Des mots et des corps, en collision
Tous les mardis, Vodkaster propose pour vos beaux yeux un extrait estampillé « carré rose », ouvertement sexy ou simplement émoustillant, restant ainsi fidèle à notre principe que toutes les thématiques du cinéma doivent être évoquées en ces lieux. N'est-ce pas.
J'espère que vous allez bien... Oui vous, mes petites chattes et mes gros chatons, ça se passe comme vous voulez dans la moiteur tiède de ce mois d'août naissant ? Tant mieux, tant mieux. Détendez-vous bien, cette semaine on a rendez-vous avec le plaisir, le grand, le vrai, le beau, celui qui rend dur et brûlant, celui qui coule en vous comme le caramel sur un chou à la crème. Vous voyez le genre ?
Bon. C'est bien...
Cette semaine on retrouve deux hommes qui pourraient bien devenir des habitués de la rubrique tant ils sont abonnés à la perversion et au fantasme. Le premier, David Cronenberg (génial réalisateur canadien), s'est d'ailleurs imposé comme un spécialiste du fantasme et de la métamorphose des corps. Le second, James Spader (acteur catalogué), s'était déjà grillé avec son rôle de pervers de base dans Sexe, mensonge et vidéo, il aggravera d'ailleurs plus tard son cas avec La Secrétaire. Mais sachez que dans Crash il est plus sexuel que jamais.
À la merci de nos deux cochons, on retrouve une bombe absolue : Deborah Kara Unger. Deborah, c'est 1m70 de corps canadien vibrant de sensualité, c'est un milliard de mèches blondes, c'est deux yeux félins presque sorciers et c'est une voix... oh quelle voix !
Oui parce qu'aujourd'hui, je vais vous parler de Crash. Récompensé par un Prix spécial du Jury en 1996 à Cannes, le film avait défrayé la chronique sur la Croisette avant de devoir faire face à la censure un peu partout dans le monde.
Ok, je vous vois venir, faire la fine bouche, me dire qu'à Cannes on s'emballe pour un rien... non Crash n'y va pas avec le dos de la cuillère. Pour vous donner une idée, le film avait remporté le Prix du Best Alternative Adult Feature Film lors des AVN Award (les Oscars du Porno). Les scènes de sexe explicite s'enchainent sans coup férir et, à l'érotisme brûlant des personnages, se mêle l'horreur glacée des accidents de la route.
Le métal froissé et les cicatrices sont autant de nouvelles zones érogènes.
Crash regarde la mort bien en face, se complait dans la douleur et la mutilation, et fait en sorte de rendre tout ça excitant. Vous avez dit malsain ?
La scène qui nous intéresse est incroyable de simplicité. A voir l'étalement méticuleux des cheveux de l'actrice, on imagine pourtant bien Cronenberg passer des heures à régler tous les détails jusque dans les plis du drap et de l'oreiller qu'elle sert contre son corps nu.
Outre la beauté des corps, ce sont les dialogues qui portent l'essentiel de la charge érotique. Se livrant à une séance de dirty-talk des plus épiques, le couple s'enfonce dans un plaisir verbal et subversif. Sur les visages exsangues des deux amants se lit la jouissance d'entendre et de prononcer ces mots "interdits". A chaque syllabe murmurée on les sent un peu plus pénétrés : « fuck », « penis », « semen », « suck », « swallow »...
En jouant sur deux échelles de plans : des gros plans sur les visages et un plan large sur les les corps emmêlés, Cronenberg contrôle le rythme délicat de l'échange. Mais le vrai fantasme est hors champ, incarné par le personnage de Vaughan et sa fascinante automobile.
Car pour le spectateur aussi, la figure de Vaughan n'est pas anodine. Le personnage représente l'aboutissement du fantasme morbide et de la transgression. On n'est pas encore à la moitié du film mais déjà l'excès de sexe se fait sentir. A l'image des deux amants, littéralement vidés, on cherche, épuisé, déchiré entre l'excitation et le dégout, une nouvelle forme, supérieure, de jouissance.
Toutes les scènes de sexe de Crash auraient pu faire honneur à cette rubrique pour leur richesse thématique et l'originalité des compositions. Je vous invite quand même à découvrir la scène finale et la beauté sidérante du plan de grue sur lequel se clôt le film.
Joyeux Sexy Mardi, pensez à vous dire des choses dans le creux de l'oreille, et à la semaine prochaine !