Brigitte Bardot naît à Paris le 28 septembre 1934, au 5 place Violet dans le 15earrondissement. Issue d'un milieu bourgeois, elle est la fille d'un père industriel, propriétaire des Usines Bardot, et d'une mère au foyer. Elle reçoit une éducation stricte aux côtés de sa soeur cadette Marie-Jeanne (dite Mijanou).
C'est une enfant dissipée qui souffre de la préférence de ses parents pour sa soeur Marie-Jeanne. Il lui arrive alors souvent de se poser la question « Pourquoi je vis ? ». Elle se passionne pour la danse classique et fait ses premiers pas, à 7 ans, au cours Bourgat. En 1949, la jeune fille entre au Conservatoire de Paris et y obtient un premier accessit. Son père, dont un recueil de poèmes a été primé par l'Académie française, est un passionné de cinéma et adore filmer. De ce fait, il existe de nombreux films montrant Brigitte Bardot enfant (ce qui est assez rare pour l'époque). Sa mère, dite « Toty », aime particulièrement la mode et la danse. La famille fait partie de la haute société et fréquente le Tout-Paris. Les Bardot côtoient notamment beaucoup de directeurs de presse, de théâtre, de cinéma mais aussi des gens de la mode.
En 1949, à l'âge de 15 ans, l'adolescente, engagée par Hélène Lazareff la directrice de Elle et du Jardin des modes - une grande amie de sa mère - devient très vite la « mascotte » du magazine Elle, dont elle fait la couverture dès 1949. Le réalisateur Marc Allégret, voyant les photos, demande à la rencontrer, mais ses parents s'opposent à ce qu'elle devienne actrice. Son grand-père, qu'elle surnomme « le Boum », lui fait confiance, et prend sa défense : « Si cette petite doit un jour être une putain, elle le sera avec ou sans le cinéma, si elle ne doit jamais être une putain, ce n'est pas le cinéma qui pourra la changer ! Laissons-lui sa chance, nous n'avons pas le droit de disposer de son destin. » À l'audition, elle rencontre l'assistant d'Allégret,
Roger Vadim, qui lui donne la réplique pour une scène du film Les lauriers sont coupés. Le film ne se fait pas, mais ils tombent amoureux.
Ses parents s'opposent à cette relation. Un soir, son père lui annonce qu'elle ira poursuivre ses études en Angleterre et doit prendre le train dès le lendemain matin, pour ne revenir qu'à sa majorité, cinq ans plus tard. Effondrée, ce soir là, elle refuse d'aller à un spectacle avec eux, prétextant un mal de tête, puis, après leur départ, ouvre le gaz dans la cuisine et met la tête dans le four. Rentrés plus tôt, pour cause de spectacle annulé, ses parent la trouvent inanimée, dans le coma, la tête sur le tuyau du gaz, avec, à ses cotés, un petit mot expliquant son geste. Reprenant conscience celle-ci parvient, à force de supplications, à convaincre son père de ne pas l'envoyer en Angleterre. Il accepte à la condition qu'elle n'épouse Vadim qu'à l'âge de 18 ans.
Après avoir de nouveau fait la couverture de Elle, Brigitte Bardot se voit offrir son premier - petit - rôle, par le réalisateur Jean Boyer dans
Le Trou normand avec
Bourvil. La débutante n'est pas enthousiaste, mais accepte à cause des 200 000 francs qu'on lui offre. Elle notera, dans ses mémoires parues en 1996, avoir conservé un souvenir pénible de ce premier tournage , mais poursuit cependant dans cette voie avec Willy Rozier, qui lui offre son second rôle dans Manina la fille sans voiles.
Pour ses 18 ans, son père l'autorise à se marier avec Roger Vadim (la majorité étant à 21 ans à l'époque). Le mariage est célébré à l'église de Passy le 21 décembre 1952.
En 1953, elle rencontre Olga Horstig, qui devient son agent.
Anatole Litvak, metteur en scène américain, lui demande de jouer un petit rôle dans Un acte d'amour avec
Kirk Douglas.
André Barsacq lui propose de reprendre au Théâtre de l'Atelier le rôle créé par
Dany Robin dans L'Invitation au château de
Jean Anouilh. N'ayant aucune expérience théâtrale, elle se trouve « nulle ». Le soir de la première, les plus grands critiques sont présents. Avant qu'elle n'entre en scène,
Anouilh lui envoie des fleurs avec une carte sur laquelle il a noté : « Ne vous inquiétez pas, je porte chance ». Le lendemain, elle reçoit les compliments de Jean-Jacques Gautier et la plupart des critiques sont bonnes.
Sacha Guitry cherchant une comédienne « pas chère » pour jouer Mademoiselle de Rosille, maîtresse d'un soir de Louis XV, interprété par
Jean Marais, l'agent de Bardot lui propose de jouer une scène dans Si Versailles m'était conté.... Elle accepte alors avec joie.
La jeune actrice se rend ensuite à Rome, où on lui propose du travail et s'y lie d'amitié avec
Ursula Andress, qui sera rendue célèbre, quelques années plus tard, par le film
James Bond 007 contre Dr. No. En Italie, Bardot décroche un rôle dans un film américain, Hélène de Troie de
Robert Wise avec
Rossana Podesta. « Mon anglais était minable et mon trac formidable. J'appris mon rôle sur le bout des doigts, je ne savais même pas ce que je disais, mais je le disais avec tant d'assurance que je fus choisie ». Encore à Rome, elle tient le rôle principal dans une petite production italienne, Haine, Amour et Trahison, qu'elle qualifiera plus tard de « mélodrame ridicule ».
De retour en France, son agent lui propose de jouer aux côtés de
Michèle Morgan et de Gérard Philipe dans un film dirigé par
René Clair : Les Grandes Manoeuvres. Son rôle n'est pas très important mais elle préfère « un petit rôle dans un très bon film un grand rôle dans un mauvais film ». Marc Allégret la dirige ensuite dans
En effeuillant la marguerite qui est un échec. Elle retourne alors à Rome pour Les Week-ends de Néron, pendant le tournage duquel elle devient « capricieuse », selon ses propres termes, exigeant, pour une scène de bain, qu'une solution d'amidon soit remplacée par du lait, bientôt transformé en yaourt par la chaleur des projecteurs.
À cette époque, Vadim écrivait avec Raoul Lévy un scénario, intitulé Et Dieu... créa la femme. Aucun producteur ne voulait financer le film. Brigitte Bardot se rendit alors au festival de Cannes. Tout le monde parlait d'elle et la starlette qu'elle était devenue éclipsa
Sophia Loren et
Gina Lollobrigida, les plus grandes stars de l'époque. Les flashs des photographes se déclenchaient sur son passage et son sex-appeal émouvait la Croisette. C'est finalement grâce à l'approbation de
Curd Jürgens, acteur important de cette époque, pour qui Vadim et Lévy avaient taillé sur mesure le rôle d'Eric Carradine, que ceux-ci obtinrent le financement nécessaire. Le tournage eut lieu à Saint-Tropez. C'est ce film qui lui permit d'entrer dans la légende du cinéma mondial et de devenir un mythe vivant, un modèle social et un sex-symbol international.
La jeune artiste y jouait le rôle de Juliette Hardy face à
Curd Jürgens,
Christian Marquand et
Jean-Louis Trintignant avec lequel se nouait une liaison. Un an plus tard, le 6 décembre 1957, elle divorca de Vadim. Celui-ci définit ainsi le personnage qu'elle interprétait :
À sa sortie en France, le film fut accueilli avec une certaine réserve. Les Cahiers du cinéma reprochaient la facilité du sujet et le choix des acteurs. Brigitte Bardot fut critiquée sans indulgence pour son verbe traînant et son articulation douteuse. Paul Reboux dit d'elle qu'elle avait « le physique d'une boniche et la façon de parler des illettrés! » Raoul Lévy et
Roger Vadim décidèrent d'exploiter le film à l'étranger en espérant qu'il y serait un succès. Rebaptisé And God Created Woman, il fit un triomphe aux États-Unis. « C'était un succès extraordinaire, les critiques se montraient dithyrambiques, je devenais soudain la Française la plus connue outre-Atlantique » se rappela Bardot quelques années plus tard. Les Américains inventèrent même le terme « bardolâtrie », pour qualifier l'enthousiasme qu'elle suscitait.
Simone de Beauvoir affirma qu'« marche lascivement et un saint vendrait son âme au diable pour la voir danser ». Le film ressortit alors en France et connut un triomphe retentissant. Cinémonde écrit : « Le sex-appeal, c'est
Marlène Dietrich, le glamour, c'est
Ava Gardner, le oomph, c'est
Jane Russell, le t'ça, c'est
Suzy Delair, le pep, c'est
Marilyn Monroe, Brigitte Bardot mélange tous ces ingrédients explosifs, y ajoute un zeste de fantaisie personnelle, elle sera le pschitt! »
Elle commença alors à recevoir beaucoup de lettres et d'appels téléphoniques de la part d'admirateurs et décida de prendre un secrétaire, Alain Carré, qui dévoilera, quelques années plus tard, bon nombre de ses secrets à la presse. Dès lors, les projets de films s'accumulèrent. Olga, son agent, et Raoul Lévy lui proposèrent
En cas de malheur que devait réaliser
Claude Autant-Lara, le nouveau film de
Vadim Les Bijoutiers du clair de lune ainsi qu'
Une Parisienne et
La Femme et le Pantin. Son favori était
En cas de malheur. Néanmoins, elle les acceptait tous, mais refusa le film américain qu'on lui proposait où
Glenn Ford et
Doris Day lui demandaient d'être leur partenaire : Le Père malgré lui.
John Wayne évoqua le souhait de jouer à ses côtés en 1960 : « Pour elle, je suis prêt à renoncer à mon chapeau de cow-boy. »
Son agent lui fit savoir qu'elle était invitée à Londres à la Royal Command Performance, pour le grand gala annuel, et devait être présentée à la reine. C'est là qu'elle rencontra
Marilyn Monroe. « Je l'adorais, la regardais, fascinée. J'aurais voulu être « Elle », avoir sa personnalité et son caractère ».
Rentrée en France elle tourna dans
Une Parisienne, qui fut, de son propre aveu, une comédie « fine et spirituelle, pleine d'humour et d'amour » de
Michel Boisrond. Ses partenaires étaient
Henri Vidal et
Charles Boyer. « Il fait partie des films dont je suis fière, il n'y en a pas eu beaucoup. Cette réussite me stimula et j'eus envie de continuer à me donner du mal pour mon métier ». Le film eut en effet un grand succès.
La jeune actrice se rendit ensuite en Espagne pour jouer dans le film
Les Bijoutiers du clair de lune, dont le tournage, commencé au « paradis », se termina en « enfer » à la suite d'un orage terrible. « Notre campement prenait des allures d'Arche de Noé ». Déprimée, elle souhaitait rentrer en France, « J'étais crevée, moralement et physiquement. Je suppliais Vadim de me renvoyer à Paris, je ne voulais pas rester ici, film ou pas film, j'allais tomber malade, je n'en pouvais plus, j'étais à bout de tout, je voulais partir, partir à tout prix ». Les dégâts furent tels que la production décida de tout rapatrier, et c'est à Nice, au studio de la Victorine, dans un décor reconstitué, que la jeune femme termina le film.
Un soir, sa mère lui téléphone de Saint-Tropez et lui annonce qu'elle vient de trouver une maison « les pieds dans l'eau ». Bardot s'y rend, tombe sous le charme de La Madrague, et l'achete immédiatement,. En 1965, l'obtention d'une dérogation exceptionnelle l'autorisa à construire des murs sur la plage dans la continuité de sa maison, afin de protéger son intimité des importuns, notamment des paparazzi.
De retour à Paris, elle commença à tourner dans
En cas de malheur avec Edwige Feuillère et
Jean Gabin, mais, terrorisée à l'idée de jouer un rôle aussi sérieux avec des acteurs si reconnus, elle paniqua,; le réalisateur
Claude Autant-Lara, réputé pour être difficile, commença à s'énerver dès le premier jour car la jeune femme n'arrivait pas à dire son texte correctement à chaque prise. Gabin, sentant son angoisse, sa timidité et son affolement, la voyant au bord de la crise de nerfs, fit « exprès » de se tromper à la prise suivante. L'atmosphère s'étant détendue, « j'ai enfin pu dire mon texte sans me tromper ». Le film, sélectionné au festival de Venise, fut accueilli avec une certaine réserve mais demeura, pour la comédienne, l'un de ses préférés avec La Vérité, Viva María !, Et Dieu... créa la femme et L'Ours et la Poupée. Elle reçut néanmoins cette année-là, puis jusqu'en 1961, le premier prix de popularité décerné par Ciné Revue.
En 1959, elle accepte de jouer dans Babette s'en va-t-en guerre. À la réception du scénario, ne comprenant pas que ce film, qu'elle imagine charmant et drôle, puisse être rendu aussi minable et sans intérêt, le renvoie, non sans avoir barré chaque page de crayon rouge, tout en ayant écrit sur la dernière, qui devait porter sa signature et son approbation : « Je ne tournerai jamais une merde pareille ». Raoul Lévy fait alors réécrire l'histoire par
Gérard Oury qui, après avoir abandonné sa carrière d'acteur et avant de devenir metteur en scène, travaille transitoirement comme scénariste-dialoguiste. Le scénario est alors soumis une nouvelle fois à Bardot qui l'accepte finalement avec enthousiasme. Ses partenaires sont
Francis Blanche et
Jacques Charrier. Sur le tournage, la jeune femme a une liaison avec ce dernier et apprend peu après qu'elle est enceinte. Ne désirant pas d'enfant et effrayée à l'idée d'être mère, elle envisage de se faire avorter, avant d'avouer la vérité à
Jacques Charrier qui est « fou de joie » lorsqu'il l'apprend. Ils se marient le 18 juin 1959 et, à cette occasion, Bardot lance la mode du vichy à carreaux, des cheveux longs et blonds et des ballerines. Le 20 septembre 1959 sort Babette s'en va-t-en guerre. Le film est un succès et est accueilli avec « sympathie par un public attiré par le couple que nous formions, par les acteurs sensationnels tel
Francis Blanche, qui nous entouraient et par le côté farfelu et rigolo d'une guerre ironique ».
Son agent lui fit alors savoir que Raoul Lévy et
Henri-Georges Clouzot lui proposaient de tourner à partir de mai 1960 dans La Vérité. Mais son mari lui refusa la lecture de ce scénario qu'il jugeait déshonorant pour lui, sa famille et l'enfant à naître, puis jeta tout ce qu'elle reçut et plus particulièrement ce que lui proposait Clouzot. Elle signa néanmoins avec ce dernier dans le plus grand secret.
La naissance de son fils Nicolas a lieu le 11 janvier 1960 dans son appartement situé au 71 avenue Paul Doumer dans le 16e arrondissement de Paris. Après un accouchement difficile, « à la limite du supportable », elle refuse de voir son enfant qui représente à ses yeux « neuf mois de cauchemar. C'était un peu comme une tumeur qui s'était nourrie de moi, que j'avais portée dans ma chair tuméfiée, n'attendant que le moment béni où l'on m'en débarrasserait enfin ». Elle dira même un jour : « J'aurais préféré accoucher d'un chien. » Dans la rue, la circulation est interrompue par la présence de centaines de photographes et journalistes. Un policier est même de garde devant la porte de son appartement. Exténués par tous ces événements, le jeune couple décide de partir skier, laissant leur fils à la mère et à la grand-mère de Bardot.
Raoul Lévy lui téléphone pour parler de La Vérité. La comédienne fait des essais avec plusieurs jeunes acteurs, dont
Jean-Paul Belmondo, Hugues Aufray, Gérard Blain,
Marc Michel,
Jean-Pierre Cassel et
Sami Frey. C'est finalement ce dernier qui est choisi pour lui donner la réplique aux côtés de
Charles Vanel,
Paul Meurisse,
Louis Seigner,
Marie-José Nat et
Jacqueline Porel. Brigitte Bardot vit à ce moment une période difficile. Son époux est malade, le tournage s'avère éprouvant et elle n'arrive pas à s'occuper de son bébé. Un appel du directeur d'Ici Paris, Pierre Lazareff, un ami, lui apprend alors que son secrétaire a vendu ses mémoires pour 50 millions d'anciens francs à France Dimanche, mettant ses secrets et sa vie privée sur la place publique. « Je me retrouvais seule avec un nourrisson, un mari malade, une maison à faire tourner, pas de bonne, un film à réussir. Une situation difficile à équilibrer pour tout être normal, impossible en ce qui me concernait ». Après le renvoi de son secrétaire, un accord passé entre les différents magazines, lui permet de supprimer tout ce qui ne lui convient pas.
Pendant ce temps, elle joue dans La Vérité et
Henri-Georges Clouzot se montre difficile : « Il me voulait à lui tout seul et régnait sur moi en maître absolu ». Le tournage s'avère éprouvant. Dans une scène, alors qu'il lui faut pleurer, elle se met à rire, ce qui énerve Clouzot qui la gifle devant toute l'équipe, gifle qu'elle lui retourne. « Il était hébété ! Jamais on ne lui avait fait ça ! Hors de lui, mortifié, humilié devant témoins, il m'écrasa les pieds avec les talons de ses chaussures. J'étais pieds nus, je poussai un hurlement et me mis à pleurer de douleur. Il demanda instantanément le « moteur » profitant de ces larmes bienvenues pour tourner la scène. Mais boitillante et claudicante, je quittais le plateau telle une reine offensée et réintégrais ma loge ». Une autre fois, à la fin du film, le scénario a prévu une scène de suicide où son personnage doit avoir avalé des barbituriques. Se plaignant d'un mal de crâne, Clouzot lui apporte deux aspirines. « Je me sentis bizarre, une torpeur m'envahit, mes yeux pesaient une tonne, j'entendais comme à travers du coton... On dut me ramener à la maison portée par deux machinistes. Clouzot m'avait droguée en me faisant absorber deux somnifères puissants. Je mis 48 heures à me réveiller ! Mais la scène était réaliste et on ne peut plus vraie ! »
Chaque matin, le réalisateur la met en condition, lui montrant la vie sous son jour le plus désespéré, le plus injuste, le plus cruel. Le film étant tourné au mois d'août, elle déprime, imaginant qu'elle pourrait être en vacances, mais finit par se prendre réellement au jeu. Il lui semble que se déroule son propre procès. Il est question de la mauvaise réputation de son personnage, de sa façon de vivre scandaleuse, de sa légèreté et son absence totale de moralité. À la fin du film, elle doit dire un monologue long, émouvant et sincère. Ce sont les dernières paroles de son personnage pour tenter d'attendrir les jurés sur le meurtre commis contre son petit ami.
-- Brigitte Bardot, Initiales B.B., Editions Grasset, p.274
Le tournage de La Vérité se révèle cependant positif pour elle. Sur le plan personnel comme professionnel c'est une belle réussite et sur le plan sentimental elle dissimule, par respect pour son mari, une liaison entretenue avec
Sami Frey. Celui-ci ne tarde pas à la découvrir, de même que les journalistes, qui ne cesseront de la harceler . Madame Bardot, affolée par l'état dépressif de sa fille, l'envoie dans une maison isolée de Menton, en compagnie de Mercedès, la petite amie de Jean-Claude Simon.
Le 28 septembre 1960, le jour de son anniversaire, elle refuse de se rendre à la soirée organisée par Mercedès et préfère rester seule dans la maison. Cette dernière partie rejoindre les autres, Bardot boit du champagne et avale, avec chaque gorgée, un comprimé d'imménoctal,. Déterminée à mourir, la jeune femme sort et erre dans la campagne. Arrivée près d'une bergerie, « je m'assis par terre, enfonçais de toutes mes forces la lame d'acier dans mes deux poignets, l'un après l'autre. Ça ne faisait absolument pas mal. Le sang coulait à flots de mes veines. Je m'allongeai, regardai les étoiles au milieu des moutons. J'étais sereine, j'allais me dissoudre dans cette terre que j'ai toujours aimée ». Lorsqu'elle est retrouvée, l'ambulance qui l'emmène à l'hôpital est contrainte de s'arrêter. Des photographes, prévenus, peu soucieux de son état alarmant, barrent la route prennent des photos, puis la laissent repartir vers les urgences.
C'est à l'hôpital Saint-François de Nice que, 48 heures plus tard, elle reprend connaissance, pieds et poings liés à la table de réanimation, des tuyaux traversant son corps de part en part. « Chaque seconde où je reprenais conscience était un martyre de douleur. Mon retour sur cette terre fut un cauchemar. Prise pour une folle par les médecins, ceux-ci me confièrent à des psychiatres. J'eus droit à une camisole de force ! » Sa tentative de suicide fait les gros titres des journaux de France Dimanche à Ici Paris qui la tourne en dérision « ayant eu l'effronterie de ne pas en mourir ». À sa sortie, elle doit faire face à la réaction du public. Une lettre anonyme lui tombe dans les mains : « La prochaine fois, jetez-vous du 7ème étage. Ça fera une salope de moins sur terre ». Sa convalescence se passe à Saint Tropez où sa mère ne la laisse jamais seule.
Sami Frey, réformé, lui demande de venir le retrouver près de Paris.
Sans nouvelle, Olga, son agent, réussit à la joindre pour lui rappeler l'urgence de faire la synchronisation de La Vérité ainsi que l'existence du contrat de la
La Bride sur le cou, le film, mis en scène par
Jean Aurel, qu'elle doit commencer en janvier suivant. Le 2 novembre 1960, La Vérité sort dans les salles parisiennes. Malgré son absence à la « première », le film est bien accueilli par la critique et connaît un énorme succès public . Il est récompensé dans de nombreux festivals internationaux - le film recevra l'Oscar du meilleur film étranger 1960 - et Brigitte Bardot y est enfin reconnue comme une « actrice » à part entière. Les critiques les plus acerbes écrivent : « Il faut reconnaître que Brigitte Bardot... » À l'étranger, elle est consacrée meilleure actrice de l'année.
-- Jean de Baroncelli, Le Monde.
En janvier, commence le tournage de
La Bride sur le cou où
Michel Subor est son partenaire. Ce film représente pour Brigitte Bardot une façon de se changer les idées, même si elle le considère comme une « ânerie et désespérant de nullité ». Devant le succès de La Vérité, et les faiblesses du scénario du film de Cazaril, elle annonce aux producteurs que soit elle arrête de jouer, soit ils changent le réalisateur. Les producteurs, sans plus attendre, le remplacent par
Roger Vadim. Le film est un échec dû, selon l'actrice, à sa « médiocrité et sa banalité ».
Elle accepte alors de jouer dans Vie privée, adapté de sa propre vie, sous la direction de
Louis Malle. Le tournage a lieu à Genève, en Suisse. Lors du tournage d'une scène avec
Marcello Mastroianni, un pot de géraniums tombe à trois centimètres de sa tête, puis l'équipe est bombardée de tomates, de vieux cageots et de pots pleins d'eau. Bardot est insultée de toutes parts : « La putain, en France. Qu'elle aille chez elle faire ses saloperies. La paix en Suisse. Qu'elle crève. Des ordures pour les ordures. Qu'on rouvre les maisons closes pour la mettre dedans avec une caméra ». Meurtrie, elle ne comprend pas l'agressivité des gens à son égard. La réalisation a ensuite lieu à Paris et à Spoleto en Italie sans aucun problème, mis à part les paparazzi qui la guettent nuit et jour la pourchassant même à La Madrague, pendant les vacances qu'elle prend après le tournage. Certains même n'hésitent pas à entrer dans sa propriété. « Combien de fois au bord de la crise de nerfs ai-je appelé la police ? J'en ai trouvé dans ma salle de bains, dans mon salon, sur la balancelle du jardin ou tout simplement installés sur les chaises longues au bord de l'eau ».
De retour à Paris, elle est peu enthousiaste pour tourner dans le nouveau film de Vadim, Le Repos du guerrier, qui doit commencer début 1962. À la même période lui parvient une lettre de menace de l'OAS exigeant d'elle la somme de 50 000 francs pour soutenir les activistes de l'Algérie française. Bien que « morte de peur », la jeune femme, décide de les affronter, malgré le refus de protection de la police. Après avoir mis en sécurité son fils en Suisse, elle fait publier en réponse une lettre ouverte expliquant avoir « porté plainte par l'entremise de mes avocats pour tentative de chantage et d'extorsion de fonds. (...) En tout cas, moi, je ne marche pas parce que je n'ai pas envie de vivre dans un pays nazi ».
C'est en 1962, que Brigitte Bardot engage son premier combat pour la cause animale, en militant pour le pistolet d'abattage indolore dans les abattoirs. En effet, après avoir vu des photos montrant les conditions dans lesquelles les animaux étaient abattus, elle décide de devenir pesco-végétarienne : « Je ne demande à personne de devenir végétarien, mais peut-être d'essayer de manger moins de viande, morceau d'une chair animale remplie des toxines de la souffrance et de l'angoisse dues à une mort atroce ». Elle entame sa première bataille. « Je pleurais longuement sur la photo d'un petit veau qui, les pattes cassées, gisait sanglant la gorge ouverte sur un X de torture, pire qu'aux pires moments du Moyen Âge ! Puisque personne au monde n'avait le courage ou les moyens de dénoncer ces abominables tueries sanglantes moi je le ferais ! » À sa demande, Pierre Desgraupes accepte de lui accorder - malgré ses réserves, trouvant qu'un sex-symbol correspondait mal à une séquence aussi dure sur les abattoirs - une interview dans son émission Cinq colonnes à la une. L'actrice apparaît en direct dans cette émissions le 9 janvier 1962 et montre alors au public qu'un bifteck est le résultat de la mort « abominable d'un animal innocent et martyrisé ». Suspicieux, Desgraupes lui demande néanmoins si tout ça n'est pas fait pour soigner sa publicité.
Roger Frey, le ministre de l'intérieur de cette époque, lui accorde une entrevue où elle se rend avec quelques exemples de pistolets d'abattage destinés à assommer le gros bétail, afin que la mort lente et consciente par saignement soit abolie dans la plupart des cas, grâce à la projection d'une flèche dans le cerveau qui paralyserait les centres nerveux.
Entre-temps, des membres de l'OAS écrivent une lettre à son père où ils menacent de la vitrioler si les 50 000 francs demandés ne sont pas versés. Ses parents s'efforcent de la faire protéger par la police, qui refuse en affirmant être débordée de demandes de ce genre. Deux gardes du corps sont alors engagés.
En février 1962, Bardot retrouve Vadim pour Le Repos du guerrier avec
Robert Hossein. Si le film ne lui plait pas beaucoup elle garde en revanche un « merveilleux » souvenir de Florence au printemps.
Pour souhaiter une bonne année 1963 aux téléspectateurs, la comédienne accepte d'interpréter du Gainsbourg - qu'elle vient de rencontrer et qui lui a écrit L'Appareil à sous - et du Jean-Max Rivière, tout en dansant sur des airs du folklore d'Amérique latine.
Jean-Luc Godard souhaite absolument l'engager dans Le Mépris adapté du roman d'Alberto Moravia. Après l'avoir rencontré au début de 1963, la vedette accepte, bien que ce « genre d'intello cradingue et gauchisant me hérisse! » et s'envole alors pour Sperlonga, petit village du sud de l'Italie où débutent les prises de vues. Le tournage l'amuse : c'est « une suite ininterrompue de gags et de farces, » même si elle décrit Godard comme à la limite du « un coup je te vois un coup je t'ignore. Du reste, il ne fallait pas se presser. Quand on est suisse, il n'y a pas le feu au lac ». C'est pendant le tournage qu'a lieu sa séparation d'avec
Sami Frey « J'ai eu très mal, car je l'aimais profondément ». Mais une idylle s'était nouée avec un Brésilien, Bob Zagury.
Lors de sa sortie, Le Mépris reçoit un accueil mitigé de la part du public et de la critique. Néanmoins, Jean-Louis Bory écrit :
Selon Bardot, les producteurs s'arrachent les droits du livre d'Exbrayat, Une ravissante idiote, après qu'elle a déclaré l'avoir aimé et trouvé l'histoire « rigolote ». Le film est finalement produit par Belles Rives ; son partenaire y est
Anthony Perkins, qu'elle décrit comme le « rêve impossible de toutes les femmes », et le réalisateur
Edouard Molinaro.
Après ses vacances à Rio de Janeiro, on lui propose une apparition de deux jours dans un film américain qui lui rend hommage avec
James Stewart. Le film, Chère Brigitte, narre l'histoire d'un enfant de 10 ans fou d'elle et qui, à force de supplier son père, finit par la rencontrer dans sa maison de campagne. Elle accepte mais trouve Stewart ennuyeux et a l'impression de jouer face à un « robot qui refait et redit à chaque prise les mêmes gestes et les mêmes mots sans aucune personnalité ».
En juin 1964, Joséphine Baker lance un appel pour sauver sa propriété du Périgord dans laquelle elle avait recueilli tous ses enfants. Émue et bouleversée par la détresse de cette femme, Bardot participe immédiatement à son sauvetage en lui envoyant un chèque important.
Pendant ce temps,
Louis Malle veut lui faire donner la réplique à
Jeanne Moreau dans un film à grand spectacle et gros budget, tourné au Mexique : Viva María !. Son agent lui explique alors que c'est la chance de sa vie, un moyen de prouver au monde qu'elle est mieux que jolie et très différente de l'image stéréotypée qui circule dans les salles de rédaction. La décision s'avère difficile à prendre, mais il lui faut relever le défi : accepter d'avoir
Jeanne Moreau comme partenaire et réussir à l'égaler dans l'estime du public,. Elle se retire quelque temps, préférant partir skier ou faire de la plongée sous-marine.
Le 28 septembre 1964, Brigitte Bardot fête son 30e anniversaire. Paris Match lui envoie un de ses plus illustres reporters et son meilleur photographe,. La presse mondiale s'empare de l'événement : « B.B. a 30 ans ! »
Elle, pour qui rien n'a changé, continue les essayages pour Viva María !. Sa rencontre avec
Jeanne Moreau, à ses yeux « simple mais sophistiquée, chaleureuse mais dure, séduisante mais redoutable, enfin je la trouvais telle que je l'imaginais, avec son extraordinaire pouvoir de séduction qui dissimulait mal son caractère d'acier trempé. (...) Je comprenais que les hommes en soient fous ».
Avant de rejoindre le Mexique elle part à Noël pour Buzios, un village du Brésil, en compagnie de son petit ami de l'époque, le musicien brésilien Bob Zagury,. Dès lors, Buzios connaît le même engouement que Saint-Tropez,. On peut entendre à chaque coin de rue la fameuse chanson de
Dario Moreno « Brigitte Bardot, Bardot, Brigitte Bejo Bejo... ». En remerciement, les Brésiliens lui érigent une statue à son effigie, sculptée par Motta.
Le tournage de Viva María ! débute fin janvier 1965 à Mexico, où, selon Bardot, les plus grands photographes des plus célèbres journaux du monde défilent sur le plateau. Tous désirent des séances exclusives, des portraits, des reportages intimistes dans leurs maisons. Ce qui déplaît à la comédienne : « J'en avais déjà ras-le-bol de travailler toute la journée, maquillée du matin au soir, chapeautée, coiffée, encorsetée, bottée, crevée et harassée, qu'au moins, le dimanche, je puisse me détendre, me baigner, dormir traînasser ou visiter le pays, ». Un jour, son agent, qu'elle surnomme affectueusement « Mamma Olga », arrive sur le plateau, furieuse, et brandit une pile de journaux où
Jeanne Moreau figure en couverture. À l'intérieur, on ne voit et ne parle que d'elle, en anglais, en français, en allemand, en italien et même en japonais. Sous la pression de son agent, Bardot accepte de lui faire concurrence. « À partir de ce jour, je mis un point d'honneur à gagner le pari que j'avais fait contre moi-même en acceptant de tourner ce film. Si Jeanne avait gagné la première manche, j'emporterais la « belle » au finish, comme au poker. (...) J'en ai fait des photos, le soir, le matin à 5 heures à peine réveillée, le dimanche ! J'ai ouvert mes portes, je me suis livrée, insolente, perverse, souriante ou boudeuse. Sous tous les angles, sur toutes les coutures et de toutes les couleurs ». Elle avoue être capricieuse durant le tournage mais accepte de grimper sur un train en marche, sautant de toit de wagon en toit de wagon ou de se baigner dans l'embouchure d'un fleuve infesté de requins où un machiniste a perdu une jambe. Le film sort officiellement à New York et à Los Angeles en 1965,, et Brigitte Bardot, d'abord hésitante, accepte de le représenter. Son voyage dans ces deux villes n'est qu'une succession ininterrompue d'interviews, de photos, de champagne et de toasts. Une journaliste lui pose la question « Que mettez-vous pour dormir? » et elle répond « les bras de mon amant », là où Marilyn avait répondu « du Nº5 de Chanel ».
Le film est un immense succès et la critique est unanime quant à la performance de Bardot. Paris Jour écrit : «
Jeanne Moreau est écrasée par Brigitte Bardot. » L'Avant scène remarque « Si
Jeanne Moreau est remarquable, Brigitte Bardot est tout simplement éblouissante dans son rôle de pétroleuse et il faut bien dire qu'elle vole la vedette à sa collège. »
L'année suivante, elle rencontre le milliardaire allemand Gunter Sachs et l'épouse en troisième noces le 14 juillet 1966. Celui-ci, pour lui déclarer son amour, n'hésite pas, depuis son hélicoptère, à lui envoyer une pluie de pétales de roses sur La Madrague.
Louis Malle fait de nouveau appel à elle pour un sketch tiré des Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe. Son partenaire est
Alain Delon et le tournage a lieu à Rome au début de l'été 1967. Sa performance est saluée par la critique.
La star française refuse le film américain
Shalako, un western des années 1880, mis en scène par
Edward Dmytryk avec une grande distribution, dont le tournage prévu début 1968, dans le sud de l'Espagne, avec
Sean Connery comme partenaire doit être impérativement tourné en langue anglaise. Elle refuse également de jouer une James Bond Girl dans Au service secret de Sa Majesté et déclare : « Je trouve les films James Bond excellents, mais sans moi ! » Son agent et son mari la poussent à accepter L'Affaire Thomas Crown avec
Steve McQueen, pour lequel on lui propose un million de dollars. Nouveau refus. Le rôle sera repris par
Faye Dunaway.
Entre-temps, elle prépare ce qui sera le Bardot Show pour passer de l'année 1967 à 1968. Plusieurs compositeurs célèbres de l'époque doivent lui écrire des chansons sur mesure qu'elle chantera ou dansera.
Bien qu'ils ne se voient déjà plus, Gunter Sachs lui demande de présenter le film qu'il produit, intitulé Batouk, à la soirée de clôture du Festival de Cannes 1967, ou qu'à défaut ils cessent définitivement de se voir. Elle accepte. À Cannes, la foule est hystérique. « J'essayai ce fameux soir de gala à Cannes de me frayer un chemin au milieu d'une foule hystérique qu'hélas je connais trop bien, ballottée, écrasée, malmenée, étouffée, mais souriante, oui souriante ». C'est sa dernière apparition officielle dans le monde du cinéma.
Sa relation avec Gunter Sachs se détériore de jour en jour. Son agent en profite pour lui faire signer le western
Shalako avec
Sean Connery, dont elle ne lira jamais le script et enregistre peu après les chansons La Madrague, Le soleil, Harley-Davidson puis le cadeau d'amour de
Serge Gainsbourg : Je t'aime... moi non plus ainsi que Comic strip et Everybody loves my baby. Indépendamment de la complicité artistique qui existe entre eux, la comédienne-chanteuse ne résiste pas longtemps au charme singulier de l'homme à la « tête de chou ». « La beauté c'est quelque chose qui peut être séduisant un temps. Ça peut être un moment de séduction. Mais l'intelligence, la profondeur, le talent, la tendresse, c'est bien plus important et ça dure beaucoup plus longtemps » dit-elle plus tard. Sur les conseils de son agent, pour ne pas faire un scandale mondial qui ternirait son image à cause de Sachs, elle demande à
Serge Gainsbourg de ne pas diffuser Je t'aime moi non plus et de la remplacer par une autre, Bonnie and Clyde.
Puis c'est le départ en Espagne pour les besoins de Shalako, qui, selon ses dires, est l'un des plus mauvais films de sa carrière. Son peu d'intérêt pour le tournage la fait arriver souvent en retard sur le plateau , ce qui n'est pas pour plaire au metteur en scène qu'elle décrit comme « dur, froid, il avait des exigences militaires ». La première mondiale du film a lieu à Hambourg le jour de son anniversaire et avoue ne pas plus en comprendre l'histoire, qui n'a selon elle aucun intérêt, que l'ovation qu'il reçoit lors de sa première. Au box-office mondial, le film est cependant un échec et les critiques en majorité négatives. Jean de Baroncelli écrit dans Le Monde : « On se demande vraiment quelles raisons secrètes ont bien pu pousser Brigitte Bardot à accepter ce rôle (?) qu'elle tient dans
Shalako. Si ce fut l'envie de changer d'emploi et d'incarner les héroïnes de western, elle s'est complètement trompée de scénario,. »
Elle répond favorablement aux deux projets qu'on lui présente : Les Femmes et L'Ours et la Poupée. Le premier dirigé par
Jean Aurel, (qu'elle avait fait remplacer dans
La Bride sur le cou « tant il était nul et sans talent ! ») est un film à petit budjet qui doit se tourner en décors naturels. Elle le juge« sans intérêt ». Mal reçu par la critique, ce sera un échec commercial.
Entre temps François Truffaut prépare le tournage de La Sirène du Mississippi, dont elle aimerait avoir le rôle féminin , mais le cinéaste lui préfère
Catherine Deneuve. Le film n'est pas un succès et à sa sortie, Bardot déclare : « Je suis ravie que ce soit un tel bide, parce que c'est bien fait. On me l'a piqué d'une manière tellement ignoble. J'étais folle de rage. »
Quant à L'Ours et la Poupée, la préparation en est extrêmement professionnelle. Un film « magnifique » selon Bardot. « J'ai de très bons souvenirs de ce film. Je m'entendais à merveille avec tout le monde, ce qui est un exploit ! » La sortie des deux films se fait à quelques mois près, le second permettant de faire oublier le premier. Elle déclare : « L'Ours et la Poupée est un peu le Et Dieu... créa la femme des années 70. J'ai été recréée par
Michel Deville. »
Son agent s'inquiètant de ne pas recevoir beaucoup de propositions lui conseille d'accepter Les Novices, une comédie avec
Annie Girardot. « C'est vrai que l'idée était bonne, c'est le film qui ne le fut pas ! Mais alors pas du tout ! » Bardot trouve l'histoire faible mais améliorable si le metteur en scène, Guy Casaril, « avait eu du talent ». Ce dernier doit être remplacé. À sa sortie, le film reçoit des critiques mitigées. Certains trouvent le film « amusant », d'autres, au contraire écrivent « Rarement le cinéma français est tombé si bas dans l'ignorance ».
Tandis que
Claude Chabrol remplace Cazaril à la direction du film pour essayer d'en tirer le meilleur,
Robert Enrico prépare
Boulevard du rhum, un film sérieux, professionnel, long et difficile, dans lequel
Lino Ventura doit jouer. On propose à Bardot le rôle de Linda Larue, star des années 1925, idole et amour inaccessible du marin Cornélieus. Celle-ci accepte, malgré son aversion pour les voyages à l'étranger.
Sachant à peine de quoi il s'agit, elle donne son accord pour Les Pétroleuses, une comédie de Christian-Jacques tournée en Espagne, que
Claudia Cardinale a accepté de jouer à condition de l'avoir comme partenaire. Brigitte Bardot doit assurer elle-même ses scènes à cheval, qui font éclater de rire
Claudia Cardinale. « Claudia était rompue à l'équitation. Je la faisais rire aux larmes dès que, lancée dans un galop effréné par un assistant qui avait envoyé une bourrade dans le cul de mon cheval, je hurlais des « maman, au secours » cramponnée à ma selle ou à la crinière du pauvre animal ». Le tournage se poursuit avec le moment de la bagarre mémorable qu'elle doivent se livrer, pour la possession d'un ranch, et qui dure une semaine. Sept jours pendant lesquels elles passent leur temps à s'envoyer des coups de poing d'homme et à mordre la poussière à tour de rôle. « Le plus dur fut d'esquiver, en faisant croire que nous avions reçu le coup ! Deux ou trois fois, je me retrouvai avec la lèvre fendue. La pauvre Claudia eut un début d'oeil au beurre noir. Cette bagarre sans pitié nous rapprocha. La scène finie, nous tombions dans les bras l'une de l'autre, nous excusant de nos maladresses mutuelles ». Les deux femmes ne se reverront que 23 ans plus tard, lors d'une cérémonie au théâtre Wagram organisée par
Jacques Chirac en 1994 pour la remise de la médaille de la Ville de Paris.
Le succès de ses deux derniers films,
Boulevard du rhum et Les Pétroleuses, la laisse indifférente. Brigitte Bardot est alors choisie pour être le modèle du buste de Marianne, présent dans toutes les mairies de France. En acceptant, la célèbre comédienne devient la première femme à prêter ses traits au symbole français. Le buste est réalisé par le sculpteur Aslan.
Roger Vadim souhaite faire un nouveau Et Dieu... créa la femme en lui proposant d'interpréter le rôle de Don Juan en femme. Elle signe pour ce film qui fait d'elle à la fin de sa carrière « l'actrice la moins appréciée, la plus exposée à l'ingratitude d'un public qui m'avait vénérée pendant vingt ans ! » Ce film est un calvaire pour elle. Elle le trouve « sans intérêt » malgré tous ses partenaires de talent :
Maurice Ronet,
Robert Hossein, Mathieu Carrière et
Jane Birkin.
Elle rentre à Paris une fois le film terminé, et son agent lui soumet le scénario de L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise.
Nina Companeez, que Bardot aime bien, en est l'auteur et doit le mettre en scène, avec
Francis Huster dans le rôle de Colinot. Sa participation, très courte, ne doit durer qu'une semaine et, après le flop de Don Juan 73, son agent pense que ce projet est bien choisi. Après avoir lu et apprécié, elle signe et se rend dans le Sud-Ouest.
En attendant, elle rencontre
Jean-Pierre Elkabbach qui veut absolument qu'elle participe à son émission, généralement réservée aux hommes : Actuel 2. Elle doit être confrontée à quatre journalistes, pendant une heure et en direct. « C'était un terrible risque à prendre, j'en fus malade de trac huit jours avant et huit jours après, mais je le pris ! Après tout qu'avais-je à perdre ? J'avais tant à y gagner ! Le public ne connaissait pas la vraie Brigitte. Je passais depuis des années pour une ravissante idiote que je n'étais pas. Il était temps de le faire savoir ! » Le 9 avril, les Français la découvrent totalement différente de celle qu'ils imaginaient. « On m'avait fouillée jusqu'aux tripes, jusqu'aux moindres recoins de mon intimité, je m'en étais sortie avec des pirouettes humoristiques, laissant à d'autres moments parler mon coeur et ma tête! » Dix millions de téléspectateurs suivent l'émission et beaucoup la redemandent. Une rediffusion a lieu quatre mois plus tard.
Sur le tournage de Colinot, elle ne s'estime plus dans son rôle et, se regardant dans un miroir, se trouve « stupide » avec son déguisement. « Tout cela me sembla dérisoire, superflu, ridicule, inutile ». C'est à ce moment qu'elle décide d'arrêter définitivement ce métier. Le soir, elle annonce un scoop à Nicole Jolivet, journaliste de France Soir qui se trouve là par hasard : « J'arrête le cinéma, c'est fini, ce film est le dernier - j'en ai marre ! » C'est un raz-de-marée médiatique. Tous les journaux du monde reprennent l'information. « Je me sentis allégée d'un poids terrible ».
Elle ne revint jamais sur cette décision, malgré le très grand nombre de propositions « parfois tentantes » que reçoit depuis son agent, comme la proposition de tourner un film avec
Marlon Brando, pour un cachet s'élevant à un million de dollars américains. Néanmoins, elle se montre intéressée par une éventuelle adaptation du roman d'Albert Cohen, Belle du Seigneur. Elle déclare même au Monde : « Je vais encore faire un film, mais il faut que ce soit quelque chose de fantastique. C'est pourquoi je serai très prudente sur le choix du scénario », mais annonce néanmoins mettre un terme définitif à sa carrière en 1975.
La dernière image du dernier plan de son dernier film, le 48e de sa carrière, la montre une colombe à la main, symbole de sa vie future consacrée aux animaux. Le 6 novembre 1973, elle se fait le serment que son nom, sa gloire, sa fortune et sa force lui serviront à les aider jusqu'à sa mort, à se battre pour eux, à les venger, à les aimer et à les faire aimer.
Début 1968, Brigitte Bardot reçoit de Marguerite Yourcenar une lettre l'informant de la cruauté du massacre des bébés phoques au Canada. Brigitte Bardot est alors présente sur beaucoup de fronts pour les animaux en Europe, mais retient la nécessité de ce nouveau combat. Elle se fait porte-parole de la SPA et lance des appels en faveur des chiens abandonnés.
En 1976, elle rejoint Brian Davis de l'IFAW, et déclenche une vaste campagne internationale pour dénoncer cette chasse aux phoques après avoir vu un documentaire à ce sujet. Pratique ancienne des Inuits de la région arctique, qui s'en servent pour maints usages en récupérant la viande, la fourrure, la graisse (ou l'huile) et les os, la chasse permet de nourrir pendant sept mois quelques 15 000 familles de pêcheurs (en hausse).
Ce sont les méthodes employées qui consternent l'actrice. Bardot mène alors une manifestation devant l'ambassade de Norvège et de nombreuses interventions médiatiques remuent l'opinion publique mais ne suffisent pas à faire changer d'avis les responsables de la chasse.
Le 15 mars 1977, le président français Valéry Giscard d'Estaing interdit l'importation de peaux de phoques en France. Le 20 mars 1977, celle qui est encore une star aux yeux du monde entier se rend au Canada, sur les glaces polaires de Blanc-Sablon, afin d'y dénoncer la chasse aux blanchons pour leur fourrure. Elle entreprend alors un combat qui va changer sa vie. Son périple dure cinq jours sous une pression médiatique inouïe. À son arrivée, elle crie aux chasseurs « Canadiens, assassins » et déclare lors de sa conférence de presse :
-- Brigitte Bardot, Conférence de presse au Canada, 1977
.
Dans son combat, Bardot est soutenue par de nombreuses personnalités, telles
Isabelle Adjani,
Kim Basinger,
Tippi Hedren,
Ursula Andress et
Johnny Hallyday.
Le 28 mars 1983, après l'avoir reçue au Conseil de l'Europe, l'Union européenne interdit l'importation des peaux et de fourrures de bébés phoques harpés (à manteau blanc) et de bébés phoques à capuchon (à dos bleu),. Dès lors, la chasse connaît une forte diminution. En effet, 20 000 phoques sont abattus en 1985 contre 200 000 en 1981.
Pour prolonger l'action qu'elle vient de mener, elle publie en 1978 un livre illustré destiné aux enfants, Noonoah, le petit phoque blanc, racontant la vie d'un bébé phoque sauvé des chasseurs par un Inuit. En 1982, elle reprend à titre exceptionnel le chemin des studios d'enregistrement pour une dernière chanson, en hommage aux animaux : Toutes les bêtes sont à aimer.
En mars 1980, TF1 diffuse un reportage sur les conditions d'abattage des chevaux et révèle que la France est le 2e pays d'Europe à en manger. Scandalisée, Brigitte Bardot réagit le lendemain en demandant aux Français de ne plus le faire :
Elle décrit les abattoirs comme « une vision proche de l'enfer. »
En 1984, Brigitte Bardot apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. Elle refuse de se faire soigner, pensant qu'il s'agit de son destin, et part vivre à Saint-Tropez. Là, son amie, l'actrice
Marina Vlady réussit à la convaincre de commencer un traitement qui se termine par sa totale guérison. L'année suivante, elle est élevée au grade de Chevalier de la Légion d'honneur par le président
François Mitterrand. « Ma légion d'honneur, je la dédie aux animaux qui souffrent. » L'ancienne actrice ne vient néanmoins pas chercher sa décoration.
En 1986, 19 ans après son enregistrement, elle propose à Serge Gainsbourg de ressortir Je t'aime... moi non plus. La chanson, chantée entretemps par
Jane Birkin, connaîtra un succès certain.
Alors qu'elle refuse toute interview sur le cinéma depuis sa retraite, elle brise le silence dans Studio Magazine en 1988 et conclut par ces mots : « Rien n'est jamais à refaire... Mais tout reste à faire ».
En 1986, Bardot crée à Saint-Tropez la Fondation Brigitte-Bardot, organisme ayant pour objet la protection des animaux. Pour la faire reconnaître d'utilité publique, elle disperse aux enchères les objets de son ancienne gloire : bijoux, effets personnels, robes ou encore des photos et affiches, pour la plupart dédicacées. Elle déclare alors : « J'ai donné ma jeunesse et ma beauté aux hommes. Que je donne ma sagesse et mon expérience et le meilleur de moi-même aux animaux ». Elle réussit à obtenir les trois millions de francs nécessaires en grande partie grâce à la vente du diamant que lui avait offert Gunter Sachs, « l'immense diamant qu'il m'avait donné, qui a été une grande part de l'argent que j'ai récupéré. C'est lui qui l'a racheté. Il me l'a pas redonné parce qu'il se serait dit elle va encore le revendre pour les animaux. Mais enfin, il l'a racheté et m'envoie de temps en temps de belles sommes pour la fondation ». Cette dernière, dont l'action prend de plus en plus d'ampleur, s'installe d'abord au 45 rue Vineuse à Paris, puis au 28 de la même rue.
Elle accompagne la création de sa fondation d'une série télévisée S.O.S. Animaux (de 1989 à 1992) qui évoque tour à tour le trafic de l'ivoire, les expériences sur les animaux de laboratoires, les conditions des bêtes d'abattoirs, le transport des chevaux, le trafic des animaux exotiques ou l'abus de la chasse. Pour toutes ces causes, elle mobilise l'opinion en France et partout dans le monde, sollicitant l'appui de nombreuses personnalités, de chefs d'États, du dalaï-lama et du pape Jean-Paul II. « Je ne peux pas mener cette fondation sans être politique. J'ai vu tous les ministres de l'agriculture. Tous les ministres de l'écologie depuis qu'ils ont été nommés. Tous les ministres de l'intérieur. J'ai vu trois présidents de la république et je suis dans une merde pas possible parce que personne ne m'aide ».
Afin d'en augmenter le capital et d'obtenir la reconnaissance d'utilité publique, elle fait don de sa propriété La Madrague à sa fondation et celle-ci est finalement déclarée d'utilité publique par le Conseil d'État en 1992,. La même année, grâce aux donations, elle fait l'acquisition dans l'Eure d'un domaine de 8 hectares, La Mare Auzou, afin d'y créer un refuge pour les animaux. Toujours en 1992, elle épouse Bernard d'Ormale, le 16 août, en quatrièmes noces.
Elle est admirée et critiquée pour ses combats pour la protection des animaux. Déjà, en 1990, Marlene Dietrich avait déclaré à Paris Match :
En 1993 est créé à Hollywood le Brigitte Bardot International Award, récompensant chaque année le meilleur reportage animalier. Très touchée du geste des Américains, elle n'assistera toutefois jamais à la cérémonie.
À Saint-Tropez, en 1994, elle organise une manifestation sur la place des Lices à laquelle se joignent 300 personnes pour protester contre le comité de la mairie où se trouvent des chasseurs du Var. Elle menace également de partir de La Madrague pour s'installer à Paris.
La même année, elle demande à Jean-Paul Gaultier de ne plus utiliser de fourrure dans ses créations prétextant qu'il a fallu deux renards pour un des manteaux qu'il a créé. Le créateur lui répond : « Il n'en a pas fallu deux mais trois. » Elle fait la même demande à
Sophia Loren qui pose en fourrure pour Annabella pour la somme d'un million de dollars américains, et déclare, lorsque
Catherine Deneuve parraine le concours Orylag : « Parrainer une peau de lapin pour une ancienne Peau d'âne, quelle tristesse ! » La plupart lui répondent qu'elle en a déjà porté. « J'ai porté de la fourrure à une époque où je n'avais pas conscience de ce qu'elle représentait. La fourrure est aujourd'hui le symbole de la vulgarité. »
Elle parvient à convaincre Philippe Vasseur, ministre de l'Agriculture de la France, de faire interdire la caudectomie (coupe de la queue) des chevaux en 1996, l'année où elle publie ses mémoires Initiales B.B., retraçant son enfance et toute sa période de star. Ce livre est traduit en 23 langues, vendu à plus d'un million d'exemplaires dans le monde et classé sept semaines en tête des ventes au palmarès de L'Express. Pourtant, la sortie du livre provoque un nouveau scandale. Son ex-époux,
Jacques Charrier, lui intente un procès pour « violation de la vie privée », suivi par son fils Nicolas qui s'insurge à son tour contre sa mère pour « atteinte à l'intimité intra-utérine ». Elle est condamnée à payer 150 000 francs au premier et 100 000 francs au second.
Jacques Charrier répond à Initiales B.B. dans son livre Ma réponse à Brigitte Bardot, pour lequel il est condamné à payer à Bardot 50 000 francs. Il écrit : « Pour elle, l'humanité se divise en trois : les êtres humains (race inférieure et méprisable), les animaux (dignes d'être aimés) et elle-même (digne d'être adulée). »
Elle revient sur cet épisode dans le documentaire Et Brigitte créa Bardot :
Madonna lui propose trois millions de francs pour adapter Initiales B.B. au cinéma et l'interpréter sur grand écran. Bardot refuse, la chanteuse portant de la fourrure.
Cette année-là, elle est, pour la première fois, poursuivie pour « provocation à la discrimination raciale » par le MRAP, la LICRA et la Ligue des droits de l'homme qui lui reprochent les termes qu'elle a employés dans un article publié dans Le Figaro pour dénoncer les conditions d'abattage des moutons par les musulmans à l'occasion de l'Aïd el-Kebir. Elle est de nouveau condamnée pour des faits similaires en 1997, 2000, 2004 et 2008.
Le Carré de Pluton, le tome 2 de ses mémoires, parait en 1999. Il débute en 1973, date de sa décision d'arrêter sa carrière cinématographique, et se termine en 1996. Dans ce livre, qu'elle présente comme étant son testament, toutes ses luttes pour la cause animale y sont énumérées.
En 2001, PETA lui décerne un prix, le Peta Humanitarian Award, afin de la récompenser pour son combat mené pour les animaux, et notamment contre la chasse aux phoques.
En 2002, à l'occasion de la coupe du monde de football, elle appelle à un boycott des produits sud-coréens afin de protester contre la consommation de viande de chien et de chat en Corée du Sud. Suite à cet appel, elle reçoit plusieurs milliers de lettres de menace de mort : « J'ai reçu 7 000 menaces de mort. Ils sont furieux de mes critiques et m'ont répondu que cette pratique faisait partie de leur culture. (...) Manger du chien ne fait pas partie de la culture, c'est grotesque. La culture, c'est composer de la musique, comme le faisait Mozart ou construire des bâtiments ».
Respectivement en 2003 et en 2006, suite à ses interventions auprès des parlementaires, la France fait interdire l'importation, puis le commerce des peaux de chiens et de chats.
En 2007, sa fondation remporte une nouvelle victoire. En effet, les 27 pays membres de l'Union européenne interdisent l'importation, l'exportation, la vente et la production des peaux de chiens et de chats. Néanmoins, les gouvernements asiatiques rejettent ses nombreuses sollicitations, et ces animaux y sont encore tués.
En 2003, Marc-Olivier Fogiel lui rend hommage dans son émission On ne peut pas plaire à tout le monde. Brigitte Bardot y évoque sa gloire passée, reprenant par exemple avec
Alain Delon une scène du Mépris, ainsi que de son combat pour les animaux. Elle vient d'écrire un livre qui doit sortir après l'émission, Un cri dans le silence. L'animateur lui en demande un exemplaire et accepte la demande de Bardot de ne pas parler du livre pendant l'émission. Néanmoins, il ne tient pas sa promesse et l'affronte violemment en citant des extraits du livre, ce à quoi elle répond : « Je dénonce la dégradation d'une société décadente. Je déteste l'humanité, mais j'aime les gens qui me touchent, quelle que soit leur race, je m'en fous de la couleur, ce qui compte est à l'intérieur ». Le public la soutient contre l'animateur « à 300 %. Fogiel avait été d'une hypocrisie et d'une malhonnêteté redoutables ».
En 2005, à l'occasion d'une campagne contre le port de fourrure, elle s'insurge :
Elle tient, en 2009, à féliciter Carla Bruni-Sarkozy qui, en ne portant pas de fourrure, rejoint le combat qu'elle mène depuis des années, et par la même occasion, demande à
Sophia Loren, sa « magnifique jumelle », de ne plus en porter.
Le 28 septembre 2006, le jour de son anniversaire, elle célèbre les vingt ans d'existence de sa fondation au Théâtre Marigny et y tient une conférence de presse où plus de 300 personnes sont conviées. L'ex-actrice profite de cette occasion, pour sortir un livre, Pourquoi ?, retraçant les 20 années d'existence de sa fondation. Une fondation qui compte en 2010 près de 60 000 donateurs répartis dans plus de 20 pays. Celle-ci fait ensuite don de sa propriété de plusieurs hectares située à Bazoches-sur-Guyonne, dans les Yvelines, où vivent des animaux rescapés de l'abattage.
Cette même année, elle continue son combat contre la chasse aux phoques, en repartant près de trente ans après son premier voyage au Canada, à Ottawa, malgré son arthrose à la hanche gauche l'obligeant désormais à se déplacer en béquilles. Le premier ministre Stephen Harper, qui affirme l'admirer, refuse cependant de la rencontrer parce qu'il refuse de se faire photographier avec elle pour des raisons de publicité.
Elle y tient néanmoins une conférence de presse en précisant que c'est bien la chasse industrielle qui est visée, et par dessus tout la cruauté avec laquelle ces animaux placides sont abattus. « Vous n'avez pas besoin de vendre les peaux, l'huile, la graisse et les pénis en poudre pour faire des aphrodisiaques dans les pays asiatiques » lance-t-elle. Très émue, elle déclare, entre autres : « Il faut évoluer dans la vie. Je vous en supplie. Je vous adresse le message qui sort des tripes et du coeur. Je ne suis plus une jeune fille, je ne reviendrai probablement jamais ici. (...) Avant ma mort, je veux voir cesser ce massacre. »
La population du Canada lui refuse son aide. Denis Longuépée, président de l'Association des chasseurs de phoques des Îles de la Madeleine déclare à propos du hakapik (outil semblable au marteau et qui sert à tuer les phoques) : « À première vue, ça peut sembler un peu barbare, mais les groupes indépendants de vétérinaires disent que c'est la meilleure façon de tuer l'animal. » Il explique également que les vidéos montrant des phoques qui semblent agoniser après avoir été frappés par cet instrument sont en fait le résultat du syndrome natatoire, qui débute de 0 à 15 secondes après la mort de l'animal et peut durer pendant une minute. « C'est le même syndrome lorsque les poulets continuent de courir après qu'on leur a coupé la tête. » Une étude, réalisée par des membres indépendants de l'Association canadienne des médecins vétérinaires, révèle que la quasi-totalité des phoques chassés sont abattus sans cruauté. Des recherches scientifiques établissent par ailleurs que la chasse au phoque au Canada n'a aucun impact négatif sur la survie à long terme des espèces de phoque.
Le président
Jacques Chirac apporte son soutien à Bardot et saisit, à ses côtés, la Commission européenne ; cette saisine débouche en 2009 à une interdiction des importations, des exportations, du transit et de la vente des produits issus de la chasse aux phoques. Elle déclare alors au président : « 30 ans, presque jour pour jour, après m'être rendue sur la banquise, j'ai le sentiment, peut-être pour la première fois, que mon combat, ma vie, n'auront pas été tout à fait inutiles... Merci ! » Elle reçoit également les soutiens de nombreuses célébrités tels
Paul McCartney et
Pamela Anderson.
La sénatrice canadienne Céline Hervieux-Payette, qui soutient la chasse, l'accuse alors de malhonnêteté et se dit insultée de l'image qu'elle laisse au Canada. Elle intervient auprès de Jacques Chirac et déclare que le Canada « offre la plus grande transparence sur ses pratiques de chasse. » Elle explique également en quoi la méthode est conforme à l'éthique : « écrasement du crâne, palpation et saignée (...) certifiée sans cruauté ». Bardot lui répond dans une lettre où elle écrit :
La conférence de presse à Ottawa marque sa dernière apparition publique. Retirée à Saint-Tropez l'ancienne star accepte rarement les entretiens.
Reçue, en 2007, à l'Élysée par le président de la République française
Nicolas Sarkozy, elle y aborde plusieurs thèmes qui lui tiennent à coeur, notamment les abattages rituels et l'importation des produits issus de la chasse aux phoques. Malgré une entrevue jugée positive, elle se dit déçue par des promesses non tenues.
À l'occasion de l'élection présidentielle américaine de 2008, elle écrit à la colistière de
John McCain, Sarah Palin, « scandalisée » par celle-ci et son soutien entre autres