Cannes 2014 : It follows, le film d'horreur qui a secoué la Croisette
Le film horrifique de David Gordon Mitchell présenté à la Semaine de la Critique a traumatisé plus d'un festivalier et bénéficie d'un bouche-à-oreille favorable. Alors, vraie bombe ou pétard mouillé ?
Il y a les journalistes festivaliers studieux qui étudient minutieusement les programmes et horaires de projection dès leur mise à disposition, et il y a les autres qui, par flemme, désœuvrement ou espoir de surprise (souvent un cocktail des trois), se contentent de prévoir la veille pour le lendemain leur planning filmique. Il va sans dire que je fais partie du second groupe, et que mes choix de projections se font sur une poignée de critères aléatoires du genre :
La notoriété initiale du long-métrage ou de ses géniteurs.
Une file d'attente pas trop longue.
Le bouche-à-oreille des early adopters ayant vu la chose lors d'une précédente projection.
Dans le cas du film It Follows qui nous intéresse aujourd'hui, découvert vendredi à la Semaine de la Critique, c'est clairement le troisième critère -l'excellent écho entourant ce deuxième film de David Gordon Mitchell après The Myth of the American Sleepover - qui a titillé notre intérêt.
Voici le pitch de la chose pioché sur Allociné : «Pour Jay, 19 ans, l’arrivée de l’automne devait rimer avec école, garçons et weekends au bord du lac. Mais après un rapport sexuel d’apparence anodin, elle se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’inextricable impression que quelqu’un, ou quelque chose, la suit. Accablés par cette malédiction, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à l’horreur qui ne semble jamais loin derrière». Ce que ce résumé ne dit pas, c'est que la malédiction est «transmissible», façon MST, à chaque acte sexuel. Pour s'en débarrasser, il suffit donc de tirer un coup et hop, la vilaine entité déporte son morbide intérêt contre votre partenaire.
Avec un pitch pareil (et son côté débilo-sexy), on aurait pu tomber sur une gaudriole digne du court métrage culte The Horribly Slow Murderer with the Extremely Inefficient Weapon, sensation virale de 2009 aux plus de 29 millions de vues YouTube
Il n'en est rien, car malgré quelques moments plus légers rappelant les teen movies de John Hughes, It follows dérange et effraie plus qu'il ne déride, quitte à abuser parfois de bons vieux jump scares putassiers, aidé en cela par un score qui pompe encore plus John Carpenter qu'un album de Zombie Zombie - même en incluant celui de reprises de John Carpenter, d'ailleurs. Toujours au rayon acoustique, le sound design vaguement Lynchien vire parfois au pudding indigeste pour nos pauvres tympans.
La vraie réussite de It follows réside plutôt du côté de son découpage (excellente gestion des arrières plans via l'apparition menaçante de silhouettes se déplaçant lentement dont on ignore la nature et les intentions jusqu'à la dernière seconde) et son casting choral mené par la blondinette Maika Monroe, 21 ans, aperçue dans Last Days of Summer ou The Bling Ring et accessoirement grande amatrice de kiteboard à en croire sa page Facebook.
Reste que les trous d'air du scénario et une fin assez bâclée empêchent de crier à la claque définitive. On se contentera malgré tout sans peine de cette série B efficace qui tranche avec le tout-venant putassier (ou mercantile) de l'horreur, et de ses quelques instants miraculeux (traumatisante scène d'introduction). Et d'espérer que Metropolitan Filmexport, sauf erreur distributeur du film dans nos contrées, ne tardera pas à sortir le film en France.