Cannes 2015 : Tale of Tales de Matteo Garrone
C'est assez rare pour être signalé, mais Tale of Tales de Matteo Garrone, en étant présenté en compétition à Cannes 2015, permet aux festivaliers de se plonger dans l'univers des contes et de l'heroic-fantasy, avec cet enchevêtrement de 3 fables populaires datant du 16ème siècle.
Film italien de 2h05. Matteo Garrone nous propose ici une adaptation du recueil Le conte des contes, oeuvre du poète italien Giambattista Basile publiée entre 1634 et 1636. Dans ce film fantastique, on suit plusieurs personnages : un roi libertin, un autre capturé par un étrange animal, une reine possédée par son envie d’enfance, le tout dans un univers onirique, étrange et féérique. Après avoir remporté deux fois le Grand Prix, en 2008 avec Gomorra, puis en 2012 avec Reality, Garrone revient une troisième fois en compétition, en s'appuyant sur un casting de poids : Salma Hayek, Vincent Cassel, John C. Reily, Toby Jones. De quoi espérer davantage ?
Open Bar
Cannes peut aussi se consommer tranquillement à la maison. Découvrez nos cocktails cinéphiles, spécialement concoctés pour se substituer aux films sélectionnés...
Versez une bonne dose de Into the Woods pour la relecture de contes traditionnels, à laquelle vous pouvez rajouter une grosse rasade de Game of Thrones pour les histoires de cours royales et le bestiaire mythologique. Quelques morceaux de Faust, pour le côté baroque et suintant, peuvent être intégrés pour donner du goût. Puis agrémentez le tout de quelques pincées du Labyrinthe de Pan, pour ce qui concerne la féérie traitée sous un angle tout sauf enfantin, et d'un émietté de The Princess Bride. Vous obtiendrez immédiatement la boisson idéale en accompagnement d'une bonne choucroute.
Bruits de Croisette
Si l'on se fie aux quelques bruits de fond entendus durant la projection, il semblerait que le Garrone ait été loin de faire l'unanimité. Des gens qui soufflent du nez très fort, de l'agitation sur les sièges (pourtant assez confortables). Ce que tendaient à confirmer les quelques réactions glânées à la sortie, allant de "Pourquoi faire ça en 2015 ? POURQUOI ?", à "Hey les gens, je suis le seul à avoir été extrêmement embarrassé ?", en passant par "C'est joli, ça fait penser du Fellini, Jodorowsky, tout ça tout ça...mais c'est pas un peu vide, sinon ?". On a même eu droit pendant le générique de fin à un "Ohlala ! Alexandre Desplat pfff...". Alors que le compositeur français récemment oscarisé a écrit là l'une de ses meilleures partitions.
Une scène : à la poursuite du dragon des mers
La Reine (Salma Hayek) est triste : elle ne peut pas avoir d'enfant. Son Roi (John C. Reilly) est alors sommé par un étrange individu d'aller récupérer le coeur d'un monstre marin afin que sa bien-aimée le déguste à pleines dents, et réalise ainsi la prophétie en acouchant du bambin tant attendu. On a alors droit à une séquence d'attaque sous-marine, particulièrement peu lisible, faisant beaucoup penser aux mêmes séquences déjà vues dans Pacific Rim. Oui le film de Guillermo del Toro, qui est d'ailleurs membre du jury cette année ! Alors hommage ? Clin d'oeil ? Avouez que la coïncidence est somme toute troublante.
Le résumé en textos
Le Festival de Cannes c'est aussi 372.000 textos par jour et par festivalier. Alors finalement, pourquoi ne pas aussi raconter le film comme ça ? (voir en grand)
Le juste prix
2 minutes et 12 secondes. C'est à peu près le temps qu'a dû passer John C. Reilly sur le plateau de tournage, pour 42 mots prononcés en tout et pour tout (on n'a pas compté, mais ça doit être quelque chose comme ça). Nous lui décernons donc le prix Tripadvisor de l'acteur qui passe des vacances tranquillou mais qui en profite pour tourner un film en compétition à Cannes. C'est ce que l'on appelle avoir du nez (et il en possède un beau spécimen).