Tout savoir sur Les Petits Mouchoirs, de Guillaume Canet

Depuis le dernier festival de Cannes où les premières affiches du film (dont on vous parlait ici) furent dévoilées, la sortie du troisième film réalisé par Guillaume Canet commençait à se faire attendre.

Le succès surprise de Mon Idole en 2002 doublé de celui retentissant de Ne le dis à personne en 2007, lançait la carrière de Canet-director à toute vitesse. Précédé d'une médiatisation pas toujours très bien maîtrisée et en salles dès aujourd'hui, Les Petits Mouchoirs, film sur l'amitié fait entre amis, dont les différentes affiches ne cessent d'en évoquer d'autres, américaines (ci-dessous un mix de Ne le dis à personne et des Petits mouchoirs), va-t-il toucher en masse les spectateurs français et belges?

Dans les nombreuses interviews qu'il a donné à la presse, Guillaume Canet ne cesse de craindre de "saouler" les gens à force d'évoquer ses problèmes personnels, et notamment ceux qui lui ont inspiré le film. L'acteur et réalisateur français, très courtisé par Hollywood, qui sera à l'affiche début 2011 de Last Night, entouré de Keira Knightley, Eva Mendes et Sam Worthington et qui réalisera le remake U.S. des Liens du sang avec James Gray propose en attendant de "poser ses petits mouchoirs sur ce qu'on ne veut pas voir" dans un film très personnel.

Un film de copains "transgénérationnel"

Guillaume Canet a réalisé son film dans la foulée d'une dépression dont il ne se cache pas dans les médias. Bien au contraire, il affirme que ce film traitant du mensonge est intimement lié à cette étape de sa vie. Canet s'est d'ailleurs investi très intimement dans chaque personnage, et avoue se reconnaître un peu plus dans celui de Max, joué par François Cluzet (son alter ego de cinéma depuis Ne le dis à personne), père de famille nerveux et work-addict. Une scène un brin exagérée de crise de nerf comme Cluzet sait les jouer donne la couleur :

"Ce n'est pas un film sur les bobos", mais qui s'adresse à tous ceux qui un jour font un point dans leur vie. Ici, on a bien à faire à un film d'amis à la française dans la grande tradition de ceux de Claude Sautet (Vincent, François, Paul et les autres) ... Sur le papier du moins.

Les poids des références
On connaît les intentions louables de Guillaume Canet, qui, après un thriller comique décalé sur le milieu de la télévision, et un polar speed adapté d'un livre de Harlan Coben s'attaque au film de potes. En anglais, le buddy-movie ou film d'amis s'est institutionnalisé au début des années 80 avec Les copains d'abord de Lawrence Kasdan, toute première source d'inspiration de Guillaume Canet, notamment en ce qui concerne la dimension comique de son film.

Toujours côté américain, Guillaume Canet se réclame de John Cassavetes et de ses Husbands. Côté cinéma français, les deux grands modèles sont Yves Robert avec Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis d'une part, et Claude Sautet d'autre part avec Vincent, François, Paul et les autres dont voici un extrait dans lequel on constate à quel point François Cluzet a pu emprunter à Michel Piccoli pour ses séquences coups de gueule à table.

Le casting de trentenaires populaires
La tête d'affiche parmi les têtes d'affiches du film, c'est Marion Cotillard qui a pris pour l'occasion un aller-retour Hollywood - Cap-Ferret, exceptionnellement pour les beaux yeux de son fiancé Guillaume Canet.

Suite au naufrage financier Le Dernier Vol qui réunissait en haut de l'affiche deux des comédiens les plus approchés par les Etats-Unis, le couple a délaissé la dimension épique au profit de rôles plus réalistes et contemporains. Ainsi, suite à des rôles très hollywoodiens et sophistiqués dans Inception, Nine et Public Enemies, Marion Cotillard se retrouve affublé d'un personnage de garçon manqué et don juan. Libre et naturelle, telle semble être la Cotillard vue par Canet, comme en témoignage cette scène avec Sarah Martins en victime de Marion "bourreaux des coeurs" Cotillard.

Le reste de la troupe compte les amis les plus fidèles de Guillaume Canet avec en tête Gilles Lellouche et François Cluzet qui cumulent à eux deux une bonne partie des films français distribués chaque année. Benoît Magimel et Jean Dujardin, quasiment absent de la promotion du film, de la bande-annonce comme des extraits promos, complètent cette distribution.

La B.O. pop
Des très contemporains Damien Rice et Ben Harper aux plus vétérans David Bowie et Eels, la bande originale du film se veut très pop et nostalgique. Uniquemet composée de voix masculines, la compil' très anglo-saxonne est "frenchisée" par deux titres, l'un interprété par Guillaume Canet lui-même, amateur de guitare, et l'autre par Maxime Nucci, acteur dans le film et autrement connu dans le monde de la musique au sein du groupe Yodelice. A noter, la participation de Matthieu Chedid, non pas en tant que musicien, mais dans le même second rôle que Maxime Nucci, à savoir l'amant de Marie, jouée par Marion Cotillard.

Qu'en pensent les blogueurs?
Pour Lucile sur Elleaimelecinema, « Les petits mouchoirs ne serait certainement pas aussi détestable, tout au plus facilement oubliable, s'il n'était pas aussi prétentieux et bouffi de bonnes intentions. Bref, un métrage sans âme et sans beauté, une torture de plus de 2h30 qui méritait bien qu'on la descende un peu de son piédestal pour le bien du cinéma français. » A l'inverse, Ewan du Blogducinema considère que « Canet réussit son film grâce à deux facteurs essentiels : son choix de morale et son choix d'acteurs. Il poursuit sans son éloge : Une vraie émotion est au rendez-vous. On compatit à la peine de cette famille de mousquetaires égarés, miroir dérangeant mais pas grossissant de ce que nous sommes peut-être. » Enfin, Alex sur Geekculture, plus nuancé, trouve que « en dépit de lacunes structurelles flagrantes et d'une brochette d'acteurs partis à la pêche, Les petits mouchoirs, traversé par un Jean Dujardin à la fois éphémère (10 minutes d'apparition à tout péter) et magnétique, se détache sans mal du sérail de la comédie franchouillarde sclérosée par un traitement formel ambitieux. ».