Les grands absents de la Sélection officielle du Festival de Cannes 2011
A l'heure où les films retenus pour la Sélection Officielle ne sont plus un secret pour personne, revenons sur ces quelques attentes déçues, ces films qu'on pensait prêts à temps mais qui ne le sont pas ; ces recalés qui resteront dans l'ombre.
Les cinéastes français
Longue est la liste de films français à ne pas avoir été retenus. Des hommes et des dieux triomphe à Cannes et aux César, et hasard du calendrier le réalisateur de Lemming, Dominik Moll, met en scène Vincent Cassel dans Le Moine. Loin d'évoquer le massacre des moines de Tibhirine, il y sera question d'une grave affaire de pédophilie. Le film, malgré la réputation de son réalisateur et son aspect sulfureux, ne sera pas sélectionné.
La romancière Virginie Despentes s'est attelée à l'adaptation cinématographie de son roman Bye Bye Blondie, comme elle l'avait déjà fait avec Baise-moi. Le prolifique Christophe Honoré signe cette année un nouveau film, Les Bien-aimés, réunissant certains de ses acteurs fétiches : Louis Garrel, Chiara Mastroianni, et Catherine Deneuve qu'il fait jouer pour la première fois.
Impardonnables, d'André Téchiné, ne fut pas retenu également. Le nom de Mia Hansen-Love, compagne du cinéaste Olivier Assayas et désormais réalisatrice, circula parmi les ultimes rumeurs de la Sélection. Enfin, le très attendu Poulet aux Prunes, adaptation de la bande-dessinée par son auteur Marjane Satrapi, fait figure de grand absent dans les rangs des films français en compétition. Le film n'était-il pas terminé à temps ?
Les espoirs déçus
Carlos Reygadas, pourtant habitué à la clameur cannoise depuis Batalla en el cielo et Lumière silencieuse, n'a pas vu son dernier film retenu (Post Tenebras Lux). Le jeune mais bourreau de travail Aoyama Shinji, qu'on connaît surtout pour Eureka, ou les retrouvailles de survivants d'une prise d'otages, n'a pas convaincu le comité de sélection. Tokyo Kouen était pourtant très attendu par les fanatiques du cinéaste japonais.
De même pour Pen-ek Ratanaruang, cinéaste thaïlandais, ou le philippin Brillante Mendoza, qui traitait d'une prise d'otages à son tour, en s'adjoignant les services d'Isabelle Huppert. Réalisateur étranger officiant désormais en France, Lou Ye, cinéaste chinois censuré dans son pays, nous avait promis un beau et intense Love and bruises. L'histoire d'amour entre une jeune chinoise et Tahar Rahim, acteur incontournable depuis Un prophète. Un manque cruel pour la Compétition.
Les rendez-vous manqués
Certains cinéastes de renom devaient avoir fini à temps leurs films pour le Festival de Cannes. Et même si c'était le cas, ils devaient en découdre avec les autres 1714 films proposés aux programmateurs de la Sélection, et il y avait sûrement fort à faire pour représenter au mieux la diversité du cinéma mondial. Rabah Ameur-Zaïmeche, réalisateur du Dernier Maquis, fait partie de ces laissés pour compte.
D'autres films, pourtant fort appréciés, n'ont pas réussi à trouver leur chemin jusqu'à la Sélection. Ce fut le cas de Elles, un film de Malgorzata Szumowska traitant de la prostitution estudiantine, ou encore du dernier film de Chantal Akerman, La Folie Almayer. Kiseki, ou Miracle, le film du cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda, restera lui aussi sur le banc. De même que le film Onze fleurs de Wang Xiaoshuai. A la décharge de l'équipe des sélectionneurs du festival il faut rappeler que le dernier film de Wang Xiaoshuai, intitulé Chongqing Blues, était en Compétition Officielle lors de l'édition précédente du Festival. Coup de coeur et donc déception parmi les rangs de l'équipe Vodkaster : cinéaste hors du temps et des mouvances, le canadien Guy Maddin, obsédé par un noir et blanc esthétisant et un univers funèbre et baroque, n'aura pas la chance de pouvoir présenter son film de gangsters, Keyhole, en Sélection.
Les raisons de ces absences sont bien entendu diverses et parfois inexpliquées. Les films de Walter Salles (adaptation de Sur la route de Jack Kerouac avec Kristen Stewart) et de David Cronenberg (A Dangerous method sur la relation entre les psychanalystes Sigmund Freud et Carl Jung), par exemple, ne seront pas terminés à temps pour participer au Festival de Cannes, cela est désormais certain. Même problème pour le dernier film du réalisateur russe Alexandre Sokourov.
Pour les quelques autres, malgré la déception de ne pas être retenu pour la Sélection Officielle, le repêchage est toujours possible. Les 18 et 19 avril prochains seront en effet annoncés les films retenus pour la Quinzaine des Réalisateurs et la Semaine de la Critique, deux compétitions parallèles du Festival de Cannes. Il est donc encore temps pour cette poignée de compétiteurs de parader sur la croisette et de faire parler d'eux ! Et pour les aficionados des réalisateurs sus-mentionnés, l'espoir reste donc toujours de mise.