Somewhere under the rainbow

Tout savoir sur Somewhere, le nouveau film de Sofia Coppola

Garanti sans spoiler ! | Par Simon Bannes | Le 5 janvier 2011 à 14h04

En très peu de temps et de films, Sofia Coppola a réussi a capter l'attention sur son travail et fidéliser un public large. Tout commence avec Virgin Suicides en 1999, chronique funeste et poétique sur cinq jeunes soeurs tourmentées. Quelques années plus tard, elle continue d'explorer l'adolescence avec Lost in Translation, révélant tout le talent de Scarlett Johansson. Puis en 2006, c'est à travers la figure de Marie-Antoinette qu'elle se penche un peu plus sur ce qui fait et défait les jeunes filles en fleurs.

Donc 10 ans après son premier long-métrage, Sofia Coppola revient avec un quatrième film intitulé Somewhere. Si, souvent, elle s'est attachée à suivre des héroïnes, c'est ici sur un homme que sa caméra s'attarde. Elle dit elle-même qu'après le girly Marie-Antoinette, elle voulait tourner un film du point de vue d'un homme.

Ce héros, c'est donc Johnny Marco, un comédien vivant à Los Angeles, un rien désenchanté qui va retrouver un peu de goût à la vie grâce à des retrouvailles inattendues avec sa fille de 12 ans.

Le tournage entre les environs de L.A., Milan et le Château Marmont.

Dans son Digital Diary édité par Focus Features (société qui produit le film), Sofia Coppola raconte le tournage du film qui se déroula au cours de l'été 2009 dans la chambre 59 du Château Marmont, autour de Los Angeles pour toutes les prises de vues dans le désert et en voiture, et à Milan une semaine.

Fourmillant d'anecdotes et d'histoires intimes, le Château Marmont est un lieu historique de Los Angeles que l'on voit très rarement dans les films, autant dire que les autorisations de tournage ne se distribuent pas à tour de bras. On l'aperçoit à plusieurs reprises dans la série Entourage, LA série produite par Mark Wahlberg qui explore en 8 saisons les méandres de Los Angeles et de la célébrité comme aucun film, de Shampoo à American Gigolo (deux films qu'adooore Sofia Coppola), n'a su aussi bien le faire.

C'est un lieu prisé des stars à Los Angeles, ici vu comme un palace peuplé de spectres glamours. Voici ce qu'on peut y voir : une session de Guitar Hero (en making of) comme signe de désoeuvrement :

Ou des lap dances bien chorégraphiées par deux playmates jumelles pour divertir l'acteur-roi d'Hollywood :

Le casting inversé
Inversé car les stars, Benicio Del Toro, Michelle Monaghan et Alden Ehrenreich (révélé par Coppola père dans Tetro) ne font ici que des apparitions, tandis que les personnages principaux du film sont joués par des quasi-nobodys. En effet, Stephen Dorff a vingt ans de carrière derrière lui, mais qui se souvient de lui honestly ? Acteur emblématique du cinéma indépendant de l'ouest américain, il incarne ici un père acteur qui tourne en rond, tandis que sa fille est jouée par Elle Fanning, jeune soeur de Dakota déjà vue dans Déjà Vu (héhé) et L'Etrange histoire de Benjamin Button.

Notons que le français Aurélien Wiik est présent au casting dans le rôle.... du français.

Au cours de la promotion, les deux acteurs principaux se sont largement prêtés au jeu des interviews sur les plateaux de télévision. Le plus expérimenté c'est Stephen Dorff, qui sur le plateau de Jimmy Fallon lâche quelques anecdotes amusantes comme sa première rencontre avec Elle :

Elle Fanning s'adonne avec un immense plaisir au jeu des interviews. La voici devant la caméra d'Eleanor Coppola qui réalise des documentaires sur les films de sa famille depuis les débuts de son mari :

Très bavarde, pour ne pas dire « un vrai moulin à paroles celle-là », la petite soeur de Dakota en endort certains, comme ce journaliste américain qui ne met aucune conviction dans ses questions ou ses commentaires sur le film :

Le spleen californien
Après le Michigan, Tokyo et Versailles, Sofia Coppola s'attaque à l'exploration de la ville de L.A. et de la mélancolie qu'elle peut inspirer. Pour la première fois, elle représente la nudité féminine et la chair triste. On y voit des actes sexuels sans aboutissements, des femmes toujours nues. Une nouveauté chez Sofia Coppola, qui avait toujours su se montrer très prude dans ses films précédents.

Un spleen d'ailleurs indéfinissable sans une bonne bande originale. Si pour Virgin Suicides, la composition de la musique du film avait été confiée à Air, elle a par la suite choisi de compiler ses artistes préférés, allant parfois jusqu'à verser la moitié de son budget dans des droits d'auteur. Lors d'une master class à la fnac Montparnasse en novembre, elle avouait que pour Marie Antoinette, ses choix musicaux avaient été assez irréfléchis, voire très spontanés et dénués de sens. Elle s'amusait à coller entre elles des mélodies rêveuses et teintées de nostalgie.

Pour Somewhere, elle prétend avoir étudié l'emplacement précis de chaque chanson dans le film. Et elle a été très inspirée par le morceau de Phoenix (groupe déjà présent sur Lost in Translation avec Too Young, et dans Marie-Antoinette le groupe fait une apparition en musiciens de la reine), LOVE LIKE A SUNSET. Ecoutons un peu ce que Phoenix ont à nous dire à propos de la création du morceau :

Intéressant de comparer ce qu'en disent les versaillais (ils ont imaginé un pare-brise avec en reflets les lumières d'un tunnel) et ce qu'en a fait Sofia Coppola dans son film...

Les inspirations de Somewhere et les correspondances avec les précédents films de Sofia Coppola
On vous parlait récemment, en partenariat avec le magazine Trois Couleurs qui a sorti un hors-série spécial Sofia Coppola dans les kiosques depuis le 15 décembre, des influences de Somewhere. Toujours dans son Digital Diary, Sofia Coppola a tissé une toile de références, qu'elle rassemble dans un recueil de photos, visible ci-dessous :

On y trouve aussi bien des clichés pris par des paparazzis que des photographies signées Helmut Newton. Allier le mainstream à une culture érudite, c'est une des grandes caractéristiques du travail de Sofia Coppola.

On remarque aussi de nombreux ponts entre chacun de ses films. Des images, des motifs, des situations reviennent régulièrement dans chacun de ses films. pour Somewhere, on notera quelques similitudes entre le duo Bill Murray / Scarlett et celui de Somewhere, de la différence d'âge à la complicité évidente et salutaire pour les deux. Puis dans la bande originale, qu'on vous dévoilait avec Spotify à la fin de l'été, on note la récurrence de Phoenix bien sûr, mais aussi de Bryan Ferry, Sébastien Tellier et des Strokes.

Ce qu'en pensent les blogueurs
Les avis sont très virulents à propos de Somewhere, et la polémique de septembre suscitée par la remise du Lion d'Or à Venise au film par Quentin Tarantino (ex-compagnon et ami de Sofia Coppola) n'avait fait qu'envenimer les réactions.

Pour Sandra de Inthemoodforcinema, « Là où "Lost in translation" était avant tout centré sur le scénario (recevant un Oscar, mérité, pour celui-ci), "Somewhere" ressemble davantage à un exercice de style imprégné de cinéma d'auteur français et de Nouvelle Vague (jusqu'au prénom Cléo, probablement en référence à Varda) ou de cinéastes américains comme Gus Van Sant, mais je ne vois toujours pas ce que ce film a de plus qu'un grand nombre de films indépendants américains (notamment ceux projetés en compétition dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville, au moins aussi bons) et donc ce qui justifie son prix à la Mostra et d'autant plus après avoir découvert "Black Swan" de Darren Aronofsky, l'autre favori de la compétition.» Pour enfoncer le clou, voici ce que dit Chandleyr sur Buzzmygeek : « Réflexion profonde sur les dessous de la célébrité, Somewhere a malheureusement la saveur d'un épisode raté d'Entourage se prenant pour un film d'auteur. Il y a des bons acteurs Stephen Dorff et Elle Fanning en tête, mais dieu que tout cela est chiant. ». En revanche, pour Gael sur Kanpai.fr : « Si vous avez aimé les précédents films de Sofia Coppola, courez voir Somewhere. » Sur son blog, Kevin est quant à lui encore plus précis : « Somewhere c'est Lost in Translation à Los Angeles. »

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