Mads Mikkelsen : le mélange des genres
Mads Mikkelsen a peut-être pris ses aises à Hollywood, mais c'est bien dans un film français qu'il tient le haut de l'affiche cette semaine avec Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières. L'acteur danois prouve ainsi qu'il n'est jamais là où on l'attend. Portrait d'un virtuose du septième art.
© Les films du Losange
Si Mads Mikkelsen déchaîne les passions, ce n'est pas seulement pour son physique, mais aussi pour son talent. Si les grands cinéastes sont de plus en plus nombreux à le courtiser, l'acteur danois continue à suivre tout simplement ses envies. De blockbusters en films d'auteurs, de drames en comédies, Mads Mikkelsen joue au grand écart cinématographique. Et ça lui va bien.
Du méchant à l'amant
Que ceux qui disent Mads Mikkelsen abonné aux rôles de méchants y regardent à deux fois sa filmographie. Certes, les rôles violents sont presque devenus sa marque de fabrique. Son premier grand rôle cinématographique en trafiquant d'héroïne dans Pusher est passé d'autant inaperçu que la trilogie est sortie en France à un stade où l'acteur était déjà annoncé comme méchant du prochain 007. Nicolas Winding Refn aura d'ailleurs vite compris le potentiel de son nouveau poulain, et c'est tout naturellement qu'il lui proposera le rôle principal de Bleeder, avant d'enchaîner avec le deuxième volet de Pusher. La carrière de Mads Mikkelsen vient alors seulement de commencer, et pourtant, l'acteur danois est déjà catégorisé dans les rôles badass. Son talent comme sa musculature ont de quoi faire de la chose une évidence.
Pourtant, Mads Mikkelsen prendra un virage à 90° en tournant Open Hearts pour Susanne Bier en 2003. On le découvre soudainement dans un drame romantique sur fond d'adultère. A la violence, l'acteur danois laisse place à la douceur dans ce film estampillé Dogme95 où son personnage, médecin, en vient à entretenir une relation avec la femme d'un patient. Tout en émotion rentrée, l'acteur révèle soudain une palette de jeu plus large que celle qu'on lui prêtait jusqu'alors. Autre "grand écart" : après s'être traîné dans la boue en esclave dans Le Guerrier silencieux, il revêt froufrous et talons dans Royal Affair. Passer d'un genre à un autre, aller là où on ne l'attend pas, Mads Mikkelsen semble en faire sa règle d'or. Au point qu'on le retrouve même dans la comédie déjantée Torremolinos 73 de Pablo Berger, connu depuis pour avoir revisité le conte des frères Grimm avec Blancanieves.
Car ce que recherche Mads Mikkelsen avant tout, ce sont des rôles complexes, dont il a fait sa marque de fabrique, le gage de l'exigence de ses choix d'acteurs...
Une histoire d'aller-retour : du cinéma à la télévision
Quoi de mieux que de le prouver une fois de plus en faisant un saut du côté de la télévision ? L'éternel débat 'cinéma vs télévision' ne semble pas intéresser l'acteur danois. "Pire" : Mads Mikkelsen a beau avoir fait du cinéma son métier, certains de ses entretiens laissent entendre que le Septième Art n'est pas si important dans son quotidien dès lors qu'il sort des plateaux de tournage. L'acteur ne passe pas ses journées au cinéma ou devant la télévision, à scruter le jeu d'acteur de ses idoles. « Certaines personnes voient trop de films, ils ont trop de références. Ils se disent : « Ah on va faire ça parce que tel autre a fait ça ». Moi je leur réponds toujours : faisons ce qui est mieux. Je n'ai pas vu ce film, je m'en fous » explique-t-il ainsi au magazine SoFilm. Il était pourtant attendu au tournant en interprétant le fameux Hannibal dans la série du même nom de la NBC, reprenant le flambeau qu'avait laissé Anthony Hopkins. L'acteur n'est pas intéressé par ce que ses prédécesseurs ont bien pu tirer de ce personnage éponyme, et préfère concentrer son attention sur les serials killers. « J'ai honte de l'avouer, mais c'est un sujet que je connaissais particulièrement avant de tourner la série, car je trouve cela fascinant. Je suis également fasciné par les biographies de Staline, Hitler, Genghis Khan, ce genre de personnes » déclare-t-il dans une interview.
Hannibal © NBC
Néanmoins, Hannibal fera chou blanc à la prochaine cérémonie des Emmy Awards, la série n'ayant pas été nominée dans une seule catégorie. Certes, elle a été renouvelée pour une deuxième saison, malgré un score en chute : plus de 4 millions de spectateurs pour le premier épisode, moins de 2 millions pour le final. Hannibal tiendra t-elle donc une saison de plus ? Si cette dernière n'est pas la série de l'année et peut lasser facilement, le talent de Mads Mikkelsen est pourtant bel et bien au rendez-vous. Au fil des épisodes, l'acteur danois sait pousser toujours un cran plus haut la sadicité de son personnage. Grâce à lui, Hannibal attire comme il répugne.
Un physique hors norme
C'est sur cette dualité que la série Hannibal se repose. L'avenance du personnage du Dr Lecter, le charme de sa personnalité en font un personnage au pouvoir d'attraction imparable. La célèbre cuisine d'Hannibal est également le symbole de cette dualité attirance/dégoût. La force du jeu aidant, on se surprendrait presque à saliver devant les plats que ce cuisinier hors pair concocte à ses invités tout en éprouvant un certain dégoût à l'idée que la viande puisse être humaine.
C'est peut-être là un point de marqué dans la comparaison avec Anthony Hopkins : si les deux acteurs s'égalent de par leurs talents, Madds Mikkelsen a un physique avenant qui décuple le malaise qu'il peut susciter. Pris au piège comme ses proies, le spectateur ne peut demeurer insensible au charme de l'acteur. Au point qu'il est très vite devenue la coqueluche de Tumblr, fédérant une communauté de fans portant le nom de "Mad for Mads" (littéralement, "Fous de Mads"). Le charme nordique aura encore fait des siennes.
Mais pour cet ancien gymnaste / danseur, le physique a son importance et il n'hésite pas à en jouer, jonglant entre attirance et répugnance. Effrayant dans Casino Royale (dans le rôle du Chiffre), dieu vivant dans Michael Kohlhaas, l'acteur passe d'un extrême à l'autre avec dextérité et n'a pas peur de s'enlaidir. Arnaud des Pallières avoue cependant que le physique de l'acteur danois l'a rebuté. « Sarah Teper, directrice de casting, mentionne un jour le nom de Mads Mikkelsen. Sur Internet, je découvre le visage d'un homme? comment dire? j'ai d'abord dit non, ça ne me semble pas une bonne idée que Kohlhaas ait un visage si? comment dire? nous continuons donc à chercher. Mais c'est en voyant After The Wedding, où il joue le rôle d'un homme ordinaire que je suis convaincu ». Difficile pour le réalisateur de mettre des mots sur le physique atypique de l'acteur. Pourtant, à voir Mads Mikkelsen à l'écran dans la peau de Michael Kohlhaas, le choix a quelque chose d'une évidence. Cet ancien athlète était fait pour ce rôle, celui d'un marchand de chevaux qui, victime d'une injustice, décide de lever une armée pour rétablir son droit. En véritable demi-dieu, Michael Kohlhaas laisse libre cours à sa révolte et met le pays à feu et à sang. On ne s'étonne pas, au sortir du film, qu'Arnaud des Pallières évoque une statue grecque en parlant de l'acteur.
Acteur polyglotte
Une stature de grec pour un acteur danois, une qualification qui sied parfaitement à cet acteur polyglotte. Car s'il n'est pas rare de voir des acteurs tenter une carrière au pays d'Hollywood, il l'est beaucoup plus de les voir débarquer en terre française, surtout après avoir connu un tel succès international. Mads Mikkelsen ne semble pourtant pas être de cet avis. Après avoir enchaîné les succès danois et américains, l'acteur fait son entrée dans le cinéma français. Il fit ainsi ses premiers pas aux côtés d'Anna Mouglalis dans Coco Chanel & Igor Stravinsky de Jan Kounen. Pour les besoins du film, il apprit la langue et passa ses soirées à bachoter notre chère langue française pendant le tournage au lieu de courir les rues de Paris.
Quatre ans et un prix à Cannes plus tard, il fait son grand retour dans le cinéma français avec Michael Kohlhaas, présenté lors du dernier festival cannois. Danemark, Etats-Unis, France, mais aussi Espagne, chez Pablo Berger : Mads Mikkelsen n'a pas de limite et ne semble pas connaître de frontière. L'acteur ne compte pas se reposer sur ces lauriers malgré un Prix d'interprétation masculine lors du festival de Cannes 2012 pour La Chasse. « C'est bon pour les périodes de dépression. Quand rien ne marche... » déclare t-il dans une interview. La panne sèche ne sera pas pour tout de suite. L'acteur vient de terminer le tournage de son prochain film, Salvation, un western avec sa dose d'hémoglobine habituelle. Mads Mikkelsen a encore des kilomètres à ajouter à son compteur.
© Festival de Cannes 2012
le decouvrir dans une serie de 20001 si je ne me trompe pas . bonne serie mais surtout deja mikkelsen
sortait du lot