Ghost : l'interview EXCLUSIVE de Patrick Swayze depuis l'au-delà
Cet été, Vodkaster vous propose de découvrir Air Cinema : une série de programmes courts et décalés donnant une folle seconde vie aux films cultes et à leurs inoubliables VF. Un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui aiment les films et les moustaches. Cette semaine : Ghost
Ghost par Air Cinéma par AirCinema
Air Cinema parle tant à notre nostalgie cinéphile que nous ne pouvions pas en rester là ! Nous avons donc décidé de demander à notre cher Alexandre Hervaud (en vacances de Trailer) de dépoussiérer ses VHS pour accompagner cette série d'été de textes rendant hommage aux films détournés. À lui de jouer avec le cinéma : à la manière d'un « mockumentary », le totalement vrai y côtoie l'archi faux, l'anecdote authentique y fricote avec le canular grossier. Lisez tout, triez ensuite...
Les plus grands médias du monde entier ont expérimenté cette brillante forme journalistique : l'interview post-mortem. On se souvient ainsi, encore émus, du génial entretien de Claude François paru en 2010 dans France Dimanche. Pour les besoins de la présente chronique, qui s'intéresse au film culte Ghost, nous avons donc tenté d'entrer en contact avec Patrick Swayze, l'ex-beau gosse des 80's tragiquement disparu en 2009 des suites d'une longue maladie. Grâce aux conseils trouvés sur des forums consacrés au paranormal et à la poterie, j'ai réussi à joindre l'acteur depuis l'au-delà pour une interview de 8 minutes - morts ou pas, les attachés de presse sont intransigeants pour les junkets - sans concession.
Salut Patrick ! Tout d'abord, merci de nous avoir accordé cet entretien. Et bon anniversaire en retard, puisque vous auriez fêté vos 60 ans le 18 août dernier sans cette saloperie de cancer...
Merci à vous. Et oui, j'ai frôlé de peu la soixantaine. Je me console en me disant que j'ai échappé à un max de notifications Facebook à la con !
Ah ah ah, c'est pas faux. Vous faîtes quoi de beau depuis votre décès, en septembre 2009 ?
Je m'occupe pas mal. J'anime notamment un cours de danse pour fantômes de célébrités, une sorte de Dancing with the stars de l'au-delà. Depuis que Whitney Houston nous a rejoint, le groupe a vraiment pris une belle tournure. Ça risque d'être un peu plus coton avec l'arrivée d'Ernest Borgnine, mais j'y crois encore.
Qu'est-ce qui a été le plus dur, à votre arrivée, là-haut ?
Passé le choc initial de la découverte des lieux, je dirais que ça a été les moqueries permanentes au sujet de mon apparition dans Dirty Dancing 2 en 2004. Heureusement, ça s'est un peu calmé.
Parlons un peu de Ghost, puisque c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui. Quels souvenirs gardez-vous du tournage ?
Que des bons ! Demi Moore, malgré sa coiffure qui inspirera des années plus tard Justin Bieber, était un sacré brin de femme à l'époque... Je me souviens évidemment de dizaines de fous rires incontrôlables avec Whoopi Goldberg. Par contre, tout ce qui touche de près ou de loin aux trucages type incrustation sur fond vert, c'est une autre affaire. Bordel, j'aurais pas aimé être à la place des mecs sur le tournage des derniers Star Wars, ou pire encore, sur ceux des Tintin en motion capture.
Dans Ghost, vous jouez le rôle d'un banquier new-yorkais, qui donne plutôt l'impression d'être un connard au début, je pense à son poujadisme anti-presse quand il daube sur le New York Times à un moment...
C'est vrai que le personnage de Sam Wheat n'est pas immédiatement attachant. Le film date de 1990, hein, on sortait des 80's, des années fric, Bush père était à la Maison Blanche après deux mandats de Reagan. Il faut attendre de voir Sam mourir pour enfin s'intéresser à lui, en fait. Heureusement, ça arrive vite !
Le film a eu un impact culturel monstrueux, que ce soit dans des paroles de morceaux de rap ou dans des parodies diverses... Vous est-il arrivé d'en avoir marre ?
Non, car il faudrait vraiment être le dernier de sacs à merde pour chouiner après avoir récolté un succès pareil. Je dirai que le plus ennuyeux avec le culte autour de Ghost, c'est les milliers de vases artisanaux en terre glaise que mes fans m'ont offerts depuis la sortie du film. Sans déconner, je pense en avoir reçu quelque chose comme 12 000, je les ai tous refilés à des structures genre Secours Populaire, même si je doute qu'ils en aient eu grande utilité. Et puis y'a la musique aussi, cette foutue musique...
Vous parlez d'Unchained Melody, le tube des Righteous Brothers utilisé à plusieurs reprises dans le film ?
Ouais. Attention, la chanson est géniale hein, même si les paroles ne volent pas très haut. T'enlèves « oh mon amour, ma chérie, j'ai besoin de ton amour », il reste à peu près 10 mots. Mais à force de l'écouter à n'importe quelle occasion, genre je rentre dans un bar et la serveuse balance le morceau dans le juke-box, ou lors d'interviews télé, j'ai vraiment développé une sorte de rejet absolu de ce morceau. C'est d'ailleurs de là que vient mon amour pour le black metal norvégien.
Ah bon, comment ça ?
Je me suis demandé quelle pouvait être l'antithèse absolue d'une chanson sirupeuse américaine des 50's, et j'ai rien trouvé de mieux que ça. J'apprécie particulièrement Burzum, enfin le début de leur carrière seulement, et Satyricon. Dès qu'on m'emmerde ici, je balance ça à fond et je suis peinard.
D'après vous, qu'est devenu le personnage de Demi Moore après la fin de Ghost ?
Je doute qu'elle se soit remariée. Ma théorie, et je ne suis pas le seul à y penser, est qu'elle est probablement devenue lesbienne, et ce pour deux raisons. La première, romantique, est bien entendu la difficulté pour elle de trouver un homme digne de passer après mon personnage. La deuxième, c'est ce rapprochement hyper intime qui se produit entre elle et le personnage de Whoopi Goldberg à la fin : même si - et c'est une brillante idée de mise en scène, soyons clair - c'est bien moi qui apparaît à l'image sur fond d'Unchained Melody pendant la scène de danse, rappelons qu'à ce moment là, j'ai pris possession du corps de la voyante ! Ce ne sont donc pas un homme et une femme mais bien deux femmes qui se dandinent collées l'une contre l'autre ! Vu la chaleur et l'amour qui se dégage d'une situation pareille, m'est avis que le personnage de Demi Moore aura plutôt tendance à s'orienter vers les femmes par la suite.
Vous pouvez nous décrire le paradis ?
J'en ai aucune idée, je suis en enfer.
WTF ?!?
J'ai été alcoolique et scientologue, mec, je te rappelle.
Ah c'est vrai... Et donc, l'enfer, ça ressemble à quoi ?
Je vais sans doute te surprendre, mais à ma connaissance, le seul film à avoir dépeint correctement l'Enfer, c'est Little Nicky, avec Adam Sandler. Je ne sais pas où il a trouvé l'idée de montrer le diable enfourner un ananas dans le cul d'Hitler tous les matins, mais c'est véritablement ce qui se passe ici en tout cas !
Saviez-vous qu'en 2010, le Japon a produit un remake de Ghost. L'avez-vous vu ?
Non, je n'ai pas osé. En fait, il est sorti quand j'étais déjà mort, ce qui complique pas mal les choses. Les sorties ciné dans l'au-delà sont hyper aléatoires, c'est un peu comme dans les Gaumont de province chez vous, en France. Pour ne rien vous cacher d'ailleurs, on comptait beaucoup sur Megaupload avant que ces connards du FBI nous le coupe comme des sagouins. Quant au remake japonais, je sais que bien des fans ont considéré la chose comme un deuxième Pearl Harbor, mais après tout, Hollywood a déjà tellement souillé leur cinématographie à coups de remake insipides, c'est de bonne guerre après tout !
Dans l'excellent film Detention sorti récemment, vous apparaissez de manière masquée via une doublure un peu hors champ, à la Clint Eastwood dans 800 balles... Avez-vous été choqué par cette liberté prise par le réalisateur Joseph Kahn ?
Alors celui là, j'ai réussi à le voir grâce à un executif du département vidéo de Sony mort d'une overdose de coke récemment. J'ai adoré ! Franchement, c'est trippant, et on sent que mon « apparition », comme vous dîtes, est vraiment un pur hommage à Road House. J'avais tourné ce film en 1989, juste avant Ghost, et ça m'avait valu une nommination au Razzie Award du pire acteur de l'année ! Les gens me disaient carbonisé, foutu, terminé. C'est vrai qu'objectivement, le film est mauvais, mais c'est devenu un nanar culte, l'un des préférés de Kevin Smith d'ailleurs qui a fait le commentaire du DVD avec ses potes. J'étais un peu vert en voyant débarquer une suite direct-to-dvd en 2006, par contre. J'avais eu le bon goût de m'en éloigner, la leçon Dirty Dancing 2 m'avait suffit !
Une dernière question : on vit dans une période très nostalgique des années 80, ça vous inspire quoi ?
Ecoute, je vais pas te mentir, j'aurais adoré tourner dans les Expendables, ça m'aurait vraiment fait délirer. Après, je trouve pas ça très sain de regarder sans cesse dans le passé. J'espère que si un connard d'Hollywood cherche à incruster ma gueule dans un film façon Marlon Brando dans Superman Returns, mes héritiers lui foutront un procès au cul ! C'est comme cette mode des hologrammes de chanteurs morts sur scène, quelle blague, putain. Et tous ces remakes, même si c'est pas nouveau, ça me désole. Il paraît qu'ils vont enfin sortir celui de L'Aube Rouge, dans lequel j'avais joué en 1984. Franchement, à quoi bon ?
Merci, Patrick.
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IMtheRookie22 août 2012 Voir la discussion...
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RaphaelClair22 août 2012 Voir la discussion...
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AlexHervaud22 août 2012 Voir la discussion...
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Brazilover28 août 2012 Voir la discussion...