Cameron Diaz ou le come-back permanent
Virevoltante et capricieuse Cameron Diaz : cela fait presque vingt ans que nous l'observons s'ébattre sur l'écran sans jamais réussir à déterminer si elle s'amuse de la médiocrité de ses films ou si elle s'en inspire. À l'affiche de la comédie Bad Teacher, le cas de la belle blonde reste aujourd'hui encore très épineux. Cameron Diaz pourra-t-elle un jour retrouver sa gloire d'antan ?
Cameron n'a jamais été une fainéante mais plutôt une hyper-active, jamais rassasiée, faisant de son métier un loisir, un plaisir, mais jamais une contrainte. Elle parcourt le monde entre ses seize et ses vingt ans avant de se décider à devenir mannequin, bien consciente des attributs dont la nature l'a dotée. C'est dans un même élan qu'elle intègre le casting de The Mask aux côtés de Jim Carrey, et affiche pour la première fois sa frimousse décontractée au cinéma.
Son interprétation légèrement délurée est très remarquée et son succès immédiat.
La plus belle des fleurs extrait de The Mask
Ses débuts sont tonitruants et Cameron fait de cette aubaine une passion. Elle pirate par sa présence tous les films auxquels elle participe, y danse, y sourit en toutes circonstances, et surjoue son personnage d'attachante potiche un peu déconnectée de la réalité. Elle est une jeune femme amusée par son propre kidnapping dans Une vie moins ordinaire, ou l'objet de toutes les convoitises dans Mary à tout prix, qui lui donne toute l'attention qu'elle mérite dans un joli parallèle entre son rapide statut de star et l'amour du public qu'elle provoque.
Nouvelle égérie féminine, figure de la femme-amie tellement désirable qu'on ne peut qu'en rêver, Cameron accepte les petits rôles où elle ne serait pas forcément à sa place, là encore semble-t-il, pour se distraire. Las Vegas parano, L'Enfer du dimanche, Mortal Kombat dans lequel elle devait interpréter une combattante mais qu'elle devra finalement abandonner, Cameron amène vers elle tout un giron du public et revitalise à elle seule des genres ou des films qui semblaient pourtant patibulaires.
Dans ce même mouvement très détendu, Cameron participe également à quelques comédies girly mais épuisantes, dans lesquelles elle peut communiquer toute son exubérance à ses petites camarades de plateau. Allumeuses en est l'exemple-clé, vulgaire cavalcade de copines où Cameron brille dans son penchant le plus obscur, celui de la starlette bêbête pour laquelle on garde un soupçon d'affection (et d'attirance, il faut le reconnaître).
Une paire de fesses, ça déconcentre... extrait de Allumeuses !
Peu à peu, Cameron enchaîne les choix discutables. Elle décide de prêter sa voix à la reine Fiona pour la saga Shrek et semble ainsi s'éloigner des plateaux. Son coup d'éclat reste comme un souvenir désagréable dans la mémoire du cinéma des années 2000 : Charlie's Angels et sa suite, où elle entraîne dans sa déchéance ses comparses Drew Barrymore et Lucy Liu. Le film réalise un score tout à fait honorable au box-office mais semble avoir vieilli de trente ans. La logique reste cependant la même : l'actrice saisit l'opportunité de redonner vie à une franchise ayant marqué les esprits et s'y complaît en frivolité. Ce n'est pas vraiment sa faute si McG et son équipe en font n'importe quoi.
U can't touch this extrait de Charlie's Angels - Les anges se déchaînent
Il n'aura suffit que de quelques années pour se détourner de Cameron et oublier de prendre de ses nouvelles. Elle tourne moins, ses films parviennent plus rarement en France, sont moins vendeurs ou simplement moins bien vendus. Le temps passe vite à Hollywood et la belle jeune femme frôle amoureusement le statut de hasbeen. De copine rêvée elle devient progressivement grande soeur sympathique, voire tata bien roulée, sur le chemin tortueux qui l'amènera inévitablement au point de non-retour, celui de la MILF.
En quelques années donc, Cameron semble dans une nouvelle dynamique, celle du comeback permanent mais jamais convaincant, remettant à jour les différentes facettes de son jeu sans jamais réussir à voler la vedette à ses partenaires masculins. Femme aimante dans The Box, sous le charme d'un Tom Cruise à la force décuplée dans Night and Day, elle côtoie également une génération plus jeune, ceux qui l'ont vu au cinéma dans les années 90 et qui fantasment toujours de pouvoir l'approcher. Seth Rogen dans The Green Hornet, Justin Timberlake et Jason Segel dans Bad Teacher, ils lui offrent une visibilité nouvelle mais dont elle ne peut profiter, cantonnée par l'écriture de ces films à d'ingrats rôles féminins.
Sous les tropiques extrait de Night and Day
Que manque-t-il donc à Cameron pour qu'elle revienne sur le devant de la scène une bonne fois pour toutes ? La consécration populaire, elle l'a déjà eu. Un film mièvre mais fédérateur, bulldozer à Oscars, qui lui donnera la consécration auprès de ses pairs (comme ce fut le cas avec Sandra Bullock récemment) ? Sa performance dans Vanilla Sky lui fit récolter quelques lauriers, mais cela ne fut pas suffisant.
Dans Bad Teacher, elle incarne une professeur à la vie ratée, obsédée par un jeune mignon (Justin Timberlake) dont elle s'éprend. Elle décide donc de se mettre en quête d'une grande somme d'argent pour se faire refaire la poitrine, argument qu'elle imagine majeur dans son jeu de séduction. Pour y faire elle devra passer d'enseignant cancre à prof modèle pour espérer toucher une juteuse prime. Ou le recyclage continuel d'une ancienne bimbo impétueuse, devenue icône comique à force de maladresses ? Un rôle parfaitement à la mesure de Cameron.
Cameron Diaz toute mouillée extrait de Bad Teacher
Celle qui dit « saisir toutes les opportunités » se trouve-t-elle à un tournant de sa carrière ou à sa conclusion précipitée ? Il faut reconnaître un problème plus vaste, dans l'écriture même des rôles féminins, qui empêche souvent une femme mûre de trouver des rôles attrayants. Cameron Diaz pourrait, comme Julia Roberts, décider d'incarner une mère courage, à l'image d'une Erin Brockovich, et trouver ainsi une nouvelle jeunesse dans un cinéma plus posé, sérieux, ou consensuel. Sauf qu'il faut bien le reconnaître, Cameron s'en balance. Il est périlleux de rester dans les faveurs du public pendant plusieurs décennies et l'apogée de sa célébrité est sûrement déjà derrière elle. Ce qui ne l'empêchera pas de continuer de s'infiltrer dans les interstices du cinéma d'action, là où personne ne l'attend, bonne copine ou femme fatale, figure hollywoodienne resplendissante. Et de recommencer, comme au premier jour, à s'imposer par la force de son charme et de sa ténacité, que le poids des années ne semble pouvoir émousser.
À vous maintenant de vous décider : Cameron Diaz, LOVE or HATE ?
Et cette pauvre femme a 38 ans. Faut qu'elle se grouille de trouver de la crédibilité dans autre chose que son physique.