussard, Taissa Farmiga, Claire Julien et Katie Chang.
Comme pour l'interview de Sofia Coppola, la rencontre s'est déroulée à plusieurs. Voici l'intégralité de la conversation :
Aviez-vous déjà entendu parler de l'histoire du « Bling Ring » avant de lire le scénario ?
Taissa Farmiga : Je n'en avais jamais entendu parlé. J'ai donc été assez choquée car je pensais que le scénario était une fiction. Je n'arrivais pas à croire que c'était tiré d'une histoire vraie. J'ai mis du temps avant de réaliser.
Israel Broussard : C'est lorsque Katie Chang et moi-même avons rencontré Sofia Coppola et Harris Savides (ndlr : directeur photo) et qu'ils nous ont donné l'article de Vanity Fair que j'ai réalisé : c'est une histoire vraie !
Claire Julien : C'était assez surprenant pour moi qui suis native de Los Angeles de n'en avoir jamais entendu parler. C'était donc vraiment très intéressant de faire des recherches sur ces gamins complètement fous et d'en apprendre plus sur ce qu'ils faisaient.
Katie Chang : Moi j'en avais entendu parler avant mais je ne connaissais pas les détails de l'histoire. Le scénario me semblait familier, mais j'ai tout de même eu un choc en en apprenant plus sur le sujet.
Avez-vous eu l'occasion de rencontrer vos personnages ?
Claire : J'ai été la seule à avoir la chance de rencontrer Alexis Neiers. Mais ce qui est assez incroyable, c'est que je l'ai rencontré bien avant que j'apprenne ce qu'elle avait fait ! Je l'avais croisé chez un ami complètement par hasard. C'est seulement plus tard, en faisant des recherches pour le film, que je l'ai reconnu. Je n'ai pas reconnu son visage, mais ses tatouages. Mais j'aurais aimé la rencontrer après. Je n'aurais probablement pas mentionné le fait que j'allais jouer dans ce film, mais j'aurais essayé de me faire une idée sur sa personnalité. Je pense sincèrement qu'elle aurait détesté que j'aborde le sujet. Surtout qu'elle a tourné la page : elle s'est mariée et elle vient d'avoir un enfant. Cette histoire est derrière elle désormais.
Katie : Cela aurait été vraiment trop intimidant pour moi de les rencontrer. Par ailleurs, le scénario est basé sur leurs actions et pas vraiment sur leurs personnalités. Je pense qu'il aurait été difficile de créer nos propres personnages si nous avions eu un aperçu de qui ils sont vraiment.
Israel : Avant tout, nous avons joué les personnages que Sofia a écrit. De toute façon, il a peu d'éléments sur la manière dont les évènements se sont vraiment déroulés ! Nous avons donc juste fait des recherches à partir de l'article de Vanity Fair...
Claire : C'est une interprétation artistique.
Le film est une fiction, mais le tournage a eu lieu dans la véritable maison de Paris Hilton...
Taissa : J'avais du mal à réaliser que j'étais dans la maison de Paris Hilton. Il y avait des superbes voitures roses garés à l'extérieur et des oreillers à son effigie !
Katie : Nous n'avons rien apporté pour le tournage.
Claire : Tout était déjà là.
Taissa : Même les vêtements !
Katie : Ils ont seulement déplacé certaines choses. Elle était assez cool et elle nous laissait toucher des trucs ; elle nous demandait seulement de ne rien faire tomber.
Israel : Je n'ai jamais été fan, mais c'était bizarre. En fait j'étais plus excité par l'idée d'aller dans la maison de Paris Hilton que par le fait d'être vraiment dans la maison de Paris Hilton.
Maintenant que vous êtes célèbres, que pensez vous de cette histoire ?
Claire : J'espère que ça ne m'arrivera jamais !
Taissa : Bon, nous ne sommes pas encore vraiment des célébrités...
Katie : Cela est assez ironique d'obtenir de la reconnaissance pour un film au sujet de gamins qui cambriolent des maisons de célébrités. Le film sonne comme un doux avertissement sur ce que nous pourrions devenir si nous laissons Hollywood et son style de vie nous contaminer.
Emma Watson est une méga-star. Comment ça s'est passé entre vous ?
Katie : Elle attire énormément l'attention. Mais c'était intéressant d'avoir un aperçu de son style de vie.
Taissa : J'adorais Harry Potter ; j'ai lu tous les livres et j'ai également vu les films. J'étais donc très excitée à l'idée de la rencontrer et d'apprendre à la connaître.
Claire : Elle est très intelligente et très douce. C'était vraiment une expérience géniale de travailler avec quelqu'un comme elle, quelqu'un qui est si établie dans le métier et qui poursuit cette carrière depuis ses dix ans.
Si vous étiez cambriolé par ces ados et que vous aviez la chance de leur parler après, qu'est-ce que vous leur diriez ?
Claire : Qu'est-ce que vous avez volé ? Et je les enregistrerais aussi, pour pouvoir les coincer.
Taissa : La grande question est «Pourquoi ?». Ils n'avaient pas de raisons valables. Ils voulaient toutes ces choses qui étaient à portée de main, alors ils se sont servis. J'aimerais bien être dans leur tête pour comprendre exactement leur logique : «A quoi avez-vous pensé en me cambriolant ?»
Israel : Je ne dirais rien à la police, mais je leur demanderais ce que je peux faire pour les aider. «Avez-vous besoin d'une thérapie ?»
Claire : Espérons juste que notre film n'inspire pas quelqu'un dans le mauvais sens. Le film de Sofia Coppola n'idéalise de toute façon pas ce qu'ils ont fait. Elle ne fait que raconter une histoire. Mais comme le film est très glamour avec toutes ces fêtes, la mode, les bijoux, etc. on peut penser qu'on en dit du bien. Mais ce n'est pas parce que ça paraît beau que ça l'est.
Katie : J'espère que les gens vont se concentrer tout autant sur les paillettes et le glamour de la première partie que sur la seconde partie, qui se focalise sur les conséquences de leurs actions.
Israel, tu étais le seul garçon sur le tournage. C'est aussi le cas de ton personnage qui n'est entouré que de filles. Comment ça s'est passé ?
Israel : J'ai grandi dans une famille nombreuse où j'étais le seul garçon pendant plusieurs années, donc ça ne m'a pas dérangé. Et je ne m'entendais pas vraiment avec mes camarades d'école quand j'étais petit. Je jouais plutôt avec mes soeurs à la maison. J'étais toujours assis du côté des filles pendant les matchs de basket ! Je préfère de loin les femmes aux hommes.
Claire : C'est un homme à femme ! Il n'est pas comme son personnage ! (rires)
Est-ce que Sofia Coppola vous a demandé de vous préparer pour vos rôles ?
Katie : Elle nous a suggéré de regarder la télé-réalité, de lire des magazines de mode, etc. Je me souviens qu'elle m'a demandé de faire un journal en me mettant dans le peau de mon personnage, de découper des photos dans des magazines et d'en faire des collages.
Taissa : Emma (Watson), Leslie (Mann) et moi devions faire des collages avec les photos qui nous inspiraient.
Israel : Oui, d'ailleurs ils figurent dans le film...
Comment s'est passé le tournage avec Leslie Mann ?
Taissa : C'est une femme géniale, elle est si drôle ! Elle apportait une atmosphère de détente et de relaxation sur le plateau. On s'est très bien entendu. Elle était comme une maman, mais une maman cool.
Israel : J'étais très excité à l'idée de la rencontrer.
Claire : J'espère pouvoir travailler avec elle plus souvent. La seule scène que j'ai tourné avec elle était celle au tribunal.
Israel : Vu qu'on était sur le plateau toute la journée, j'ai eu la chance de pouvoir discuter avec elle. C'est une femme très intéressante. Mon oncle insistait pour que je lui obtienne un autographe. Mais je suis juste allé dans la caravane des costumes et j'ai attrapé une des étiquettes de la penderie avec son nom !
Qu'en est-il de votre relation à la mode ?
Taissa : J'ai grandi dans le New Jersey où je jouais dehors avec mes frères. Alors je ne m'intéressais pas à Hollywood et à la mode quand j'étais petite. Mais je commence maintenant à m'y intéresser. J'adore les essayages, et c'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à ressentir un vrai intérêt pour la mode. Par le simple fait d'essayer des vêtements de marques ! J'ai réussi à en récupérer pour ma soeur. Donc je ne peux pas me plaindre, c'est fun !
Claire : J'adore la mode. En juillet, je vais d'ailleurs étudier dans une université spécialisée en mode (le Fashion Institute of Design and Merchandising). J'ai toujours eu deux passions dans ma vie, la mode et le métier d'acteur. Et j'ai toujours su que je voulais faire les deux. Grandir à LA. et être dans cette industrie m'a donné tellement d'expériences dans la mode que beaucoup d'autres gens n'ont pas la chance d'avoir. J'ai rencontré et parfois travaillé avec des grands costumiers sur des films lors des tournages de mon père, en m'habillant comme des actrices extraordinaires comme Marion Cotillard, Anne Hathaway, Ellen Page, Charlize Theron, etc. C'était une des raisons qui m'ont poussé à venir travailler sur ce film : de voir toutes ces robes magnifiques, toutes ces marques, et les sacs Birkin !
Maintenant que le tournage est terminé, vous pouvez l'avouer : avez-vous volé des trucs sur le tournage ?
Taissa : J'aurais bien aimé qu'ils nous donnent quelque chose.
Katie : J'ai eu une paire de chaussures. Je les avais tellement portées qu'elles étaient bousillées, donc ils me les ont données.
Claire : Si j'avais dû voler quelque chose - et je ne l'aurais pas fait, je dis ça juste pour information - ça aurait été ces incroyables bottes Louboutin. Elles montaient jusqu'aux genoux et elles étaient cloutées. Elles étaient super cool, comme des bottes de moto en cuir avec leur dessous rouge et je me disais : «Je veux tellement les porter !». Ces bottes m'ont rendu heureuse.
Israel : Je me souviens, tu les as vues le premier jour de tournage et tu as pété un plomb ! Tu ne voulais plus les enlever !
C'est votre premier gros film. Qu'est ce que ça fait de venir à Cannes ?
Taissa : C'est sympa que l'on puisse faire ça en groupe, au moins pour Cannes. Venir ici pour présenter un film est tout nouveau pour nous. Ça nous permet d'avoir quelqu'un sur qui nous appuyer.
Claire : C'est super d'avoir Emma Watson avec nous, car elle est bien plus habituée à cet univers. A chaque fois qu'on rencontrait la presse, au début elle était là comme une petite maman pour nous guider. Donc je pense qu'être là avec elle est très important parce qu'on va apprendre beaucoup de choses grâce à elle, en regardant sa manière d'agir, de gérer le stress et les foules en délires ; elle est vraiment d'une grande aide.
Israel : Je vais faire de mon mieux pour rester professionnel. Je m'adapte facilement aux situations. Mais je ne réalise pas vraiment tout ce qui m'arrive.
Claire : C'est génial d'avoir des amis pour traverser ça. Car nous sommes amis, et être ici avec mes amis, ça me rend heureuse ! Et une fois qu'on en aura fini avec la presse et les interviews, on trainera ensemble et on s'amusera !
Est-ce que vous avez d'autres projets ?
Katie : J'ai un film qui a été diffusé à Tribeca, donc on attend de voir s'il sortira en salles.
Taissa : J'ai quelques films qui arrivent et je commence à tourner la saison 3 d'American Horror Story en juillet.
Israel : Moi j'attends juste le prochain projet, je me laisse porter par le courant.
Les ados du film sont hyper-connectés. Vous êtes sur Facebook ou Twitter ?
Taissa : Les réseaux sociaux, comme Twitter et Facebook, sont un aspect essentiel du film. Plus particulièrement Twitter qui touche les célébrités, car cela donne un sentiment de proximité aux fans. Ils ont l'impression qu'ils peuvent les toucher, parce qu'elles tweetent leur vie privée. Je tweete pour mes fans parce que je sais qu'ils aiment ça. Mais je n'utilise pas vraiment Facebook ; je m'en sers juste pour les messages instantanés. Mais je comprends les fans. C'est agréable de savoir que leur acteur préféré pense à eux (même si ce n'est pas individuel) en créant un compte Twitter et en disant de temps en temps « Salut » ou en postant une photo.
Katie : J'ai environ 725 000 followers ! Je suis très fière d'eux. Non en fait les rares qui me suivent c'est juste parce que Taissa m'a mentionné sur Twitter ! C'est quand même bizarre d'être si connecté. Je ne sais pas ce que ça va donner car c'est c'est une partie intégrante de notre monde actuel. Je ne pense pas que ce soit une nécessité, mais c'est devenu une attente.
Israel : J'ai supprimé mon profil Facebook l'autre jour. Le truc c'est que lorsque je m'ennuie je vais sur Facebook et je scrolle ma timeline en regardant ce que font les gens alors que je m'en fiche... Mais toi Taissa tu dois avoir une page Facebook quand tu côtoies autant de gens.
Taissa : Je ne pourrais pas te dire le nombre d'amis que j'ajoute chaque jour? Je devrais changer de nom. Tu sais avec le nombre de personnes avec qui je travaille, je ne peux pas vraiment vérifier leurs noms puisque je ne connais pas leurs noms de famille mais leurs prénoms.
Israel : J'ai commencé à tweeter, et depuis The Bling Ring, je prends de plus en plus de selfies. (rires)
Taissa : C'est vrai ? J'avais même pas remarqué. (rires)
Claire : Je dois me faire certifier. Tu es certifiée ?
Taissa : Je me suis faite certifiée, parce que quelqu'un se faisait passer pour moi.
Israel : Ah tiens, moi aussi j'ai eu droit à mon premier usurpateur. C'est assez classe en fait !
Taissa : Je déteste quand ils parlent de choses personnelles qui deviennent vrais.
Israel : J'ai réglé mon Twitter, mais je ne suis plus ni sur Facebook, ni sur Instagram.
Claire : J'ai commencé à utiliser Instagram avant que ça ne devienne cool. J'adore Instagram plus que tout.
Taissa : Je n'utilise pas Instagram. C'est quoi tout ce truc autour d'Instagram ? Comme quoi ils peuvent utiliser tes photos sans ta permission ?
Katie : Ils possèdent les droits sur ta photo si tu la mets en ligne !
Taissa : Oui, ils peuvent prendre tes photos et les utiliser pour se faire de l'argent.
Claire : Ce n'est pas vrai. Tu les rend publics en les mettant sur Internet de toute façon. Même si tu as un compte privé, les gens peuvent voir tes photos sur leur ordinateur...
Et du coup, est-ce que vous pensez que les réseaux sociaux ont un impact négatif ?
Claire : C'est l'obsession qui pose problème. Ce n'est pas simplement le fait qu'un gamin dise aimer telle actrice et qu'il la suive sur Twitter... Ça c'est complètement normal. Mais quand on arrive à : «Je l'aime, je veux être elle, je veux porter ses vêtements et je veux sentir comme elle», là ça devient grave.
Claire, tu es née à Los Angeles. Qu'est-ce que ça a de particulier pour des jeunes gens de grandir à Hollywood ?
Claire : L.A. est une ville très publique. On dit que « ce qui se passe à Vegas reste à Vegas », et bien quand quelque chose se passe à LA, le monde entier est au courant. Maintenant en plus c'est instantané via Facebook, Twitter, Instagram, ou des sites comme TMZ ou Perez Hilton. C'est une ville tellement publique. C'est la pire ville pour les célébrités, parce que tout le monde peut te voir, te scrute et t'attend dans un van avec vingt appareils photo. C'est difficile de garder la tête froide. Tout le monde est célèbre ou cherche à être célèbre. Il y a quand même quelques personnes qui ne cherchent rien d'autre que vivre leur vie en se tenant à l'écart de tout ça. C'est pour cela que beaucoup de personnes viennent à L.A., pour les mauvaises raisons : pour devenir célèbre, être une star, être riche... Cela crée une société problématique, ça amène une mauvaise énergie et ça rend les gens faux. On ressent le besoin d'être parfait, d'avoir un corps mince et les cheveux brillants... Si tu porte pas de marques chères, tu n'es pas cool. Et si tu ne sais pas vraiment qui tu es, cela peut-être très dangereux. Tu dois rester fidèle à toi-même, et éviter que toute cette excitation te monte à la tête. Mais en même temps moi j'adore L.A. C'est ma maison !
Photo : © David Honnorat
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