Venise 2011 : Le palmarès complet de la 68ème Mostra
La 68ème Mostra de Venise, dont on retiendra que la sélection était particulièrement dense et relevée, se clôt ce soir avec l'annonce du palmarès. Si le Festival a largement satisfait les attentes de nos envoyés spéciaux, reste à savoir si leurs pronostics concernant les choix du Jury ont été les bons. Fin du suspense, voici le palmarès complet de la 68ème Mostra !
Alors qu'il avait lui-même reçu le prix en 2008 pour The Wrestler, on rappelle que c'est Darren Aronofsky qui préside le Jury cette année.
- Lion d'or : Faust d'Alexandre Sokurov
- Lion d'argent du meilleur réalisateur : Cai ShangJun pour People Mountain, People Sea
- Prix Spécial du Jury : Terraferma d'Emanuele Crialese
- Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine : Deannie Yip dans A Simple Life
- Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine : Michael Fassbender dans Shame
- Prix Osella pour la meilleure contribution technique : Les Hauts de Hurlevent d'Andrea Arnold
- Prix Osella pour le meilleur scénario : Alps de Yorgos Lanthimos
- Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune interprète : Shota Sometani et Fumi Niakaido dans Himizu de Sono Sion
- Lion du futur (Meilleur 1er film) : Là-Bas de Guido Lombardi
- Lion d'or d'honneur : Marco Bellocchio
Le palmarès de tous les excès
La 68ème Mostra a récompensé des oeuvres singulières et exigeantes, dotées le plus souvent de partis-pris esthétiques forts, à l'image de son Lion d'or, Faust. Le grand-public va faire la gueule. Les cinéphiles les plus pointus, eux, apprécieront.
Le jury présidé par Darren Aronofsky aura donc fait l'exact contraire de celui de Quentin Tarantino l'année dernière. À par le format carré de leur image, il n'y a guère de points communs entre Faust, Lion d'or cette année, et Somewhere, son prédécesseur. Le film de Sokurov est aussi excessif et ambitieux dans sa plastique et sa narration, que celui de Sofia Coppola était modeste, esthétiquement parlant. A propos de Faust, Darren Aronofsky a parlé « d'une oeuvre qui vous change pour toujours ». S'il appartiendra à chaque spectateur de ressentir ce bouleversement, pas forcément évident, l'étrangeté de son atmosphère et le sublime de certaines de ses scènes font du lauréat 2011 une oeuvre dépaysante et singulière.
Cette singularité, le jury de la Mostra l'a recherchée à tous les niveaux du palmarès. Le Lion d'argent décerné au film-surprise People Mountain, People Sea récompense lui aussi un travail exigeant. Le chinois Cai Shangjun met en scène son protagoniste à deux moments bien distincts : d'abord lorsqu'il veut venger le meurtre de son frère, ensuite quand il reprend son travail à la mine. De ces deux parties, la seconde reste de loin la plus forte, grâce à sa vision littéralement infernale des souterrains et une scène finale de toute beauté. Aux yeux des spectateurs qui passeront sa première heure sans encombre, People Mountain, People Sea laissera exploser sa force.
Difficile en revanche de juger la légitimité de Terraferma, Prix Spécial du Jury. Faute d'avoir vu le film d'Emanuele Crialese (Respiro, Golden Door), on ne peut que prêter attention aux réactions outrées et aux « Vergogna ! » des journalistes italiens, à l'annonce du lauréat. Pas trop tout de même. Malgré tout le respect dû aux confrères, leurs cris d'Orphée en voyant Yorgos Lanthimos aller chercher son Prix du meilleur scénario pour Alps sont totalement injustifiés et exagérés. Le réalisateur de Canine s'est de nouveau appuyé sur un postulat dramatique fort, presque digne d'une science-fiction : un petit groupe de gens propose aux familles endeuillées de prendre provisoirement la place de leur disparu, le temps de digérer leur peine. Le traitement scénaristique, à la hauteur de cette base intrigante, méritait clairement d'être récompensé à Venise. Tout comme la performance de Michael Fassbender dans Shame.
Donné archi-favori par la presse, le film de Steve McQueen quitte le Lido avec la récompense la plus évidente le concernant. Fassbender donne de sa personne et enchaîne les registres, du plus sobre au plus excessif. L'excès aura d'ailleurs caractérisé les prestations des acteurs et actrices les plus remarquables vus cette année à Venise (peut-être pas celle de Deanie Yip, Prix d'interprétation féminine pour A Simple Life, d'Ann Hui, mais faute de l'avoir vu...). Keira Knightley dans A Dangerous Method, Kate Winslet et Jodie Foster dans Carnage et... Shôta Sometani et Fumi Nikaido dans Himizu. Les deux adolescents du film de Sono Sion gagnent le Prix Marcello Mastroianni de la révélation. Une récompense saluant elle aussi des compositions toutes en fureur et en hurlements. Le jury d'Aronofsky a fait preuve de doigté, en signalant de cette manière l'impact final inattendu de ce film post-tsunami, souvent épuisant. Il s'est par contre montré trop mesuré à l'égard des Hauts de Hurlevent, Prix de la meilleure photo entièrement justifié, mais qu'il aurait été souhaitable de retrouver plus haut dans le palmarès. Un palmarès finalement très cannois, la plupart des lauréats étant des habitués (Sokourov) ou des révélations (McQueen, Crialese, Arnold, Fassbender) de la Croisette.
Pour revivre avec nous le festival de Venise 2011 :
Tout savoir sur la Mostra de Venise 2011
Chris & Hendy, nos envoyés spéciaux à Venise 2011
ou la déclaration d'amour de Carlos Boyero à Marco Muller...
http://www.elpais.co...10911elpepicul_4/Tes
Aller voir avec enthousiasme des films signés par des réalisateurs dont l’œuvre t’a toujours offert des garanties, ou au moins donné des attentes, des gens qui parlent le langage de leurs histoires, des auteurs qui jamais ne sont jamais passés par ce recours utilisé par tant de bons à rien faussaires et irrécupérables, consistant à faire des films en tournant le dos à une réalité appelée public, ce public au sein duquel cohabitent des malins et des simples, des commodes et des exigeants, des branchés et des conventionnels.
Pour tous ces réalisateurs c’était clair comme de l’eau de roche que le ciné avait besoin de spectateurs.
Ils ne se retranchaient pas derrière les subventions de l’Etat et du Ministère de la Culture, en exigeant que le gouvernement finance un soit-disant art qui n’est visible que sur leurs comptes courants et dans l’admiration sans borne de leurs pairs et le consensus d’une critique illisible et incompréhensible qui expose à des lecteurs aussi étriqués que profonds l’excellence de ses pathétiques masturbations mentales."
Aronofsky, ce réalisateur, autrefois insupportable, qui a découvert dans ses derniers films complètement surestimés que grâce à un Mickey Rourke émancipé et la toujours admirable Natalie Portman, il pouvait faire passer des vessies pour des jolies lanternes prétendument flippantes, a décerné le Lion d’Or à l'imbuvable Faust, une adaptation tout à fait dispensable du complexe mythe raconté par Goethe. C’est signé le terrible réalisateur russe Aleksander Sokurov. Il le fait avec des images, des réflexions, des dialogues et des personnages soporifiques. Sokurov, qui est un esthète très original, commence l’histoire de l’homme qui vend son âme au diable par le plan appliqué du pénis et des testicules d’un cadavre à qui on retire sinistrement les tripes et d’autres organes en décomposition. Il tue ce début de film, indispensable ce naturalisme pour expliquer ce qui va passer dans le cerveau convulsionné d’un médecin qui prend conscience des misères de la nature humaine et se confronte aux dilemmes et au prix à payer pour obtenir ce qu’il veut sur la Terre. Le cours de cette recherche morale nous plombe. On part du principe que les supposées œuvres d’art sont amorties bien que le grand public n’ait pas l’opportunité de les juger car les distributeurs courent toujours après des trucs tellement vulgaires comme l’offre et la demande. Et tu découvres que ce qu’a béni l’intelligence suprême et le goût exquis des jurés ne bénéficie pas d’une sortie commerciale, ou alors si c’est le cas une injuste et tragique petite semaine de diffusion et ça suffit à provoquer la stupéfaction la plus grande bien que les critiques l’aient placé numéro un de leur rougissant hit parade.
Le prix du meilleur réalisateur est tombé sur ce monsieur chinois qui signe un film surprise dont on a pris congé le plus vite possible parce que pendant la projection du matin les sous-titres étaient de l’ordre du surréalisme ou du désastre ou les deux à la fois et pendant la projection du soir le projecteur a brûlé. De ce que j’en ai vu il y avait des plans de 5 minutes avec le visage hiératique d’un mec organisant sa vengeance. Bon c’est obligé à la fin tout s’expliquait mais mon irresponsabilité ne peut pas en attester.
mais, en plus, les arguments d'un critique qui parle de "monsieur chinois" sans prendre le soin de le nommer, qui juge des films en n'en voyant que des bribes et distille avec des infos erronées (le projo qui prend feu...), ça n'a pas des masses de valeur.
Il faut dire que Faust et People Mountain, People Sea étaient mes deux préférés de la compet'.. donc forcément, ça passe moyen ;/
Du coup, ça m'irrite un peu plus que ça me fait rire.. et peut-être parce que ce type d'avis tranchés, ça me rappelle de vieux et affreux souvenirs ;) http://www.youtube.com/watch?v=lrGmaZi0hgE
"L’acteur caméléon Michale Fassbender est tellement bon que je n’ai pas réussi à l’identifier d’un film à l’autre. C’est l’avantage de pouvoir être plusieurs hommes à la fois, mais c’est aussi enviable à mon sens que d’avoir l’air, comme Cary Grant, John Wayne, Humphrey Bogard et Robert Mitchum, de jouer toujours son propre personnage. Le prix de la meilleure actrice, décerné à la chinoise Deannie Yip, me rapproche un peu plus de l’univers désolant d’une maison de retraite. Je suis bouleversé. Je ne peux pas être objectif vu que depuis déjà longtemps Alzheimer et la démence sénile de mes proches incarnent ma réalité et mes cauchemars. Terraferma c’est des pêcheurs plein de bonté qui offrent refuge aux malchanceux des bateaux de fortune, c’est l’instinct de survie. OK.
Le prix du meilleur scénario, attribué au film grec Alpis, confirme l’amour du jury pour les trames alambiquées. Cette fois, c’est l’histoire de petites crapules illuminées qui remplacent illusoirement les défunts pour que dans un jeu macabre les proches se persuadent que leurs êtres les plus chers sont toujours en vie. Le gros problème c’est que après une heure de film tu captes plus rien. OK. Le paysage du Yorkshire est bien capté par la photographie dans cette nouvelle et inutile adaptation qu’a faite Andrea Arnold du roman torrentiel et bouleversant Les Hauts de Hurlevent. OK.
Aussi loin que je me souvienne, la section officielle de cette Mostra a eu la meilleure programmation de tous les festivals de cinéma de ces dernières années. Les prix ont été pour la plupart délirants, ou peut-être très en accord avec les goûts du pâteux réalisateur Marco Muller, une personne assez mesquine pour m’envoyer ces dernières années dans l’hôtel le plus éloigné du Lido, ou pour refuser au journal que je représente l’éternelle invitation au festival cette année, alors même qu’il accueillait tous les autres journaux espagnols. Je trouverai normal que face à mes critiques répétées de son mandat ignominieux, il envoie un de ses sicaires pour me jeter dans une lagune ou qu’il me reproche personnellement mes jugements acerbes à l’encontre de sa nuisible mission. Mais ce mielleux animateur culturel, apparence travaillée d’un astronaute chinois, polyglotte et progressiste, a essayé de me faire fermer mon irrévérente petite gueule avec la méthode d’un facho autoritaire. Comme je n’y crois pas je ne peux même pas maudire ce petit gestionnaire d’aller en Enfer pour avoir transformé un festival stimulant en paradis du ciné le plus atroce. Et la vie continue, Marco Muller. Les gens comme vous trouve toujours à se rendre utile pour n’importe quel événement académique, ils représentent la conscience sceptique et engagée de l’Occident corrompu. Ce serait horrible de devoir choisir entre la droite, représentée par le méprisable Berlusconi, et la gauche de laquelle vous vous êtes réclamée lors des imprésentables éditions vôtres de la Mostra. Si on disait à un enfant ou à un adolescent moyennement réceptif que la majorité des films que vous avez présentés ces dernières années est représentative du cinéma, jamais il ne pourrait en tomber amoureux. Il verrait ça comme une torture dont il faut échapper à tout prix, dont il faut se défendre à cor et cris."